— Le n° 307 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —
La Simenn Matinik Doubout se déroulera du 22 au 28 octobre, mais les mois qui précédent font déjà partie de la mobilisation, autant qu’ils permettent d’en assurer un réel succès.
La conférence de presse du 28 juin n’a attiré qu’une partie des médias et aucune télévision. C’est malgré tout un succès grâce à RCI, France-Antilles, Antilla, mais aussi aux nouvelles participations individuelles au–delà de la trentaine d’organisations.
Commencée par la rencontre avec le Conseil Municipal de Fort-de-France, la tournée des villes se poursuit. Au Prêcheur, une première intervention de Simenn Matinik Doubout avait eu lieu lors du séminaire des organisations de Cluny sur l’écologie décoloniale. Dans la foulée, ce vendredi 7 juillet, c’est le conseil municipal de la ville qui faisait un bon accueil à Simenn Matinik Doubout.
Auparavant, ce fut un long entretien avec le maire du Saint-Esprit.
Ce lundi 10, c’est au tour du conseil municipal des Trois-Ilets de recevoir SMD. Les choses se mettent en place pour le Marin, le Lorrain, Basse-Pointe. Le principe est déjà acquis pour plusieurs autres communes.
Une nouvelle réunion plénière se tiendra mercredi 12, à 18h, à la maison des syndicats, et il est acquis, qu’en plus des organisations, les personnes qui veulent la rejoindre à titre individuel, sont les bienvenues. Nou pati !
LE CIOM, LE GPMLM, LE CHLORDÉCONE, LE PEUPLE…
Le Comité Interministériel des Outremers (CIOM), est une nouvelle fois renvoyé. Bien malin celui ou celle qui pourrait dire à quand. Il est vrai que la chef d’orchestre en la matière, la première ministre, a en ce moment d’autres chats à fouetter.
Et bien sûr, la perspective d’une privatisation du Grand Port Maritime de La Martinique (GPMLM) n’aurait logiquement rien pour déplaire au président de la CCIM, ancien patron du Médef local. Celui-ci rappelle quand même, avec un certain réalisme et une modestie contrainte, que le port est un organisme public non destiné à privatisation. Encore que… D’ailleurs, à quoi bon privatiser ? Le patronat n’est-t’il pas passé maître dans l’art de gérer, avec ses stratégies propres, les affaires de l’État ? Il le fait couramment sous les habillages les plus anodins : « délégation de service public » ou « partenariat public–privé », des artifices toujours au bénéfice des intérêts privés !
Nous, qui ne sommes pas aveuglés par les échauffements politiciens à forts relents électoralistes, ne perdons pas nos boussoles. Nous préférons avoir à régler nos divergences sur la gestion de port avec un élu, dont le pouvoir est issu d’un vote populaire, plutôt qu’avec un responsable de chambre consulaire dépendant uniquement de la volonté de ses pairs.
Mais sans vouloir fâcher personne, qu’on nous permette de dire que l’essentiel est ailleurs. Quelle est en effet la latitude de l’exploitant local d’un grand port maritime appartenant à l’État ?
Par ailleurs, même si les produits de fonctionnement permettent le financement de l’activité portuaire, le vrai pouvoir n’est-t’il pas dans la compagnie qui a le monopole de tout le port maritime, et de plus une place de second actionnaire d’Air France ? Qui fait réellement la loi en matière de politique portuaire, si ce n’est la multinationale CMA-CGM qui fixe les prix, décide de la taille des bateaux, des investissements lourds, de la nature des infrastructures portuaires ? Qui décide finalement de ce qui s’importe ou s’exporte par mer, entre notre pays et l’extérieur si ce n’est « le Marché », c’est-à-dire le multimilliardaire Rodolphe Saadé ?
Nous ne sachions pas que ni le président du GPLM, Philippe Jock, ni le président de l’exécutif local, Serge Letchimy, aient pris position plus pour le contrôle public martiniquais du commerce extérieur. Ni non plus pour la nationalisation de la CMA-CGM ; ni même pour une Centrale Publique d’achat à l’échelle de la Martinique ! Or, seul ce type de mesures permettrait de transformer la collectivité martiniquaise en acteur doté d’une capacité de peser sur une quelconque « politique de développement ».
Il est clair que de telles orientations ne sauraient découler d’une discussion feutrée entre gens bien habillés, tirés à quatre épingles, autour d’un tapis vert, sur un parquet ciré, devant une belle banderole gravée CIOM en lettres d’or !
Puisqu’on ne peut attendre de cet État, une orientation sociale et réellement écologiste, ces orientations ne peuvent découler que d’un rapport de force établi par la mobilisation populaire, dans la rue et sur les lieux de travail ! Comme tout pouvoir capitaliste, le Pouvoir colonial ne cède que quand il ressent la crainte de tout perdre, face à un peuple debout !
Toute notre histoire le démontre. En 1848, c’est la peur de perdre la colonie qui a accéléré l’abolition. La même peur a joué dans la tête de l’amiral Robert face au soulèvement militaire et populaire. La même peur a fait accepter en catastrophe en 1946, la vieille revendication assimilationiste, a aussi fait prendre une série de mesures économiques et sociales après les émeutes de décembre 59
Au moment, où l’on parle d’un nouveau « contrat social » entre la Métropole rebaptisée Hexagone et ses colonies, où se prépare une nouvelle phase de la lutte contre l’impunité et pour la réparation des crimes chlordécone, il est urgent de sortir de l’infantilisme politique, et de se remémorer ces leçons de notre histoire et plus généralement de toute l’histoire de tous les peuples du monde : seules les mesures structurelles permettent de changer les choses au fond, et seule la lutte des masses permet de les imposer dans un rapport de forces favorable.