Le Chef de l’État s’en remet à la «responsabilité individuelle» de chacun, alors que les critiques sur un possible confinement à rallonge pour les plus de 65 ans se multiplient.
— Par Agnès Leclair —
La pression était devenue trop forte. Face à la montée en puissance de la polémique sur le maintien du confinement pour les plus de 65 ans après le 11 mai, Emmanuel Macron a décidé d’éteindre rapidement l’incendie. L’annonce est tombée vendredi, en début de soirée, directement de l’Elysée. Sans attendre la conférence de presse du premier ministre, prévue dimanche. Le président de la République «ne souhaite pas de discrimination» des personnes âgées dans le cadre du déconfinement progressif après le 11 mai et «en appellera à la responsabilité individuelle» de chacun, a précisé l’Elysée vendredi soir.
Cette mise au point est intervenue alors que «les déclarations du professeur Jean-François Delfraissy» avaient enflammées le débat. Mercredi, devant le Sénat, le président du Conseil scientifique sur le Covid-19, avait indiqué d’un ton affirmatif que 18 millions de personnes, les plus à risque de développer une forme grave du coronavirus, dont les «personnes d’un certain âge, au-dessus de 65 ou de 70 ans», resteraient confinées après le 11 mai. Pour «ces 18 millions de personnes, ce n’est pas un scoop, on continuera le confinement, a répondu l’immunologiste. Pour combien de temps? Je ne sais pas, en attendant qu’on trouve peut-être un médicament préventif».
La semaine dernière déjà, une déclaration de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dans le journal allemand Bild, sur un confinement des seniors jusqu’à Noël, avait échauffé les esprits. Emmanuel Macron, dans son allocution de lundi soir, avait également évoqué un confinement plus long pour les «personnes les plus vulnérables» et les «personnes âgées», sans préciser le caractère contraignant ou non de cette mesure.
Nombre de retraités, qui se sentent déjà mal aimés d’une politique gouvernementale tournée vers les actifs, imaginaient déjà le pire.
L’évocation d’une assignation à domicile prolongée pour les aînés avait beau être floue, elle a suscité une levée de boucliers chez les plus de 65 ans, nombreux à se dire aussi vaillants que leurs cadets. La colère des retraités, agacés de se sentir «infantilisés» ou «discriminés», étaient en train de monter. Se sentant déjà mal aimés d’une politique gouvernementale tournée vers les actifs, les seniors imaginaient déjà le pire. Allait-on leur distribuer des amendes après vérification de leur date de naissance sur leurs papiers d’identité? Très engagés dans les associations caritatives, au premier plan dans les mairies, indispensables pour la garde des petits-enfants, ils déploraient aussi de voir leur utilité sociale niée.
«Solitude sans espoir»
Dans la soirée de jeudi, l’Académie de médecine a pris position avec force contre un déconfinement par tranche d’âge. «La tentation simplificatrice consistant à gérer cet épisode par tranches d’âge et à imposer aux personnes âgées, au nom de leur propre protection, de rester confinées n’est pas satisfaisante», juge l’institution. L’Académie dénonce un «amalgame» entre personnes âgées, personnes en situation de handicap ou affectées par des maladies chroniques. «Vaut-il mieux prendre un risque contrôlé en respectant les gestes barrières pour vivre avec les autres, ou s’étioler dans une solitude sans espoir? Un tel choix appartient à chacun», insiste l’institution selon qui «vieillir en bonne santé» implique de pouvoir poursuivre ses activités….
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