— Par Jean-Marie Nol, économiste —
Avec la pandémie du coronavirus, nous sommes confrontés à une crise mondiale. Tout est arrêté, partout en même temps. En quelques semaines, le coronavirus et le confinement de millions de personnes qu’il a entraîné ont presque anéanti l’économie mondiale, au point que les économistes s’attendent à la récession la plus violente de l’histoire moderne, peut-être pire que pendant la Grande Dépression de 1929 . Avec cette crise du coronavirus, il s’agit du troisième et du plus grand choc économique, financier et social du XXIe siècle et il exige que l’on doit changer quelque chose de notre modèle économique et social actuel , c’est maintenant qu’il faut penser aux efforts qu’il faudra faire demain pour redresser autant que faire se peut une économie déjà passablement sinistrée !
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Comme beaucoup d’autres régions, la Guadeloupe et la Martinique se battent pour échapper au naufrage de leur économie . Le tourisme, qui représente 8 % du PIB, est anéanti. Hôtels vides, restaurants fermés, locations estivales annulées: tout espoir de rebond est reporté aux calandres grecques . L’ aéroport est en voie d’être fermé et le secteur aérien et maritime régional est à genoux. Le secteur du spectacle, y compris les productions d’artistes locaux , et le sport ont mis la clé sous la porte. La Guadeloupe et la Martinique confinées encaissent en silence une crise sans précédent… Alors que reste-t-il sinon le modèle social français, mais se pose la question de savoir pour combien de temps encore ?…
L’économie Antillaise va souffrir « pour des années » et il est « irréaliste de penser » qu’elle va rebondir rapidement, avertit un responsable économique qui au surplus enfonce le clou en déclarant que les mentalités vont devoir évoluer et que le comportement changer aux Antilles parce que les gens auront moins d’argent avec la remise en cause probable des acquis sociaux . L’épidémie de coronavirus fait planer beaucoup d’incertitudes sur l’évolution des prix, entre risques de dépression économique et de déflation si la demande s’écroule durablement, mais avec certaines pressions inflationnistes , si l’on assiste à des pénuries, etc. Préparons-nous à une contraction générale de l’activité économique. En effet nous allons tout droit vers un scénario noir pour l’économie de la Guadeloupe et la Martinique : l’économie tourne seulement à 10% avec un secteur productif à la peine – en particulier le secteur du bâtiment – et une économie de services largement à l’arrêt. L’absence de moteurs économiques, comme celui du tourisme ou d’une grande partie des services marchands, qui représentent plus des trois quarts du PIB de la Guadeloupe et de la Martinique , entraîne une perte d’activités d’environ 85%. Malgré les promesses de soutien de l’État, l’économie de la Guadeloupe et de la Martinique n’en sortira donc pas indemne et le retour à la normale ne se fera pas à court terme. À plus ou moins brève échéance, nous allons assister à des dépôts de bilan de par de nombreux secteurs d’activité . À un moment ou un autre l’État devra renflouer les entreprises et même les collectivités locales devront faire de même pour leurs cantines et leurs centres d’action sociale . Quant aux sociétés privées, l’État devra arbitrer entre les aider jusqu’à une éventuelle reprise , ou les laisser déposer le bilan avec tous les effets collatéraux imaginables.
Parallèlement, de nombreux secteurs sont sinistrés : le secteur touristique, l’hôtellerie, les restaurants, les guides touristiques , les cinémas, le monde du spectacle, les parcs , les zoos … Les agriculteurs sont également en souffrance. Les produits conditionnés l’emportent sur les produits frais
Pour comprendre la généralisation de la crise à toute l’économie de la Guadeloupe et la Martinique , il suffit de prendre l’exemple des commerces fermés. Si le commerçant ne paie pas son loyer, le bailleur pourrait-il ne pas rembourser le prêt qui lui a permis d’acquérir le bien loué ? Qu’en sera-t-il des primes d’assurances ? Qu’en sera-t-il des échéances bancaires ? Qu’en sera-t-il de la bulle immobilière latente qui risque d’exploser ? Progressivement, d’opérateur économique en agent économique, les impayés vont se propager, et le circuit économique risque d’être complétement bloqué, tant qu’une reprise de l’activité n’apparait pas.
Bref si l’épisode d’épidémie dure , alors il faut s’attendre à ce qu’il cause des dégâts irrémédiables à l’économie. Si elle se prolonge, des choses se casseront, des entreprises feront faillite, et le redémarrage serait beaucoup plus lent. Un cycle de faillites affecterait inévitablement l’emploi et donc la consommation, moteur indispensable à toute reprise de l’économie Antillaise .
De nombreuses petites et moyennes entreprises vont faire faillite, de nombreux épargnants ou possédants vont s’appauvrir… C’est là exactement la situation que nous avons analysé dans nos différents articles…. En ce qui me concerne, j’avais prévu le choc économique et social à venir, donc par voie de conséquence j’ai toujours estimé qu’on allait se diriger vers un nouveau modèle économique et social. L’Etat va agir pour limiter les dégâts, mais c’est au risque de provoquer, dans un second temps, une crise budgétaire qui influera sur la capacité financière des collectivités locales. C’est à l’état de jouer maintenant et c’est la mort annoncée de la décentralisation et ne parlons même pas de l’autonomie prônée par des élus qui aura droit à un enterrement de première classe…. En fait, la crise sanitaire puis économique et sociale risque également de provoquer une crise politique. Ce qui est clair aujourd’hui c’est que les guadeloupéens et Martiniquais voire plus généralement les Français ne font pas confiance au président de la République et au Premier ministre pour affronter efficacement les principaux problèmes qui se posent au pays avec cette crise du coronavirus. Macron est critiqué avec virulence de toute part pour son action politique. Je suis très loin d’être Macroniste mais m’inquiète de ce climat de défiance qui mine notre démocratie. Tout le monde quasiment critique à tort et à travers le président et son gouvernement lui reprochant tout et n’importe quoi. Chacun s’érige en expert et annonce doctement prétendre avoir les solutions même quand ces dernières relèvent de la pure utopie voire de la crasse ignorance . Mais il y a 70 % d’une sourde opposition hétérogène qui rejette Macron quoi qu’il fasse . C’est là une profonde inquiétude pour l’avenir de la Guadeloupe, la Martinique et de la France car dans le même temps l’écart se resserre entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, en cas de duel au deuxième tour de la prochaine élection présidentielle, la présidente du Rassemblement national voit aussi sa cote progresser dans le cœur des Français. C’est en tout cas ce qu’indique un dernier sondage ipsos , qui la place en pôle position avec 46% de « bonnes opinions », soit une hausse de dix huit points par rapport à la dernière estimation. Et d’après Cambadelis l’ancien premier secrétaire du parti socialiste, Marine Le Pen va battre Macron. L’effet combiné du bloc compact lepéniste et l’émiettement en face rongée par une hostilité réciproque. Ceci donne une chance réelle à la patronne de l’extrême-droite, d’autant plus qu’à la rhétorique du barrage au populisme s’opposera celle du barrage à Macron. Et le dégagisme qui s’est exercé contre les partis traditionnels, s’exercera contre le sortant Macron…. Tout est dit, alors que ceux qui persistent dans leur schizophrénie prenne garde car à vouloir trop avoir raison sur l’adversité, l’on perd tout. Ne jouons pas avec le feu, car à la réalité ça va nous péter à la figure au sens propre comme au sens figuré. Merci de votre compréhension. …. A pa jwèt ka touné, sé van. Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent. Il ne faut pas se fier aux apparences. A pa lè ou fen pou mété manjé si difé…
Jean marie Nol économiste