Le cinéma iranien, un « bulldozer puissant »

 

 — Par Clarisse Fabre —

bulldozerHuit ans de règne de Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013). Huit longues années durant lesquelles la chronique du cinéma iranien aura été nourrie tant par la critique des films, que par le récit des pressions, arrestations et condamnations subies par les réalisateurs. Dans ce pays où les artistes ont coutume de dire « cela ne peut pas être pire qu’avant », chacun se garde de tirer des conclusions hâtives, au lendemain de l’élection d’Hassan Rohani, le 14 juin.

Organisé en écho à cette séquence électorale, le premier festival du cinéma iranien à Paris, Cinéma(s) d’Iran, qui a lieu jusqu’au 2 juillet, au Nouvel Odéon, a scellé sa programmation sous le signe de la politique et de l’esthétique, auscultant les blessures du pays. Le festival est organisé par le cinéaste Nader T. Homayoun, auteur de Iran, une révolution cinématographique (2006), et par Bamchade Pourvali, spécialiste du cinéma iranien, et cofondateur de l’association Le Chat Persan, avec Elsa Nadjm.

Des films primés dans les festivals internationaux et des documentaires sur les révolutions iraniennes sont mis à l’honneur, ainsi que trois films de jeunes réalisateurs, inédits en France : Taboor (2012), film d’anticipation de Vahid Vakilifar, Parviz, de Majid Barzegar, et Modest Reception, de Mani Haghighi. Une première table ronde opérera un « Retour sur les élections présidentielles » (samedi 29 juin à 17 h 30), et une seconde tentera de répondre à la question : « Quel avenir pour le cinéma iranien contemporain ? », (dimanche 30 juin, 17 h 30).

INTERDICTION DE RÉALISER DES FILMS

S’il fallait retenir deux clichés de ces huit années, ce serait d’abord celui de la chaise vide de Jafar Panahi, au Festival de Berlin ou à Cannes, en 2011 ; en mars 2010, le réalisateur du Cercle, Lion d’Or à Venise en 2000, était arrêté, avec Mohammad Rasoulof, et condamné à six ans de prison et à vingt ans d’interdiction de réaliser des films et de quitter le territoire.

Le deuxième arrêt sur image serait la consécration d’Une Séparation, d’Asghar Farhadi, Ours d’Or à Berlin, toujours en 2011, avant le César, puis l’Oscar du meilleur film étranger en 2012. Contrairement à la « tête brûlée » Panahi, Asghar Farhadi tient à obtenir les autorisations pour tourner ses films, lesquels sortent en salles en Iran.

Nous avons demandé à des réalisateurs, et à des critiques de films iraniens, de nous donner leur point de vue sur cette situation contrastée – une traductrice a retranscrit les réponses.

PAS LE DROIT DE RÉPONDRE À LA PRESSE

Jafar Panahi, qui vit en résidence surveillée, dans son appartement à Téhéran, n’a pas le droit de répondre à la presse. Mais son entourage a pu nous rapporter ses propos.

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