4 février 1794: Toussaint Louverture obligea la France à signer la première abolition de l’esclavage
— Par Alain Foix —
Le 4 Février 1794 la Convention signe le décret d’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises et confirme ainsi l’initiative à Saint-Domingue des commissaires civils Sonthonax et Polverel, contraints de le faire sous la pression du Général Toussaint Louverture et de son armée. Toussaint Louverture, ancien esclave devenu général de l’armée espagnole combattra les français jusqu’à ce qu’ils plient le genou et accordent l’abolition de l’esclavage contre son ralliement à la France pour combattre les Anglais qui assiègent Saint-Domingue.
Toussaint Louverture deviendra alors général français puis gouverneur de l’île après que le commissaire Sonthonax ait été obligé de rentrer en France où il fut fait prisonnier et manqua de passer sous la guillotine pour avoir pris cette initiative d’abolition contre le gré de la Convention un an plus tôt.
Cependant, le 4 février 1794, en présence de trois députés envoyés par le gouverneur Toussaint Louverture (un blanc, un mulâtre et un noir), la Convention signa finalement cette abolition.
Le député noir nommé Bailly parla à la tribune de la nécessité de la fraternité humaine, et l’Abbé Grégoire dirigeant, de l’association des Amis des noirs monta à son tour à la tribune et demanda que le mot fraternité soit inscrit au fronton de la république.
Jusque là sa devise n’était que « Liberté, Egalité ». Voir le médaillon que j’ai en ma possession et que je poste ici.
Je vous invite à lire ma biographie de Toussaint Louverture (Gallimard/Folio-biographies).
Toussaint Louverture par Alain Foix
Alors pourquoi ne commémore-t-on pas cette date plutôt que celle bien plus tardive de 1848 dont Victor Schoelcher, ami de Victor Hugo fut le promoteur? Sans doute parce que cela évite de rappeler que Napoléon Bonaparte a rétabli l’esclavage en 1802. Heureusement pour Haïti, Toussaint Louverture avait préparé la victoire finale de son île en disant à ses subordonnés Dessalines et Christophe d’attaquer les assaillants dès que le temps de la fièvre jaune arrivera. Ce qui fut fait.
Ce fut la première grande défaite des armées napoléoniennes. Son gendre, le général Leclerc y perdit la vie,
Ce fut sa première Bérézina, une Bérézina tropicale.
Une des devises de Toussaint Louverture: « Nous serons libres tant que nous serons les plus forts ».
Aujourd’hui on parle de la « malédiction » d’Haïti, ce qui permet d’oublier que Napoléon ayant fait une trève avec les Anglais pour pouvoir attaquer Haïti, s’est rallié à eux et aux Américains pour créer un blocus économique qui a duré, appauvrissant cette île qui était florissante et était surnommée « le grenier de la France ».