« Le Best-seller de la rentrée littéraire » : un regard drôle, désabusé et captivant sur le monde littéraire

— Par Roland Sabra —

le_best-seller_de_la_rentreOlivier Larizza vit en Martinique et à Strasbourg. Il n’a pas quarante ans et déjà une vingtaine de livres à son compteur. Cet auteur ne veut pas vieillir : plus du tiers de ses ouvrages sont consacrés à la jeunesse. Il a peur de mourir. Un de ses personnages, dans son dernier opus lui rappelle dés la quatrième page : « « Mais enfin Octave (Olivier) pas une minute ne passe sans que tu penses à la mort. » Le personnage, pas plus que le narrateur n’est l’auteur direz- vous ! Sauf que dans le cas qui nous occupe Olivier Larizza nous présente un narrateur, écrivain de 37 ans d’âge, qui parle à la première personne, qui vit à Strasbourg, qui se nomme Octave Carezza et qui cite Olivier Larizza. Et par moment l’écrivain Olivier Larizza, dans ce livre évoque nominativement l’écrivain Olivier Larizza. Moïsation , action de couper une chose en deux pour en obtenir une troisième ? Hypertrophie de l’instance moïque constitutive de l’écrivain ? Cancer narcissique ? Loin de là puisque l’humour « qui ne sert à rien » selon Houellebecq, épinglé à plusieurs reprises avec ce qui donc « ne sert à rien » est présent sur toutes les pages, à toutes les lignes. Cet humour un peu désenchanté mais toujours distancié qui rend la lecture légère, agréable à tel point qu’il est difficile de poser le livre. Bernard Werber n’écrit-il pas :  «L’imagination a été donnée à l’homme [écrivain] pour compenser ce qu’il n’est pas. L’humour pour le consoler de ce qu’il est. »
Et de quoi est-il question ? Et bien des affres et des tourments d’un auteur dans la fleur de l’âge, confronté à un monde littéraire en perte de repères. D’heureux pères oserions-nous écrire pour pasticher « Le Best-seller de la rentrée littéraire » tant il vrai que le roman réaliste(?) l’autobiographie romancée (?) l’auto-fiction (?) regorge de jeux de mots et parfois se rengorge de citations d’auteurs et d’aphorismes d’apothicaire. On relèvera par exemple pour un banquier « L’amour est dans le prêt. » ou pour un tempérant se contraignant à la frugalité « Les plats, c’est beau ! » ou encore cet alexandrin «  On est plus près du cœur quand la poitrine est plate ». Autant dire qu’on ne s’ennuie pas à la lecture de la prose d’Octave Carezza surtout quand il nous emmène, nous trimballe de salons littéraires en foires aux livres, de rendez-vous amoureux en négociations éditoriales, de repus d’affaires en co-loc immobilières.

Si les premiers chapitres, « Le jeu de l’amour et du bas art », « Le petit marchand de prose », « A la recherche de l’inspiration perdue », « L’édition sentimentale » semblent les plus laborieux, entachés d’un humour de potache qui ne veut pas grandir,–O. Larizza a peur de vieillir!–,  la deuxième moitié du livre à partir de « La dernière interview de Bernard Pinot-Noir » s’envole vers la satire des mœurs littéraires d’une belle drôlerie. Les esquisses de portraits de nos auteurs contemporains, ceux qui occupent l’espace médiatique confondu avec l’espace littéraire, les coups de pattes bien ajustés sur les tics et les manies télévisuelles, radiophoniques ou mêmes culinaires de celles et ceux qui parlent plus facilement de leurs vies que de leurs œuvres ravissent nos pupilles. Houellebecq, Angot, Sollers, parmi d’autres sont habillés pour l’hiver métropolitain. « Olivier Ceruzza », n’oublie pas de nous rappeler qu’il enseigne la littérature à l’Université des Antilles en faisant montre d’une belle érudition, en rappelant des anecdotes savoureuses concernant des écrivains aujourd’hui disparus même si par moment il donne l’impression d’avoir écrit avec un dictionnaire de citations littéraires sous le coude.

Encore un livre atypique dans le parcours hétéroclite d’écrivain d’Olivier Larizza qui laboure des champs aussi variés que celui du roman, du récit, des essais, du sport, du théâtre et de la littérature pour la jeunesse. Un livre dans lequel on entre avec l’envie de ne pas en sortir.

Fort-de-France, le13/10/2014

R.S.

Collection : Humour
Septembre 2014
13,5 x 21,5 cm
228 pages
Livre papier : 17.00 €
E-book : 8.99 €

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