Philippe PILOTIN
-C’est un 20 septembre que l’été rend toujours l’âme
Et que l’automne nous prive ainsi de sa flamme.
Cette triste nouvelle jette instantanément un froid
Que le temps devient triste et maussade à la fois.
La période de deuil dure environ six mois.
Octobre fait grise mine et se demande pourquoi.
Le thermomètre affiche un moral proche de zéro
Et ne peut cacher son amertume sous un sombréro.
Les feuilles pour manifester toute leur compassion
Errent ça-et-là dans un interminable tourbillon
Sous l’effet d’un vent glacial venu loin d’ailleurs
Pour ne point rater l’heure du sermon salvateur.
Les champignons armés de parapluies multicolores
Composent en maître de l’art le tout nouveau décor
Virant tantôt au jaune tantôt au rouge via le marron
Attirant ainsi l’œil aguerri des ramasseurs en action.
Les six précieux numéros du cadran de l’horloge
Au grand dam du désespoir ne lui font aucun éloge.
En lieu et place de l’habituelle minute de silence,
Ils affichent une heure de moins en signe de doléances.
Le roi soleil n’arbore plus son éclatant sourire de délice
Et dame nature abasourdie se pare du teint de la jaunisse.
Dans ces moments de désolation, les arbres dépités
Perdent dans leur malheur leur belle tignasse d’été.
Du fond de la terre chamboulée, gelée et meurtrie
Montent inlassablement l’odeur de végétaux pourris
Mêlée à de visibles émanations de vapeur d’eau
Qui font penser à des fumeurs accrochés à leur mégot.
La crainte de perdre l’éclat de notre cher bronzage
Commence déjà à faire à notre moral de l’ombrage,
Nous rappelant ainsi la tristesse et le gris des nuages
Sans oublier les bruits assourdissants de l’orage.
Nous aimerions que l’été dure beaucoup plus longtemps
Et que la vie sans fin demeure un perpétuel printemps
Où nous verrions fleurir joie et bonheur à toute heure
Nous faisant espérer des lendemains meilleurs.
Si dans tous les esprits le grand rêve c’est le printemps,
Saison fétiche du renouveau, oh ! Combien important,
L’été reste tout de même le souhait d’une grande majorité
Et c’est sûrement lui qui aura encore notre priorité.
Philippe PILOTIN