Le « décolonialisme », une stratégie hégémonique : l’appel de 80 intellectuels… et sa critique

— Collectif —
Ils sont philosophes, historiens, professeurs… Ils dénoncent des mouvances qui, sous couvert de lutte pour l’émancipation, réactivent l’idée de « race ».

C’est au rythme de plusieurs événements universitaires et culturels par mois que se multiplient les initiatives militantes portées par le mouvement « décolonial » et ses relais associatifs (1). Ces différents groupes sont accueillis dans les plus prestigieux établissements universitaires (2), salles de spectacle et musées (3). Ainsi en est-il, par exemple, du séminaire « Genre, nation et laïcité » accueilli par la Maison des sciences de l’homme début octobre, dont la présentation regorge de références racialistes : « colonialité du genre », « féminisme blanc », « racisation », « pouvoir racial genré » (comprendre : le pouvoir exercé par les « Blancs », de manière systématiquement et volontairement préjudiciable aux individus qu’ils appellent « racisés »).

Or, tout en se présentant comme progressistes (antiracistes, décolonisateurs, féministes…), ces mouvances se livrent depuis plusieurs années à un détournement des combats pour l’émancipation individuelle et la liberté, au profit d’objectifs qui leur sont opposés et qui attaquent frontalement l’universalisme républicain : racialisme, différentialisme, ségrégationnisme (selon la couleur de la peau, le sexe, la pratique religieuse). Ils vont ainsi jusqu’à invoquer le féminisme pour légitimer le port du voile, la laïcité pour légitimer leurs revendications religieuses et l’universalisme pour légitimer le communautarisme. Enfin, ils dénoncent, contre toute évidence, le « racisme d’Etat » qui sévirait en France : un Etat auquel ils demandent en même temps – et dont d’ailleurs ils obtiennent – bienveillance et soutien financier par le biais de subventions publiques.

La stratégie des militants combattants « décoloniaux » et de leurs relais complaisants consiste à faire passer leur idéologie pour vérité scientifique et à discréditer leurs opposants en les taxant de racisme et d’islamophobie. D’où leur refus fréquent de tout débat contradictoire, et même sa diabolisation. D’où, également, l’utilisation de méthodes relevant d’un terrorisme intellectuel qui rappelle ce que le stalinisme avait naguère fait subir aux intellectuels européens les plus clairvoyants.

C’est ainsi qu’après les tentatives d’ostracisation d’historiens (Olivier Pétré-Grenouilleau, Virginie Chaillou-Atrous, Sylvain Gouguenheim, Georges Bensoussan), de philosophes (Marcel Gauchet, Pierre-André Taguieff), de politistes (Laurent Bouvet, Josepha Laroche), de sociologues (Nathalie Heinich, Stéphane Dorin), d’économistes (Jérôme Maucourant), de géographes et démographes (Michèle Tribalat, Christophe Guilluy), d’écrivains et essayistes (Kamel Daoud, Pascal Bruckner, Mohamed Louizi), ce sont à présent les spécialistes de littérature et de théâtre Alexandre Gefen et Isabelle Barbéris qui font l’objet de cabales visant à les discréditer. Dans le domaine culturel, l’acharnement se reporte sur des artistes parmi les plus reconnus pour les punir d’avoir tenu un discours universaliste critiquant le différentialisme et le racialisme.

La méthode est éprouvée : ces intellectuels « non conformes » sont mis sous surveillance par des ennemis du débat qui guettent le moindre prétexte pour les isoler et les discréditer. Leurs idées sont noyées dans des polémiques diffamatoires, des propos sont sortis de leur contexte, des cibles infamantes (association à l’extrême droite, « phobies » en tout genre) sont collées sur leur dos par voie de pétitions, parfois relayées dans les médias pour dresser leur procès en racisme… Parallèlement au harcèlement sur les réseaux sociaux, utilisés pour diffuser la calomnie, ces « anti-Lumières » encombrent de leurs vindictes les tribunaux de la République.

Nos institutions culturelles, universitaires, scientifiques (sans compter nos collèges et lycées, fortement touchés) sont désormais ciblées par des attaques qui, sous couvert de dénoncer les discriminations d’origine « coloniale », cherchent à miner les principes de liberté d’expression et d’universalité hérités des Lumières. Colloques, expositions, spectacles, films, livres « décoloniaux » réactivant l’idée de « race » ne cessent d’exploiter la culpabilité des uns et d’exacerber le ressentiment des autres, nourrissant les haines interethniques et les divisions. C’est dans cette perspective que s’inscrit la stratégie d’entrisme des militants décolonialistes dans l’enseignement supérieur (universités ; écoles supérieures du professorat et de l’éducation ; écoles nationales de journalisme) et dans la culture.

La situation est alarmante. Le pluralisme intellectuel que les chantres du « décolonialisme » cherchent à neutraliser est une condition essentielle au bon fonctionnement de notre démocratie. De surcroît, l’accueil de cette idéologie à l’université s’est fait au prix d’un renoncement à l’exigence pluriséculaire de qualité qui lui valait son prestige.

Nous appelons les autorités publiques, les responsables d’institutions culturelles, universitaires, scientifiques et de recherche, mais aussi la magistrature, au ressaisissement. Les critères élémentaires de scientificité doivent être respectés. Les débats doivent être contradictoires. Les autorités et les institutions dont ils sont responsables ne doivent plus être utilisées contre la République. Il leur appartient, à tous et à chacun, de faire en sorte que cesse définitivement le détournement indigne des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité qui fondent notre démocratie.

1. Par exemple : Parti des Indigènes de la République, Collectif contre l’islamophobie en France, Marche des femmes pour la dignité, Marches de la dignité, Camp décolonial, Conseil représentatif des associations noires, Conseil représentatif des Français d’outre-mer, Brigade antinégrophobie, Décoloniser les arts, Les Indivisibles (Rokhaya Diallo), Front de mères, collectif MWASI, collectif Non MiXte.s racisé.e.s, Boycott désinvestissement sanctions, Coordination contre le racisme et l’islamophobie, Mamans toutes égales, Cercle des enseignant.e.s laïques, Les Irrécupérables, Réseau classe/genre/race.

2. Par exemple : Collège de France, Institut d’études politiques, Ecole normale supérieure, CNRS, EHESS, université Paris-VIII Vincennes-Saint-Denis, université Paris-VII Diderot, université Panthéon-Sorbonne Paris-I, université Lumière-Lyon-II, université Toulouse-Jean-Jaurès.

3. Par exemple : Philharmonie de Paris, Musée du Louvre, Centre dramatique national de Rouen, Mémorial de l’abolition de l’esclavage, Philharmonie de Paris, musée du Louvre, musée national Eugène-Delacroix, scène nationale de l’Aquarium.

Les signataires

Waleed Al-Husseini, essayiste -Jean-Claude Allard, ancien directeur de recherche à l’Iris -Pierre Avril, professeur émérite de l’université Panthéon-Assas -Vida Azimi, directrice de recherche au CNRS – Elisabeth Badinter, philosophe -Clément Bénech, romancier -Michel Blay, historien et philosophe des sciences -Françoise Bonardel, philosophe -Stéphane Breton, ethnologue et cinéaste -Virgil Brill, photographe -Jean-Marie Brohm, sociologue – Marie-Laure Brossier, élue de Bagnolet- Sarah Cattan, journaliste -Philippe de Lara, philosophe -Maxime Decout, maître de conférences et essayiste -Bernard de La Villardière, journaliste -Jacques de Saint-Victor, professeur des universités et critique littéraire -Aurore Després, maître de conférences -Christophe de Voogd, historien et essayiste -Philippe d’Iribarne, directeur de recherche au CNRS -Arthur Dreyfus, écrivain, enseignant en cinéma -David Duquesne, infirmier -Zineb El Rhazaoui, journaliste -Patrice Franceschi, aventurier et écrivain -Jean-Louis Fabiani, sociologue -Alain Finkielkraut, philosophe et académicien -Renée Fregosi, philosophe et politologue -Jasmine Getz, universitaire -Jacques Gilbert, professeur des universités -Marc Goldschmit, philosophe -Philippe Gumplowicz, professeur des universités -Claude Habib, professeure des universités et essayiste -Noémie Halioua, journaliste -Marc Hersant, professeur des universités -Marie Ibn Arabi, professeure agrégée de philosophie -Pierre Jourde, écrivain -Gaston Kelman, écrivain -Alexandra Lavastine, philosophe -Françoise Lavocat, professeure de littérature comparée -Barbara Lefebvre, enseignante et essayiste -Jean-Pierre Le Goff, sociologue -Damien Le Guay, philosophe -Noëlle Lenoir, avocate au barreau de Paris -Anne-Marie Le Pourhiet, professeure de droit public -Laurent Loty, chercheur au CNRS -Catherine Louveau, professeure émérite -Yves Mamou, journaliste -Laurence Marchand-Taillade, présidente de forces laïques -Jean-Claude Michéa, philosophe -Isabelle Mity, professeure agrégée -Yves Michaud, philosophe -Franck Neveu, professeur des universités en linguistique -Pierre Nora, historien et académicien -Fabien Ollier, directeur des éditions QS ? -Mona Ozouf, historienne et philosophe -Patrick Pelloux, médecin – René Pommier, universitaire et essayiste -Céline Pina, essayiste -Monique Plaza, docteure en psychologie -Michaël Prazan, cinéaste, écrivain -Charles Ramond, professeur des universités et philosophe -Philippe Raynaud, professeur des universités et politologue – Dany Robert-Dufour, professeur des universités, philosophe -Robert Redeker, philosophe -Anne Richardot, maître de conférences des universités -Pierre Rigoulot, essayiste – Jean-Pierre Sakoun, président du Comité Laïcité République – Philippe San Marco, essayiste -Boualem Sansal, écrivain -Jean-Paul Sermain, professeur des universités en littérature française -Dominique Schnapper, politologue -Jean-Eric Schoettl, juriste -Patrick Sommier, homme de théâtre -Véronique Taquin, professeure et écrivaine -Jacques Tarnero, chercheur et essayiste -Carine Trévisan, professeure des universités en littérature -Michèle Tribalat, chercheuse démographe – Caroline Valentin, avocate et éditorialiste -André Versaille, écrivain et éditeur -Ibn Warraq, écrivain -Aude Weill Raynal, avocate -Yves Charles Zarka, professeur des universités en philosophie.

Source : LePoint.fr

 

*****
***
*

Les 80 intellectuels et le « décolonialisme »

6 DÉC. 2018 PAR CHARLES KABANGO BLOG : LE BLOG DE CHARLES
La pensée « décoloniale » m’exècre. Le « décolonialisme », une rêverie de petit bourgeois renfrogné, un ghetto intellectuel. Le « décolonialisme », une involution qui ne dit pas son nom. Cependant, la tribune signée par 80 intellectuels parue dans Le Point n’est pas une critique sérieuse et réelle du « décolonialisme ». Elle est une imposture totale.

Il y a deux manières de lire la tribune  des 80 intellectuels parue dans Le Point : soit on ne considère que le texte, le contenu, soit on va directement regarder la liste noire des signataires. Personnellement, j’ai lu le texte et la liste des signataires. J’ai même lu les titres honorifiques, académiques. Que de philosophes! Que d’agrégés! Que d’écrivains! Que de cerveaux! Pourquoi ruiner toute carrière en apposant sa signature au bas d’une telle tribune, serais-je tenter de demander à certains de ces illustres signataires? Qui vous a entraîné dans cette basse activité? A-t-on besoin de rassembler tant signatures philosophiques, juridiques, éditorialistes…. pour si « peu »?

Le « décolonialisme », une stratégie hégémonique : l’appel de 80 intellectuels, tel est le titre de la tribune. Evidemment grotesque! Passons au peigne fin l’appel de ces 80 consciences républicaines. Ils lancent:

C’est au rythme de plusieurs événements universitaires et culturels par mois que se multiplient les initiatives militantes portées par le mouvement « décolonial » et ses relais associatifs (1). Ces différents groupes sont accueillis dans les plus prestigieux établissements universitaires (2), salles de spectacle et musées (3). Ainsi en est-il, par exemple, du séminaire « Genre, nation et laïcité » accueilli par la Maison des sciences de l’homme début octobre, dont la présentation regorge de références racialistes : « colonialité du genre », « féminisme blanc », « racisation », « pouvoir racial genré » (comprendre : le pouvoir exercé par les « Blancs », de manière systématiquement et volontairement préjudiciable aux individus qu’ils appellent « racisés »).

D’abord, le mot « décolonial »,  disons qu’il n’a rien de négatif, d’agressif. Il est conforme au premier principe de la devise républicaine: la liberté. Le mouvement « décolonial » est donc, en principe, un mouvement de « liberté ou de libération ». Je dis en principe.  Que ce mouvement et « ses relais » puissent s’exprimer cela semble choquer les signataires. Ils s’étonnent qu’on puisse permettre à un mouvement de ce genre de s’exprimer dans les plus prestigieux établissements universitaires (2), salles de spectacle et musées. Les signataires ne sont pas dans la contradiction, la critique intellectuelle, le débat d’idées, mais dans la censure. L’anathème. Avant même d’avoir argumenté sur quoi que ce soit, ils laissent entendre que des « gens » qui se revendiquent d’un mot qui n’a rien d’obscurantiste,  ne devraient pas intervenir dans les beaux lieues de la République. Que la Maison des sciences de l’homme ait accueilli un séminaire sur « Genre, nation et laïcité » organisé par le mouvement « décolonial », où est le crime? Le thème est sans doute ronflant et assommant, mais voyons, il ne mérite pas que 80 vieux et vielles s’emportent. Les signataires ne discutent pas des thèses présentées et défendues lors de ce séminaire, ils s’attardent purement à la présentation du séminaire qui regorgerait des références racialistes. Des références liées à la race. Et alors? Cachez ces abominables mots que nous, 80 intellectuels,  ne saurions, ne voulions voir. La constitution de la République ayant aboli le mot race, toute référence à celle-ci serait interdite, anti-consttutionnelle, anti-intellectuelle? Les références incriminées: « colonialité du genre », « féminisme blanc », « racisation », « pouvoir racial genré »….n’offre aucune intelligibilité, aucune compréhension sur la posture des uns et des autres. Au lieu de démontrer à quel point le concept de « féminisme blanc » n’a aucune valeur, on s’effraie, on coupe court.  Ensuite, dans la République française, il y a quand même bien plus coupables, dangereux que ces niais « décolonialistes ». N’y a t-il pas des fascistes à l’Assemblée Nationale? N’y a t-il pas des fascistes hyper présents dans le paysage audiovisuel? N’a t-on pas volé au secours du pauvre Zemmour, qui, a t-on appris, serait victime d’une censure? La preuve, France 2 avait refusé de l’accueillir pour qu’il présente son merveilleux best-seller.  Où sont ces intellectuels, ces anti antiracistes, lorsqu’il s’agit de dénoncer  la haine des populations immigrées, la persécution des honnêtes gens qui bouffent halal et s’habillent en voile? Enfin, ces vingt dernières années, les problématiques « décoloniales  » n’ont guère  dominé l’espace public. Tant mieux! De quelle hégémonie parle t-on? Y – a t-il plus inaudibles que ces « déprimés »? Qui parmi ces « décoloniaslistes » animent sur France Culture ou Europe 1 une matinale « décoloniale »?

La tribune du point, il faut dire, est imbécile, mais pas que….

« Or, tout en se présentant comme progressistes (antiracistes, décolonisateurs, féministes…), ces mouvances se livrent depuis plusieurs années à un détournement des combats pour l’émancipation individuelle et la liberté, au profit d’objectifs qui leur sont opposés et qui attaquent frontalement l’universalisme républicain : racialisme, différentialisme, ségrégationnisme (selon la couleur de la peau, le sexe, la pratique religieuse). Ils vont ainsi jusqu’à invoquer le féminisme pour légitimer le port du voile, la laïcité pour légitimer leurs revendications religieuses et l’universalisme pour légitimer le communautarisme. Enfin, ils dénoncent, contre toute évidence, le « racisme d’Etat » qui sévirait en France : un Etat auquel ils demandent en même temps – et dont d’ailleurs ils obtiennent – bienveillance et soutien financier par le biais de subventions publiques. » se plaignent les 80 esprits.

Admettons. Antiracistes, décolonisateurs, féministes…détournent des combats pour l’émancipation INDIVIDUELLE et la LIBERTE, et attaquent frontalement l’universalisme républicain. Serait-ce un péché?

L’universalisme républicain c’est bel et bien une sotterie, une vue d’esprit. Que ces 80 intellectuels ne s’attaquent pas eux-mêmes à cet universalisme trompeur nous renseigne à juste titre sur ce qu’ils sont réellement. Ce n’est pas le mouvement « décolonial » qui a inventé les statistiques en matière d’accès au logement, à l’emploi, ce n’est pas lui qui a inventé le contrôle au faciès. C’est la République et ses valeurs.  La France républicaine a montré la voie à suivre. « Les décolonialistes » y vont à fond. Ce sont de nonchanlants républicains « décolonialistes », tout comme ces 80 intello sont de vulgaires républicains « colonialistes ».

Le différantialisme, le racialisme, le ségrégationnisme ne sont pas contraires à la République. Ils font la République. Se convaincre du contraire c’est se voiler la face. La République est éminemment discriminatoire. C’est son ADN. Et cette discrimination féroce, voilée, ancrée est en train de produire ces « êtres renfongrés »: les « décolonialistes ». Eux, en vérité, ne demandent qu’avoir une bonne place dans la République. Ils veulent être des « blancs » comme des autres… ou disons des « noirs » qui ne posent pas problème, puisqu’ils démontrent jour après jour, qu’ils sont, eux aussi, des individus doués de logos. Privilège énorme! Ce ne sont pas des révolutionnaires, mais des involutionnaires.

Le communautarisme n’est pas une spécificité de ces « décolonialistes ». Ceux-ci se sont construits, eux-mêmes, au regard de ce qu’ils ont vécu comme des formes de communautarisme…. « blanc ». Ils ont une pensée de pure réaction. Mais en France, visiblement, la dénonciation du communautarisme est à tête chercheuse. Ces 80 personnes ne sont pas très bien placés pour faire la leçon. Ils sont d’égal niveau que ceux qu’ils pourfendent.

« Enfin, ils dénoncent, contre toute évidence, le « racisme d’Etat » qui sévirait en France: un Etat auquel ils demandent en même temps – et dont d’ailleurs ils obtiennent – bienveillance et soutien financier par le biais de subventions publiques. »….Pauvres intellectuels! Ils sont si nombreux, et il n’y a même pas un pour rattraper l’autre.  Non seulement le « racisme d’Etat » existe, mais existe aussi un racisme intellectuel dont ces 80 énergumènes en sont la parfaite illustration. Contre tout évidence…laquelle? Les chiffres officiels nous disent 80 % des jeunes se disant noirs ou arabes ont été contrôlés lors des cinq dernières années. Le contrôle au faciès par les agents de l’Etat est une pratique banale. Une vielle étude de France Stratégie, organisme d’Etat, faisait état de ce que à caractéristiques égales, les hommes qui ne sont pas originaires du continent africain ont « un accès privilégié à l’emploi, notamment au CDI à temps plein et ils bénéficient de salaires plus « élevés« . Et pour les femmes, l’étude allait même jusqu’à préciser que le « surpoids » était un facteur de discrimination à l’embauche.On peut même se borner à des constatations encore plus triviales, et on verra que de milliers de citoyens sont travaillés durement par cet Etat-de-chose.

Que l’Etat accorde des subventions, voyons, ce n’est la preuve de rien. Ce même Etat « aide », subventionne également  l’Afrique, va t-on pour autant conclure qu’il n’y aucune relation  d’exploitation entre la France et certains pays africains?   Que devrait être l’attitude ce mouvement « décolonial »? Refuser toute subvention de l’Etat « bienveillant »? L’ouvrier perçoit bel et bien un salaire de son patron, ce n’est pas une raison suffisante pour que l’ouvrier se taise à jamais, cela ne veut pas dire que le patron n’exploite pas l’ouvrier. L’Etat, en subventionnant, n’est pas moins raciste. Et ce n’est pas parce qu’il ne subventionnerait pas tel mouvement, qu’on dira, hé bien, il est raciste.

Ce qui est sûr, redisons-le, ces 80 intellectuels incarnent le racisme intellectuel qui sévit aussi en France. La présence d’un Gaston Kelman dans les rangs ne change rien à l’affaire, bien au contraire. Cet indigent écrivain a démontré, plus d’une fois, qu’on ne pouvait  pas trouver meilleur nègre de service que lui en France. D’abord, en pondant un mièvre ouvrage Je suis Noir et je n’aime pas le Manioc, salué par tous les minables lecteurs, ensuite, en tant que collaborateur d’ Eric Besson au Ministère de l’immigration, de l’intégration, et de l’identité nationale. Ce Noir qui n’aime pas le manioc et en fait tout un plat avait écrit, non sans honte: « Que reproche-t-on à ce ministère qui, pour ma part, est le plus ambitieux que l’on ait jamais conçu en la matière ?… En liant immigration et identité nationale, le pouvoir reconnaît que l’immigration est constitutive de cette identité qu’elle doit enrichir, mais dont elle peut aussi menacer les fondements. Donc, vigilance ! Toute nation a une identité. »La République pourra toujours compter sur de telle recrue. Ces derniers venus qui voudraient fermer la porte et jeter la clé au lac. Ah Kelman! Le valeureux bourguignonais. Veuillez pardonner cet ouvrier malien qui parle si mal français, et préfère son maffé au boeuf bourguignon.

Poursuivons avec l’appel des 80.

« La stratégie des militants combattants « décoloniaux » et de leurs relais complaisants consiste à faire passer leur idéologie pour vérité scientifique et à discréditer leurs opposants en les taxant de racisme et d’islamophobie. D’où leur refus fréquent de tout débat contradictoire, et même sa diabolisation. D’où, également, l’utilisation de méthodes relevant d’un terrorisme intellectuel qui rappelle ce que le stalinisme avait naguère fait subir aux intellectuels européens les plus clairvoyants. »

Leur refus de tout débat contradictoire, dixit les 80 intellectuels qui procèdent à coup d’anathème. Incapables de démontrer, de prouver l’infertilité, la débilité d’une thèse avancée par le mouvement qu’ils accusent. Et comme toujours, avec ces intellectuels, on mêle Staline dans l’affaire. L’agresseur devient l’agressé.

« C’est ainsi qu’après les tentatives d’ostracisation d’historiens (Olivier Pétré-Grenouilleau, Virginie Chaillou-Atrous, Sylvain Gouguenheim, Georges Bensoussan), de philosophes (Marcel Gauchet, Pierre-André Taguieff), de politistes (Laurent Bouvet, Josepha Laroche), de sociologues (Nathalie Heinich, Stéphane Dorin), d’économistes (Jérôme Maucourant), de géographes et démographes (Michèle Tribalat, Christophe Guilluy), d’écrivains et essayistes (Kamel Daoud, Pascal Bruckner, Mohamed Louizi), ce sont à présent les spécialistes de littérature et de théâtre Alexandre Gefen et Isabelle Barbéris qui font l’objet de cabales visant à les discréditer. Dans le domaine culturel, l’acharnement se reporte sur des artistes parmi les plus reconnus pour les punir d’avoir tenu un discours universaliste critiquant le différentialisme et le racialisme. »

Ostraciser. Kamel Douad est ostracisé.  Georges Bensoussan est ostracisé. Marcel Gauchet ostracisé…..Pascal Bruckner ostracisé. Qu’est-ce qu’on fait? On pleure…?On va voir les patrons de radios et télévisions?…Les éditeurs…? Critiquer le différentialisme et le racialisme …proclamer les droits de l’homme…Et quoi donc? Hé bien moi je critique l’hypocrite discours universaliste qui n’a d’universelle que le nom.

Nos consciencieux continuent: «  La méthode est éprouvée : ces intellectuels « non conformes » sont mis sous surveillance par des ennemis du débat qui guettent le moindre prétexte pour les isoler et les discréditer. Leurs idées sont noyées dans des polémiques diffamatoires, des propos sont sortis de leur contexte, des cibles infamantes (association à l’extrême droite, « phobies » en tout genre) sont collées sur leur dos par voie de pétitions, parfois relayées dans les médias pour dresser leur procès en racisme… Parallèlement au harcèlement sur les réseaux sociaux, utilisés pour diffuser la calomnie, ces « anti-Lumières » encombrent de leurs vindictes les tribunaux de la République. »

Ils sont amusants les 80.« Mis sous surveillance« , rien que ça…. »ennemis du débat« , belle démonstration. 80 têtes arrivent à se reconnaître dans un texte aussi pauvre en attaque sérieuse, ne peuvent pas prétendre aimer le débat….Ce qu’ils aiment c’est le débat de diversion, le débat de divertissement, le débat qui nie à l’autre son droit d’exister, le débat expulsion national, le débat je-suis-français-pas-toi. « Ces « anti-Lumières » encombrent de leurs vindictes les tribunaux de la République. »…..Les 80 protecteurs de la République. Les tribunaux ont mieux affaire: la délinquance dans les banlieues, la distinction nette et précise entre « gilets jaunes » et casseurs du 9.3.

Finkielkraut, l’ami des cochons, est signataire  de la tribune. Il ne pouvait  ne pas être de la partie. Ses copains, copines et lui ajoutent:  » Nos institutions culturelles, universitaires, scientifiques (sans compter nos collèges et lycées, fortement touchés) sont désormais ciblées par des attaques qui, sous couvert de dénoncer les discriminations d’origine « coloniale », cherchent à miner les principes de liberté d’expression et d’universalité hérités des Lumières. »  Peut-on nier qu’il y a une discrimination ? Que pensent les 80 professeurs de la nouvelle mesure gouvernementale visant à sur-augmenter les frais des étudiants extra-européens?  De quelles Lumières, universalité se réclament ces racistes éhontés? On a pas besoin d’aller chercher dans le mouvement « décolonial » pour constater  que les principes de liberté d’expression, d’universalité hérités des Lumières sont minés par la République, par les républicains, toutes tendances confondues.

« La situation est alarmante. Le pluralisme intellectuel que les chantres du « décolonialisme » cherchent à neutraliser est une condition essentielle au bon fonctionnement de notre démocratie. De surcroît, l’accueil de cette idéologie à l’université s’est fait au prix d’un renoncement à l’exigence pluriséculaire de qualité qui lui valait son prestige. » S’alarment les Éclairés de la République.

Oui, la situation est alarmante, 80 intellectuels ont perdu le Nord. Ils sont dans l’incompréhension totale. Le mensonge. La fabrication de la réalité. Le pluralisme intellectuel? Il faudra demander les comptes aux 9 milliardaires qui contrôlent la presque totalité des médias. Pluralisme intellectuelle? Faudra demander les comptes à ceux qui prêchent chaque matin la bonne parole dans les radios. Le travestissement de la réalité est chez nos 80 rigolos, l’argument favori. Quant au bon fonctionne de leur démocratie, les « gilets jaunes » sont là pour leur dire véritablement ce qu’il en est.

Pour conclure, ces amis du débat font appel aux AUTORITES….non, non, non, à la guerre comme à la guerre. Ils ne font pas appel aux arguments, à la force de leurs idées….ils concluent en disant: « Nous appelons les autorités publiques, les responsables d’institutions culturelles, universitaires, scientifiques et de recherche, mais aussi la magistrature, au ressaisissement. Les critères élémentaires de scientificité doivent être respectés. Les débats doivent être contradictoires. Les autorités et les institutions dont ils sont responsables ne doivent plus être utilisées contre la République. Il leur appartient, à tous et à chacun, de faire en sorte que cesse définitivement le détournement indigne des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité qui fondent notre démocratie ». Bouillie pour chats! La République détourne elle même ses propres valeurs mieux que quiconque.

Honte à ces 80 signataires. Honte à eux! Leur texte relève de l’autorité coloniale.

Je l’ai dit, « le décolonialisme », ne vaut pas grand chose à mes yeux. Je comprends sa logique, mais je ne partage ni son fond, ni ses objectifs qui, oui, ne relèvent guère de l’émancipation, mais d’une autre forme d’identitarisme insignifiant. Il s’agit de néo-racialistes assez obscurs quant à leur conception de la société, de l’avenir. Ce billet n’étant pas consacré au « décolonialisme », on me pardonnera de n’avoir pas dit grand chose là-dessus, sinon quelques formules assez faciles. Pour autant, ce mouvement reste le véritable symptôme de cette République. On ne saurait critique les « décolonialistes », sans mener une critique radicale de La République, de l’Etat.

L’attaque des 80 signataires ne relève pas d’une critique objective, réelle du « décolonialisme ». Ce n’est pas un texte critique. C’est un texte autoritaire (80 intellos), propagandiste (la République), liberticide(les autorités doivent agir), aveugle (la réalité de celui d’en face n’existe pas), partiale. Ces 80 têtes profèrent des principes en l’air. Ils font abstraction, et du passé, et du présent….

J’accuse ces 80 intellectuels d’une des plus grave accusation: HYPOCRISIE …..Mais je constate que l’accusation est assez faible, alors de TERREUR?

Lire aussi Décoloniser les arts : En d’autres termes nous avançons