— Par Michel Deléan —
L’avocat Alex Ursulet fait l’objet d’une plainte pour viol et harcèlement sexuel déposée par une jeune consœur ayant effectué un stage à son cabinet. Une procédure disciplinaire est également en cours au conseil de l’Ordre des avocats de Paris. Me Ursulet conteste catégoriquement les accusations portées contre lui, et réplique avec une autre plainte.
Une plainte pour « viol et harcèlement sexuel » visant l’avocat parisien Alex Ursulet, 62 ans, a été déposée le 25 septembre au parquet de Paris, selon des informations obtenues par Mediapart. La plaignante est une jeune avocate qui a effectué un stage au cabinet de Me Ursulet début 2018. Elle a versé des copies de SMS et des attestations écrites de témoins à l’appui de sa plainte, rédigée par Thibault Laforcade, son défenseur.
Pénaliste disposant d’une certaine notoriété (il a notamment défendu Alain Carignon, Paul Barril, Guy Georges, et a publié plusieurs livres), Alex Ursulet, qui bénéficie de la présomption d’innocence, dément catégoriquement les accusations portées contre lui. Il annonce à Mediapart avoir déposé récemment une plainte pour « dénonciation calomnieuse » et « violation du secret professionnel » contre sa jeune consœur.
Parmi les sept avocats de Me Ursulet sollicités par Mediapart, Jean-Yves Le Borgne se borne à déclarer ceci : « Il est heureux qu’on prenne désormais au sérieux les accusations d’agression sexuelle. Mais il ne faut pas se laisser emporter par la passion et on doit prendre garde aux accusations fausses qui atteignent des hommes honorables. »
Margaux *, 26 ans aujourd’hui, a rencontré Alex Ursulet en janvier 2017 lors d’un procès d’assises. Alors étudiante à l’école des avocats de Bordeaux, elle effectuait un stage d’observation auprès d’un des avocats présents à ce procès. Le récit qui suit a été fait par la plaignante à Mediapart, ainsi que devant le conseil de l’Ordre des avocats parisiens, et dans sa plainte pénale.
Selon Margaux, Me Ursulet lui adressait des clins d’œil pendant le procès d’assises, et la complimentait sur son intelligence pendant les suspensions d’audience, avant de lui proposer d’effectuer son stage obligatoire de six mois dans son cabinet parisien. Flattée, la jeune femme accepte.
Ce stage de fin d’études débute le 8 janvier 2018. Les quinze premiers jours, Me Ursulet est en Martinique, où il a un cabinet secondaire, et s’enquiert régulièrement auprès de son collaborateur des tâches effectuées par Margaux.
Quand il revient à Paris, explique la jeune femme, l’avocat cherche à exercer progressivement une forme d’emprise sur elle, alternant compliments, questions personnelles et reproches. Elle se fait notamment sermonner au prétexte qu’elle aurait séduit son collaborateur, qui serait tombé amoureux d’elle. Ce même collaborateur se voyant, pour ce motif allégué, morigéné par son patron devant la stagiaire.
Le 30 janvier 2018, explique Margaux, Alex Ursulet l’invite à déjeuner dans un restaurant du XVIe arrondissement. Prévenant qu’elle sera en retard, elle reçoit comme réponse ce SMS de son maître de stage, que nous avons pu consulter : « Vous serez punie. »
Lorsqu’elle arrive, un cocktail alcoolisé l’attend sur la table et les questions de son patron se font de plus en plus personnelles et intrusives. Selon elle, Margaux se voit demander des précisions sur la perte de son pucelage, le nombre de ses partenaires et le plaisir ressenti. Margaux répond brièvement, n’osant pas contrarier son maître de stage, explique-t-elle. Celui-ci aurait prétendu avoir « dressé » une ancienne collaboratrice, qui était « très obéissante ».
Quand Margaux retourne au cabinet, Me Ursulet lui demande de l’aviser par SMS de la présence ou non de son collaborateur. Celui-ci est absent. La stagiaire s’exécute, et son patron arrive rapidement. Selon elle, il lui demande d’abord de changer de position sur le fauteuil où elle est assise, afin de mieux voir ses jambes (elle porte une robe). Il jette ensuite son chargeur de téléphone au sol et lui demande de le ramasser, dit-elle. La jeune femme obéit. Il lui demande ensuite de lui allumer une cigarette. Elle n’ose pas refuser, explique-t-elle.
Tétanisée, Margaux voit l’avocat s’approcher d’elle sur son siège à roulettes. Elle dit qu’il se met à la sentir et à l’embrasser, et qu’elle est paralysée par la peur. Le maître de stage descend alors son collant et sa culotte, et lui introduit des doigts dans le sexe à plusieurs reprises, poursuit Margaux. Il lui demande ensuite de se mettre debout et de lui tourner le dos, et il renouvelle le même geste, raconte-t-elle. Incapable de réagir, dit-elle, Margaux s’entend intimer l’ordre de ne pas remettre sa culotte et ses collants sous sa robe, et de s’acheter des bas. L’arrivée du collaborateur au cabinet met un terme à la scène. Plus tard, Me Ursulet envoie à sa stagiaire deux SMS, que nous avons pu consulter. « Magnifique », et « Les bas ! ».
Sur le coup, Margaux pense seulement à poursuivre son stage, qui est très important pour sa scolarité et sa future carrière. Elle essaye de prendre sur elle. Le lendemain matin, sur le chemin du cabinet, elle s’évanouit deux fois dans le métro, et attend l’arrivée du collaborateur d’Alex Ursulet pour entrer. Apeurée, elle fait en sorte de rester près de lui, ne voulant pas se retrouver seule avec son patron, et n’arrive pas à se concentrer sur son travail, raconte-t-elle. Elle finit par craquer et prend la porte. Effondrée, elle se confie le soir même à une amie, également élève avocate, qui lui conseille fermement de quitter ce cabinet, et l’aidera à trouver un autre stage. Cette amie a confirmé la scène dans une attestation versée au dossier.
Margaux veut tourner la page. L’affaire aurait pu en rester là. Ne la voyant pas revenir au cabinet, Alex Ursulet l’appelle à de nombreuses reprises, mais Margaux ne décroche pas. L’avocat multiplie alors les coups de fil à son école, ainsi qu’à son ancien maître de stage, et presse son collaborateur de questions. Voilà pour le récit de Margaux.
Selon notre enquête, c’est à ce moment que Me Ursulet s’est plaint du comportement et de la personnalité de Margaux auprès de la directrice de l’école des avocats Aliénor de Bordeaux, Carole Fayet, en lui livrant des choses très personnelles et très crues sur sa stagiaire : personnalité fragile, consommation d’alcool et de drogue, environnement à problèmes, etc.
Carole Fayet cherche à joindre Margaux, mais la jeune femme est fuyante et reste floue sur les causes de son départ précipité du cabinet Ursulet. Elle a même peur d’y retourner pour restituer une clef, qu’elle préférera remettre en terrain neutre au collaborateur de l’avocat. La directrice de l’école est très surprise de la véhémence du maître de stage envers une élève qui n’a jamais posé de problème, et qui semble de surcroît en détresse. Elle informe la présidente du conseil d’administration de l’école, Anne Cadiot-Feidt, ancienne bâtonnière des avocats bordelais, et lui fait part de ses interrogations. C’est la présidente qui signe notamment les conventions de stage, et règle les sujets les plus délicats.
Défendu par sept avocats renommés
Anne Cadiot-Feidt appelle Margaux et lui propose de la rencontrer, mais la jeune femme est en stage à Paris, et ne peut se rendre à Bordeaux. Rendez-vous est donc pris le 1er mars à Paris, dans le vieux palais de justice de l’île de la Cité. En confiance, Margaux raconte à l’avocate ce qu’elle a vécu pendant son stage. Jugeant l’affaire grave, la présidente de l’école des avocats de Bordeaux l’assure de son soutien et de celui de l’institution, l’encourage à ne pas en rester là et lui conseille de prendre un avocat.
Peu de temps après, lors d’une réunion de travail du Conseil national des barreaux (CNB), qui exerce une tutelle morale sur les onze écoles d’avocats françaises, Anne Cadiot-Feidt et Carole Fayet abordent les difficultés des stages d’avocats et évoquent le cas de Margaux. L’information circule rapidement au sein du CNB, à l’école des avocats de Paris (l’EFB), ainsi qu’à l’Union des jeunes avocats (UJA) de Paris. Elle remonte au bâtonnier de Paris, Marie-Aimée Peyron, qui est saisie par courrier, en juillet 2018, par une avocate.
Ce cas grave est également évoqué au sein de l’Association française des écoles d’avocats. « Le problème, c’est que nous connaissons des noms d’avocats à problèmes, mais que nous n’avons pas le droit de créer une liste noire, ce serait illégal. Il faudrait au moins qu’on puisse établir des listes de maîtres de stages qui seraient validées par les écoles », témoigne un responsable.
En septembre 2018, le conseil de l’Ordre des avocats de Paris ouvre une enquête déontologique sur Alex Ursulet, qui est bouclée en février 2019. Les faits semblant sérieux, une enquête disciplinaire est ouverte au mois d’avril, et de nombreuses auditions sont effectuées jusqu’à la fin du mois de septembre. Alex Ursulet est défendu par quatre avocates renommées : Frédérique Pons, Nathalie Carrère, Marie Burguburu et Catherine Paley-Vincent.
Au cours de cette instruction disciplinaire, Me Ursulet dément catégoriquement les accusations de Margaux, qu’il décrit en substance comme une menteuse, une affabulatrice, doublée d’une alcoolique et d’une toxicomane. L’audition de Margaux, le 13 septembre, se déroule dans un climat glacial.
Fin septembre, Margaux et son avocat décident finalement de déposer une plainte pénale pour des faits de viol et de harcèlement sexuel. L’instance disciplinaire du conseil de l’Ordre décide donc de suspendre sa décision.
Recevant Mediapart à son cabinet parisien pour évoquer cette affaire, Alex Ursulet invoque le secret professionnel et le secret de l’enquête. Il dément toutefois les accusations de Margaux, qui, selon lui, serait une personnalité fragile et influençable. Me Ursulet explique que le comportement de Margaux n’était pas compatible avec les fonctions d’avocate, qu’elle a désorganisé le fonctionnement de son cabinet, et que c’est lui qui a décidé de mettre fin à son stage.
Pourquoi cette jeune avocate aurait-elle inventé tout cela ? Il affirme qu’elle ment, et qu’elle a certainement inventé cette histoire pour maquiller les raisons de son départ du cabinet. Me Ursulet l’assure, ses SMS (produits par Margaux au conseil de l’Ordre et dans sa plainte pénale) sont sortis de leur contexte. Il se dit certain que Margaux est manipulée, et renvoie pour plus de détails vers ses défenseurs, tous célèbres : Jean-Yves Le Borgne (ancien vice-bâtonnier), Christian Charrière-Bournazel (ancien bâtonnier), François Gibault, et les quatre avocates déjà citées.
Outre sa plainte pour « dénonciation calomnieuse » et « violation du secret professionnel » visant Margaux, Me Ursulet indique avoir saisi l’Ordre des avocats de Paris d’une procédure contre la consœur qui avait alerté par écrit la bâtonnière Marie-Aimée Peyron. Recevant Mediapart, Me Charrière-Bournazel dénonce pour sa part une « machination » contre Alex Ursulet, qui serait la victime d’un enchaînement d’interventions destinées à lui nuire. Il assure que l’enquête qui suivra sa plainte permettra de révéler le rôle des uns et des autres dans ce qui relève, selon lui, de la pure calomnie.
Depuis la révolution #MeToo, les affaires de harcèlement sexuel et de violences sexuelles sont prises très au sérieux par le conseil de l’Ordre des avocats de Paris. Marie-Aimée Peyron avait fait de ce sujet un des axes forts de sa campagne pour le bâtonnat. Un membre influent du conseil de l’Ordre des avocats de Paris est d’ailleurs lui-même visé actuellement par une enquête interne, comme l’ont révélé Les Échos. Selon nos informations, une demi-douzaine de jeunes femmes, collaboratrices ou stagiaires, ont accusé cet avocat de faits de harcèlement sexuel et d’agressions sexuelles dans le cadre d’une enquête disciplinaire.
En mai 2018, les résultats d’une consultation effectuée auprès de plus de 7 000 avocats par la Fédération nationale des jeunes avocats (FNUJA) et le Défenseur des droits avaient mis en évidence les fortes inégalités et les discriminations dont souffrent les femmes dans la profession, harcèlement sexuel compris. À Paris, une hot-line a été mise en place pour recueillir les témoignages des collaboratrices victimes de discriminations, et la commission harcèlement et discriminations de l’Ordre des avocats a été renforcée. Des formations et des ateliers sur le thème du harcèlement sexuel ont également vu le jour dans plusieurs écoles d’avocats.
« Aujourd’hui, plus aucun avocat n’est intouchable. L’image de petit milieu qui protège les siens est largement révolue. Si un Ordre est saisi de faits de harcèlement commis par un avocat, il réagit en instruisant le dossier et en prenant les sanctions qui s’imposent », témoigne Valérie Duez-Ruff, membre du conseil de l’Ordre des avocats de Paris de 2014 à 2016, et qui a fait insérer dans le règlement intérieur du barreau de Paris une infraction spécifique de faits de harcèlement et de discrimination.
« Il n’existe pas de chiffres sur le harcèlement sexuel. Surtout car les victimes osent peu s’exprimer. Tout au plus sous le sceau de confidences, mais en demandant de ne rien dire ou faire, regrette Me Duez-Ruff. Elles craignent pour leur avenir professionnel et leur réputation. De plus, elles manquent souvent de preuves et se découragent d’avance de peur d’être en plus stigmatisées comme allumeuses ou affabulatrices, comme toutes les victimes de harcèlement sexuel, quel que soit le milieu. »
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Source Mediapart
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Alex Ursulet, l’avocat de Guy Georges, accusé de viol
Figure du barreau de Paris, l’ancien défenseur du «tueur de l’Est parisien» est visé par une plainte déposée par une ex-avocate stagiaire, pour des faits présumés datant de janvier 2018.
Par Louise Colcombet
Le 15 octobre 2019 à 22h08
Un grand défenseur en position d’accusé. Me Alex Ursulet, 62 ans, figure du barreau de Paris, qui a notamment défendu Guy Georges, le « tueur de l’Est parisien », est visé par une plainte pour viol et harcèlement sexuel déposée fin septembre, comme l’a révélé ce lundi Mediapart. Les faits dénoncés datent de janvier 2018, alors que la plaignante, elle-même avocate, effectuait son stage obligatoire auprès du pénaliste.
Dans son courrier au procureur de Paris, la jeune femme aujourd’hui âgée de 26 ans raconte que, trois semaines après son arrivée au cabinet, le 30 janvier 2018, son maître de stage la convie à déjeuner. Un repas lors duquel il la bombarde de questions portant sur sa vie sexuelle et lui assure avoir déjà « dressé » une ancienne collaboratrice, devenue « très obéissante ».
De retour au cabinet, la pression s’accentue. Son patron lui demande de ramasser un objet à terre, de changer de position pour qu’il admire ses jambes… avant de l’embrasser et de la renifler. Tétanisée, elle ne parvient pas à réagir lorsqu’il baisse ses collants, lui baisse sa culotte, et la pénètre avec ses doigts. Toujours selon son récit, il lui intime ensuite de ne pas se rhabiller et de s’acheter des bas, plus pratiques que des collants… « Magnifique », lui envoie-t-il par SMS dans la foulée, avant cet autre message, péremptoire : « Les bas ! »
Ursulet parle d’une jeune femme fragile
Le lendemain, la jeune femme, traumatisée, claque la porte. Me Ursulet multiplie alors les coups de fil – une quarantaine en quelques heures -, puis appelle l’école des avocats de Bordeaux (Gironde) pour se plaindre de cette jeune femme fragile, alcoolique et toxicomane selon lui… L’affaire ne tarde pas à s’ébruiter et fait l’objet, courant 2019, d’une enquête approfondie du Conseil de l’Ordre, aujourd’hui suspendue par la plainte au pénal. « Elle n’y était d’abord pas favorable mais cette enquête interne l’a énormément réconfortée en lui montrant qu’elle pouvait être crue », détaille Me Thibault Laforcade, l’avocat de la jeune femme.
« Accusations diffamatoires ! », réagit pour sa part Me Frédérique Pons, l’une des sept avocats d’Alex Ursulet, qui a de son côté déposé une plainte pour dénonciation calomnieuse. « Ce déjeuner avait justement pour but de lui signifier la fin de leur collaboration pour des raisons de comportement », argumente l’avocate, parlant de SMS « sortis de leur contexte ». « Il existe des témoignages et des SMS pour le moins éloquents, contexte ou pas, que nous tenons à disposition de la justice », répond Me Laforcade, qui attend désormais que le Parquet de Paris se prononce sur les suites à donner à cette plainte.
Source : LeParisien.fr
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Une plainte pour viol déposée contre l’avocat Alex Ursulet
— Par Rodolphe Lamy —
La plainte a été déposée le 25 septembre dernier au parquet de Paris par une ex-stagiaire, elle aussi avocate. L’avocat martiniquais conteste les faits et a déposé plainte à son tour.
L’affaire fait grand bruit dans les cabinets d’avocats parisiens. L’avocat Alex Ursulet est accusé de « viol et harcèlement sexuel ». Une plainte pénale a été déposée contre lui le 25 septembre dernier par une exstagiaire, âgée de 26 ans, et elle aussi avocate. Les faits dénoncés, révélés ce mardi par Mediapart puis repris par le journal Le Parisien, remonteraient au 30 janvier 2018 et se seraient passés au cabinet de l’avocat, inscrit au Barreau de Paris mais qui dispose aussi d’un cabinet secondaire en Martinique.
Dans un long article, le journal Mediapart revient en détails sur ce qui se serait déroulé, ce jour-là, au cabinet de l’avocat. Dans l’après-midi, après un repas, la jeune stagiaire se serait retrouvée seule avec son tuteur. Selon sa plainte, elle aurait été victime de pénétrations digitales et n’aurait pas réussi à réagir, « tétanisée ». Elle appuie ses dires de SMS envoyés par Alex Ursulet. Des messages qu’elle a d’abord reproduits devant le conseil de l’Ordre des avocats de Paris, puis dans le cadre de son dépôt de plainte au parquet.
Pour Me Ursulet, qui conteste les accusations, les SMS produits ont été sortis de leur contexte. Entendu par le conseil de l’Ordre, il aurait, de son côté, nuancé ces messages précisant qu’ils répondaient à des SMS de sa stagiaire. Selon nos informations, l’avocat soutient avoir demandé à la jeune femme de le rejoindre au restaurant ce jour-là pour lui apporter des documents. Documents qui n’étaient pas les bons, aurait-il assuré, avant de lui adresser un certain nombre de griefs. Il lui aurait alors formulé son intention de mettre fin à sa convention de stage, indiquant qu’il allait la diriger vers un autre confrère.
Plainte contre plainte
Dans son article, Mediapart a une tout autre lecture et n’évoque pas cette fin de « collaboration ». Au contraire, l’article précise que, au lendemain des faits supposés, la jeune femme « pense seulement à poursuivre son stage, qui est très important pour sa scolarité et sa future carrière » et « essaye de prendre sur elle ». L’élève-avocate se serait évanouie à deux reprises sur le chemin du cabinet et aurait attendu le collaborateur du cabinet de Me Ursulet avant d’entrer. « Elle finit par craquer et prend la porte », décrit Mediapart.
Le soir-même, elle se serait confiée à une amie, également élève avocate. Cette dernière a confirmé la scène dans une attestation versée au dossier. L’avocat parisien affirme, de son côté, s’être étonné de l’absence de la stagiaire et avoir reçu un mail de démission à 16 heures, qui s’achève par « bien cordialement ».
La jeune femme se serait confiée à la présidente du conseil d’administration de l’école des avocats Aliénor de Bordeaux le 1er mars. C’est cette dernière, Anne CadiotFeidt, ancienne bâtonnière des avocats bordelais, qui lui aurait conseillé de ne pas en rester là et de prendre un avocat. En septembre 2018, le conseil de l’Ordre des avocats de Paris, avisé de ces allégations, a décidé d’ouvrir une enquête déontologique concernant Alex Ursulet. Elle s’est terminée en février dernier. Une enquête disciplinaire était ouverte depuis le mois d’avril dernier.
Le 13 septembre, dans le cadre de ce volet disciplinaire, Me Ursulet avait décrit son accusatrice comme « une menteuse, une affabulatrice, doublée d’une alcoolique et d’une toxicomane ». Douze jours plus tard, la jeune femme et son avocat décidaient finalement de déposer une plainte pénale. Le conseil de l’Ordre a immédiatement suspendu sa décision, sur le volet disciplinaire, dans l’attente des suites données à cette plainte.
Défendu par sept avocats renommés (Mes Frédérique Pons, Nathalie Carrère, Marie Burguburu, Catherine Vincent, Jean-Yves Le Borgne, Christian CharrièreBournazel et François Gibault), Me Ursulet a déposé plainte, à son tour, pour « dénonciation calomnieuse » et « violation du secret professionnel ». Il a également saisi l’Ordre des avocats de Paris d’une procédure contre sa consoeur. Me Charrière-Bournazel dénonce « une machination ».
France-Antilles 17/10/2019