347 606 habitants.
33 % de la population a plus de 60 ans.
La Martinique, région « française » la plus vieille…
On parle beaucoup de baisse démographique, de vieillissement de notre population. C’est vrai que c’est un problème important, mais, à mon avis, ce n’est peut-être pas le problème le plus inquiétant ou le plus urgent. On n’inverse pas comme cela une courbe démographique. Il fait parfois attendre plusieurs générations. La décision, pour un couple, d’avoir plusieurs enfants relève de facteurs multiples liés à la sociologie et à l’environnement. La distribution d’argent pour faire des enfants n’y changera pas grand-chose. Le départ des classes jeunes, en âge de procréer, à la recherche d’un emploi, sera encore une réalité vu le tissu économique de notre pays (une « économie de comptoir » : on fait entrer une marchandise que l’on redistribue) . La France aurait vu sa population diminuer depuis la fin du XIXe siècle, s’il n’y avait pas eu l’immigration, d’abord européenne venant du Nord (Belgique, Pologne), puis méditerranéenne, ensuite africaine, asiatique, d’Europe de l’Est et antillaise justement.
Plutôt que de vouloir faire rentrer à tout prix nos expatriés, dans un pays où ils bénéficieront d’une situation moins sécurisante en termes d’emploi, de rémunération, d’avantages sociaux et culturels, je pense qu’il faut faire avec ceux qui sont ici, et profiter de la chance que nous avons d’avoir une population moins nombreuse, moins dense sur le territoire, un territoire d’ailleurs en grande partie montagneux, escarpé, accidenté, grignoté inexorablement par la mer.
Profiter en construisant ou en rénovant des logements modernes, adaptés au réchauffement climatique, conformes aux normes parasismiques et anticycloniques, profiter en assurant des conditions de vie décentes et acceptables pour nos gran moun (logement, prise en charge médicale, offre culturelle et de loisirs…), profiter en réservant un travail à nos jeunes qui veulent rester au pays, en remplaçant nos futurs retraités par une population déjà sur place et diplômée. Nos enseignants qui réussissent au concours peuvent être titularisés dans leur pays. La fonction publique doit arrêter de ne remplacer qu’un départ à la retraite sur deux. Nous manquons d’enseignants, de médecins hospitaliers, de kinés, mais aussi de greffiers, de contrôleurs à la sécurité sociale, de travailleurs sociaux…
L’emploi, l’éducation, la formation, la santé, la politique de solidarité envers les personnes âgées, en cette veille de semaine bleue, l’environnement et le dérèglement climatique, sont des dossiers prioritaires. De la résolution de ces questions dépendra la remontée de notre courbe démographique.
Marie-Hélène LEOTIN
Conseillère à l’Assemblée de Martinique
Collectivité Territoriale de Martinique