Le jeune réalisateur Youssef Chebbi a remporté l’Étalon d’or de Yennenga pour son film Ashkal [À Tropiques-Atrium à partir du 09/03/23]. Saluant une « rigueur extrême » et un « travail qui sort de l’ordinaire », la présidente du jury, la Tunisienne Dora Bouchoucha, a précisé que l’Etalon d’or avait été remis à Youssef Chebbi à l’unanimité. Dans ce polar qui se déroule dans les Jardins de Carthage à Tunis, un quartier abandonné après la chute du président Ben Ali en 2011, deux policiers mènent une enquête sur de mystérieuses immolations. « C’est une intrigue policière, mais en fait ça parle du peuple tunisien », a expliqué Dora Bouchoucha.
Sélectionné à la quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes en France, Ashkal a également remporté l’Antigone d’or, la plus haute récompense du Festival du cinéma méditerranéen de Montpellier (sud-est de la France) en 2022.
Le réalisateur tunisien devance deux femmes, la Burkinabè Apolline Traoré pour Sira qui reçoit l’Étalon d’argent, et la Kényane Angela Wamai pour Shimoni, récompensée de l’Étalon de bronze. Depuis sa création en 1969, aucune femme n’a remporté la récompense suprême de ce grand festival africain du cinéma. Quinze fictions briguaient la récompense suprême avec à la clé un prix d’une valeur de 20 millions de francs CFA (environ 30 000 euros).
Succès des films tunisiens
L’interprétation masculine et féminine reviennent à l’ensemble des acteurs et des actrices de Sous les Figues, [À Tropiques-Atrium à partir du 09/03/23]de la réalisatrice tunisienne Erige Sehiri. La Tunisie triomphe donc dans ce festival du cinéma africain, à l’heure où des centaines de ressortissants d’Afrique subsaharienne fuient le pays en raison d’agressions et de manifestations d’hostilité faisant suite à une violente charge du président Kaïs Saïed contre les migrants en situation irrégulière.
Cette 28e édition du festival s’est tenue dans un contexte sécuritaire très lourd au Burkina, secoué par la violence jihadiste depuis plusieurs années. Des dispositifs de sécurité, portiques, fouilles, militaires et policiers armés, ont été mis en place devant les différents lieux du festival qui ont accueilli 20 000 invités, selon l’organisation. En dépit de ce contexte, des projections ont eu lieu auprès de personnes déplacées en raison des attaques jihadistes, à Kaya et à Dédougou.
La prochaine édition du Fespaco est prévue pour se tenir du 22 février au 1er mars 2025.
Palmarès complet du Fespaco
Étalon d’or de Yennenga
Ashkal de Youssef Chebbi (Tunisie)
Étalon d’argent
Sira d’Apolline Traoré (Burkina Faso)
Étalon de bronze
Shimoni d’Angela Wamai (Kenya)
Prix d’interprétation masculine
Ensemble des acteurs de Sous les figues d’Erige Sehiri (Tunisie)
Prix d’interprétation féminine
Ensemble des actrices de Sous les figues d’Erige Sehiri (Tunisie)
Meilleur décor
Mami Wata de Fiery Obasi (Nigeria)
Meilleur montage
Abu Saddam de Nadine Khan (Egypte)
Meilleur scénario
Le bleu du caftan de Maryam Touzani (Maroc)
Prix de l’image
Mami Wata de Fiery Obasi (Nigeria)
Prix du son
Ashkal de Youssef Chebbi (Tunisie)
Meilleure musique
Our lady of the Chinese shop d’Ery Claver (Angola)
Mention spéciale du jury
Regarde les étoiles de David Constantin (Maurice)
Poulain d’or fiction court-métrage
Will my parents come to see me, de Mo Harawe (Somalie)
Poulain d’argent fiction court-métrage
A doll d’Andriaminosa Hary et Joel Rakotovelo (Madagascar)
Poulain de bronze fiction court-métrage
Tsutsue d’Amartei Armar (Ghana)
Étalon d’or documentaire long-métrage
Omi Nobu/L’Homme nouveau de Carlos Yuri Ceuninck (Cap-Vert)
Étalon d’argent documentaire long-métrage
Nous, étudiants de Rafiki Fariala (Centrafrique)
Étalon de bronze documentaire long-métrage
Gardien des mondes de Leïla Chaïbi (Algérie)
Poulain d’or documentaire court-métrage
Angle mort de Lofti Achour (Tunisie)
Poulain d’argent documentaire court-métrage
Katanga nation de Beza Hailu Lemma (Éthiopie)
Poulain de bronze documentaire court-métrage
Kelasi de Fransix Tenda Lomba (RDC)
Mention spéciale du jury
L’envoyée de Dieu d’Amina Mamani (Niger) et Cuba en Afrique de Negash Abdurahman (Ethiopie)
Prix Paul Robeson au long-métrage documentaire
Le spectre de Boko Haram de Cyrielle Raingou (Cameroun)
Meilleur film burkinabè
Laabli l’insaisissable, de Luc Youlouka Damiba
Meilleur espoir burkinabè
Le botaniste, de Floriane Zoundi
Révélation du cinéma burkinabè
Malla, aussi loin que dure la nuit, de Dramane Ouédraogo
Source : Rfi