Ce congé, peu connu, indemnisé à hauteur de 399 euros par mois, souffre également d’un biais de genre.
Moins de 1% des pères prennent un congé parental à temps plein après la naissance de leur enfant, alors qu’une réforme en vigueur depuis 2015 ambitionnait de porter ce taux à 25%, selon une étude publiée ce mercredi. Ses auteurs suggèrent d’augmenter l’indemnisation du dispositif et de lutter contre un «effet de genre».
Le taux de recours des pères au congé parental «n’a presque pas augmenté» avec cette réforme, passant de 0,5% à 0,8% pour un congé à plein temps – contre près de 14% pour les mères, constatent les auteurs de cette étude réalisée par l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE, dépendant de Sciences Po Paris).
La faute à l’indemnisation?
Et le congé à temps partiel – pour les salariés qui continuent à travailler mais réduisent leur temps de travail – ne séduit que 0,9% des pères d’un enfant (13,2% des mères) et 1,8% des pères de deux enfants ou plus.
Depuis début 2015, le congé parental ne dure plus trois ans, mais deux (pour les familles ayant au moins deux enfants), sauf si les parents se le partagent: par exemple la mère peut s’arrêter de travailler deux ans, et le père prendre le relais la troisième année. Ce que l’écrasante majorité des pères ne fait donc pas. Selon les auteurs, cet échec est largement imputable au faible montant de l’indemnisation proposée, soit 399 euros par mois pour un congé à temps plein, quelle que soit la rémunération antérieure.
Toutefois cet aspect n’explique pas tout, car même les pères qui travaillaient déjà à temps partiel avant la naissance de leur enfant, et qui n’auraient donc rien à perdre à demander un congé partiel – ce qui leur donnerait droit à une indemnité de 149 à 258 euros par mois en complément de leur revenu habituel – y recourent peu : seuls 30 % des pères dans cette situation demandent l’indemnité, contre 75 % des mères dans la même situation.
«Une affaire de femme»
Ce constat suggère « un effet genré du congé parental », a expliqué à l’AFP Hélène Périvier, l’une des deux auteurs de l’étude – avec Grégory Verdugo. Peut-être certains pères connaissent-ils mal leurs droits, ou d’autres estiment-ils que ce congé «est une affaire de femme», ou bien ils sont «dissuadés» parce qu’ils constatent que leurs collègues masculins n’y recourent pas, supposent les auteurs.
Pour parvenir à davantage de parité, l’étude préconise une «réforme plus ambitieuse», qui passerait par «une indemnisation calculée en proportion du salaire passé», comme en Scandinavie ou en Allemagne. «Mais cela ne suffira probablement pas», estiment les auteurs, qui suggèrent une «campagne d’information et de sensibilisation» pour «réduire le biais de genre qui affecte ce dispositif». Le gouvernement mène actuellement une «réflexion» sur une éventuelle réforme du congé parental, a indiqué à l’AFP le cabinet du secrétaire d’Etat chargé de l’Enfance et des Familles Adrien Taquet.