Le Boucanier, Hachoir Lugubre à Kakos.

— Par Pierre Pastel, Sociologue / Psychothérapeute.—

« Nous proposons, par ce texte, une lecture pour le moins originale de la société, à la fois française et mondiale, dans laquelle nous sommes tous  appelés à évoluer en tant qu’individu et en tant que groupe. Chacun fera son idée et son décryptage ».

Cent ans pour…

Le Boucanier hennit, ses leptoméninges1 sont sectionnées. Il court, il court après l’arachnoïde2 et la pie-mère3.

Lobotomisé4, l’âme vidée, à leur recherche, il erre de rameaux en bronches, de bronches en bronchiectasie5.

Nerveux, il ne parvient pas à les attraper ; il s’acharne donc sur les kakos6 ou ce qu’il croit être des kakos. Kakos pour kakos au pays des moins que rien, ce n’est que viande et os sans science à son humble conscience.

S’il rit d’avoir déjà terrassé de nombreux groins, hautain, il ne s’aperçoit même pas de son arrogance. Il veut béquer encore et encore. Il bèque, il bèque alors, sans parvenir à assouvir sa faim de goule.

« Ô temps7 complice des joies que tu me procures à voir croupir ces « planétophages » 8 gangréneux, préserve-moi l’existence jusqu’à deux cent cinquante ans dans l’eau tant agréable de ma mission de sauveur, le temps de les assécher jusqu’à poussière ».

Le Boucanier, de ses supplications se montre peu avare, mais au fond de lui-même, il pense vivre 15 mille ans et plus, puisque l’air du temps (technologique) le laisse conjecturer une certaine éternité. Gare donc, aux planétophages, smartphonisés, faiblards, inconscients, imprudents, blasés par leur auto-illusion.

7 milliards sont-ils ? S’insurge-t-il. Les réduire en kakos, cela ne devrait traîner au temps du numérique et de la nanotechnologie, scandent en hymne incantatoire le Boucanier et sa clique de sur-humains. Ils augurent avoir bientôt à leur disposition une puissante armée de technolodélogeurs9 -ces robots rossignols- pour rendre inoffensifs ces planétophages « encombreurs » (prétentieux à souhait) et préserver ainsi les siens.

« C’est nous et rien que nous, dieux10, plus humains que les humains, dieux sur terre maintenant, dieux millésime 21, nous sommes. Dieux, fabricateurs de l’univers nouveau, commandeurs du soleil et du vent. L’ouragan, c’est nous, loup-garou, nous sommes et nous nous autorisons à le dire, aujourd’hui, haut et fort au vu et au su de tous. Le 21ème siècle, enfin la lumière. « 500 000  000 ! » Nous serons bientôt triomphants, seuls entre nous.

Ô Chronos11, reste à nos côtés, nous t’aimons encore un peu.  Tu es notre père inspirateur. Nous serons bientôt toi. Nous te dévorerons à ton tour sans état d’âme. L’essence de la vie n’a plus de secret pour nous, nous, dieux des sciences, dieux des consciences éveillées. »

« Nous connaissons sur le bout des doigts les valeurs premières de notre civilisation, celles de notre structure et de notre superstructure : le mensonge est notre état de conscience, la manipulation des masses, notre technique d’approche, le vole, le viole, notre mode de partage, la sociopathie, notre posture philosophique et politique, l’écrasement par l’euthanasie, notre respiration, notre joie ».

« Nous sommes les Gilets scintillants, vent debout contre, irrémédiablement contre les défenseurs de la dignité humaine, contre les écervelés rêveurs d’égalité, contre les charlatans de l’unité ou encore d’une société plurielle, contre l’apologie de la fraternité ».

Un jour pour…

Un Gilet translucide sort du bois. Il se fait sage, prophète au beau milieu de la plus grande industrie qui existe au monde : l’industrie de la pensée, des milliards de connexions synaptiques par milliseconde dans le cerveau de plus de 7 milliards d’humains.

Il chante l’avenir qui n’appartient qu’à celui qui nous dépasse, quoiqu’en pensent le boucanier usurpateur et sa nuée.

Il a la foi, notre sage. Clairvoyant, d’une voix posée et ferme, les yeux écarquillés au-dessus de ses lèvres souriantes, le tout jeté en notre unique direction, comme pour nous apostropher : « C’EST A TOI QUE JE M’ADRESSE », il nous sert sa déclamation. Chacune de ses phrases bien pesées, après un long silence, s’échoue dans notre conscience avant de rouler, tout droit dans l’ADN de nos milliards de cellules :

« Le dernier qui dira la vérité ne saurait être exécuté, car il est déjà essaim, battements d’ailes d’abeilles énergisantes au-delà de notre globe. »

« Celui qui sait n’est plus ignorant. L’homme est Homme au moment de la décision. »

« L’Homme n’a pas fini de penser, il a le devoir de dompter sa pensée pour honorer l’Homme au-delà l’homme. »

« Il n’est pas seul au milieu de l’homme, l’Homme. »

« Il est habité par l’Esprit, Dieu avec un D majuscule. Dieu le vrai, le UN»

« Souvenons-nous-en. »

« Redresse ta conscience, toi ! »


Collection : Alerte Universelle

Pierre Pastel Sociologue / Psychothérapeute.

1Leptoméninges : Les méninges sont les membranes qui enveloppent le système nerveux central : encéphale et moelle épinière, la portion intracrânienne des nerfs crâniens et les racines des nerfs spinaux. De la surface vers la profondeur, on distingue la dure-mère, l’arachnoïde et la pie-mère. La pie-mère et l’arachnoïde forment ce que l’on appelle les méninges molles ou leptoméninges.

2Voir leptoméninges.

3Voir leptoméninges.

4Lobotomiser consiste à effectuer une leucotomie : section de certaines fibres nerveuses d’une des deux catégories du système nerveux du cerveau, appelée la substance blanche, lieu des opérations mentales et du stockage des informations et participant à l’apprentissage.

« Au sens figuré, lobotomiser signifie rendre bête, abrutir. »(linternaute.fr/dictionnaire)

5La bronchiectasie : une pathologie broncho-pulmonaire obstructive. Elle correspond à une dilatation des bronches, qui se traduit par une augmentation permanente et irréversible du calibre des bronches associée à une fibrose pulmonaire. Sources :https://bronchite.ooreka.fr/ comprendre/bronchectasie.

6Le kakos : jarret de porc saumuré et généralement tranché en deux. Certains traitent des êtres humains comme des bouts de viande, des kakos.

7 ô temps, Hautain, dans l’eau tant agréable de l’OTAN, il se sait autant protégé par-dessus de tout.

8Planétophages : humains jugés trop nombreux et inutiles aux yeux du Boucanier, ils sont considérés comme des suceurs des richesses de la planète terre. Parmi eux on compte les immigrés, les indigents, ceux à couleurs de peau mal choisie, les non conformistes, les résistants, les complotistes, les estropiés des guerres y compris chirurgicales, ceux détenant les terres renfermant les plus grandes réserves de richesses de la planète…

9Technolodélogeurs, passe-partout, Ils leurs permettent de tout savoir sur tout et sur tous, mêmes les émotions à venir des planétophages.

10Dionysos devrons-nous lire et comprendre ici : dieu de la folie, dieu dangereux, dieux de l’excès, dieux plus qu’ambigu

11Chronos : Dieu vorace.