— Par le Groupe des anciens parlementaires* —
Il faut évidemment se réjouir que nombreux sont celles et ceux qui, en Martinique, ont manifesté une certaine attention à ce sommet climatique historique réunissant à Paris 195 pays et pas moins de 150 chefs d’état et de gouvernement appelés à trouver un accord International, pour permettre de respecter à long-terme une limitation du réchauffement climatique 2°C.
Il importe en effet de prendre conscience que les émissions de gaz à effet de serre produites en grande partie par les activités humaines et issues pour la plupart d’entre elles de la consommation des combustibles fossiles (pétrole, gaz naturel, charbon par exemple), sont à l’origine d’une hausse accélérée des températures de nature à provoquer de graves dégâts sur l’environnement et les écosystèmes. La déforestation participe aussi à ce phénomène car les arbres ne retiennent plus de CO2 qui dès lors participe à l’effet de serre par l’accumulation anormale de chaleur dans les basses couches de l’atmosphère.
Dans son dernier rapport qui date de 2014, le Groupement Intergouvernemental sur l’évolution du climat (Le GIEC) estimait probable le rôle de l’homme dans le réchauffement climatique à hauteur de 95% ; il est notamment question des usines et des voitures qui dégagent de dangereux gaz dans l’air.
Cela est d’autant plus préoccupant que, nombre des phénomènes les plus induits par le changement climatique, se trouvent : l’élévation du niveau moyen des mers, la submersion marine, les déplacements des populations, la propagation de certaines maladies infectieuses, l’inondation de certains espaces et habitats côtiers comme les mangroves et les récifs coralliens. Il s’y ajoute que les conséquences sur la qualité de l’air, la biodiversité, les cultures seront nombreuses. Les réserves d’eau douce, le débit des cours, l’accès à l’eau potable seront de même impactés.
Le réchauffement de la planète, que nous sommes déjà en train de subir, va sans conteste augmenter les périodes de forte chaleur, de forte sécheresse ainsi que les épisodes extrêmes de fortes pluie.
Comment dès lors ne pas s’employer à réveiller les consciences devant un tel constat d’autant plus inquiétant que les territoires insulaires subissent ce réchauffement avec une intensité particulière, à l’heure où, plus que tout, il importe d’agir dans les meilleures conditions afin de contribuer à mettre en place les stratégies d’atténuation de ce risque majeur qui passent invariablement par de nouveaux comportements, l’exploitation des éniergies renouvelables, la mise en place de politiques nouvelles en matière de construction et de transport, la protection de la biodiversité.
Des propositions ont été formulées
Faut-il rappeler sur ce point que le 9 mai 2015 a été pour nous un moment historique dans la mesure où la Martinique a accueilli un sommet international sur le changement climatique sous houlette du président de la République. Ce sommet qui a réuni 37 chefs d’Etat et de gouvernement caribéens, ainsi que d’organisations régionales avait pour objectif de construire une voie caribéenne commune et consensuelle à faire entendre lors de la COP21 qui s’est tenue à Paris. Tout l’intérêt de cette démarche consistait à faire en sorte que les réductions de température pour lutter contre les effests du chagement climatique soient intégrées dans un « Agenda de solutions » pour la planète tenant compte des spécificités de nos territoires insulaires.
Une telle initiative est d’autant plus importante que les territoires insulaires de la Caraïbe qui subissent cette évolution du climat avec une intensité particulière, sont de plus en plus exposés à la hausse du niveau des mers, à l’expansion des tempêtes et des ouragans, aux activités volcaniques, alors même qu’ils constituent les pays qui émettent le moins de gaz à effet de serre.
Nous avons d’ailleurs pu apprécier et saluer le travail réalisé par les Etats de la Caraïbe qui disposaient au sein de cette 21e conférence sur le climat d’un Pavillon de la Grande Caraïbe dont les objectifs étaient de développer un espace d’informations et de discussions pour l’ensemble des pays et territoires caribéens, d’informer les négociateurs, les décideurs et plus généralement les participants des conséquences du réchauffement climatique dans la Caraïbe, de présenter des initiatives innoventes pour faire face aux conséquences de l’accroissement des températures au niveau de notre espace géographique.
– L’engagement des pays à accepter de prendre des mesures individuelles et collectives pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, afin de limiter l’augmentation de la température à 1,5°C. Au delà, toute augmentation représenterait un danger pour les pays les plus vulnérables, ceux de la Caraïbe en particulier.
– L’intitution de rapports réguliers entre tous les pays participants à la COP21, afin de vérifier et de mettre à jour les données sur l’atténuation du changement climatique.
– La mise en place d’un soutien renforcé pour atténuer les effets de ce phénomène et aider les pays les plus vulnérables à s’adapter. A l’image des autres territoires caribéens, la Martinique est – nous le savons désormais – directement concernée par les risques naturels majeurs appelés à s’aggraver du fait du réchauffement de la planète ; ouragans ; élévation du niveau de la mer, raz de marée, marée de tempête …, font désormais partie du vocabulaire quotidien des martiniquais. Quelle que soit leur récurrence, ces aléas ont la particularité d’être des évènements toujours vécus collectivement, mais dont les incidences individuelles peuvent être dramatiques (se référer aux travaux de Pascal Saffache sur le sujet).
C’est pourquoi nous appelons plus que jamais à l’information, à l’éducation, et à la sensibilité sur les causes et les effets du changement climatique, ainsi que sur les stratégies d’adaptation à la prise de conscience des mécanismes de fonctionnement de ces aléas qui nous menacent de plus en plus directement.
*Alfred Almont, Guy Lordinot, Roger Lise, Pierre Petit et Anicet Turinay, groupe des Anciens parlementaires
Photo: Capture écran Martinique1ère