— Par Jean-Marie Nol, économiste —
Nous n’avons eu de cesse de prévenir les tenants de l’autonomie et encore récemment sonné l’alarme sur ce que nous avons qualifié de « situation dramatique » de la France en matière de dette et de déficit public. Dans une interview aux Échos, le président des républicains Éric Ciotti dénonce vigoureusement la gestion gouvernementale des finances publiques, prédisant une situation comparable à la Grèce et une dégradation imminente de la note de la France par les agences de notation. Selon lui, la dégradation des comptes de l’État constitue « la première menace qui pèse sur l’avenir de notre pays ». Les chiffres avancés par Bercy sont loin d’être rassurants. Avec un déficit public estimé à 4,9% du PIB en 2023 et une dette publique atteignant 109,7% du PIB en 2024 et 108,1% en 2027, la France se trouve sur une trajectoire inquiétante. Éric Ciotti compare même cette situation à celle de la Grèce, affirmant que la France a déjà « percuté le mur ». Face à cette crise imminente, les réactions politiques ne se font pas attendre. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, envisage des mesures d’économies de 30 milliards et propose de réunir les oppositions pour trouver des solutions. Cependant, beaucoup critique cette approche, dénonçant des mesures de communication inefficaces telles que les grands débats et les conventions.Le ton monte également du côté de la Cour des comptes, qui pointe du doigt une trajectoire budgétaire jugée « peu ambitieuse et fragile ». Cette critique s’ajoute aux préoccupations croissantes des agences de notation et des observateurs internationaux, qui surveillent de près l’évolution de la situation économique française.Dans ce contexte, le président Emmanuel Macron a convoqué une réunion d’urgence avec les responsables de la majorité pour discuter des finances publiques. Cette réunion, qualifiée de « point politique », témoigne de l’urgence de la situation et de la nécessité d’agir rapidement. Les propositions du gouvernement pour réduire les dépenses publiques suscitent également des débats. Le ministre de l’économie et des finances Bruno Le Maire prône une certaine rigueur dans la gestion des finances, mais certains craignent que ces mesures n’affectent les services sociaux et l’État-providence.
Mais disons le sans fard c’est l’ensemble des outre-mer qui est dans la ligne de mire de la politique de réduction des dépenses et de la limitation des transferts publics et surtout sociaux.
L’autonomie accrue des départements d’outre-mer pourrait effectivement être envisagée par l’État français comme une solution pour réduire la pression sur les finances publiques françaises en limitant les transferts sociaux et publics à destination de l’outre-mer. C’est dans ce contexte de la réduction de la dépense publique qu’une diminution des transferts publics et sociaux de l’État français pourrait avoir des conséquences significatives pour la Guadeloupe et la Martinique, qui sont des territoires d’outre-mer dépendants en partie des soutiens financiers de l’État central.
L’impact sur l’économie locale serait non négligeable car les transferts publics et sociaux jouent un rôle crucial dans le soutien de l’économie locale en Guadeloupe et en Martinique. Une diminution de ces transferts pourrait entraîner une réduction des investissements dans les infrastructures, les services publics, et les programmes sociaux, ce qui pourrait ralentir la croissance économique et affecter négativement le niveau de vie des habitants. Surtout le secteur de la santé et des services sociaux serait plus particulièrement affecté sur une longue période. Les transferts de l’État français contribuent au financement des services de santé et des programmes sociaux dans les territoires d’outre-mer. Une diminution de ces transferts pourrait entraîner une réduction des budgets alloués à ces secteurs, ce qui pourrait avoir un impact sur l’accès aux soins de santé et aux services sociaux pour les habitants de la Guadeloupe et de la Martinique. Par ailleurs, il faut également prévoir les conséquences sur l’Emploi et le niveau de vie dans la mesure où les transferts publics soutiennent également des programmes d’emploi et d’aide sociale dans nos régions. Une diminution de ces transferts pourrait entraîner une forte augmentation du chômage et une détérioration du niveau de vie pour de nombreux habitants, en particulier ceux qui dépendent des aides sociales pour subvenir à leurs besoins essentiels. Pour finir le tableau, les investissements publics seraient immédiatement en berne vu que les transferts de l’État français sont également utilisés pour financer des projets d’investissement public dans les infrastructures, l’éducation, et d’autres domaines clés. Une diminution de ces transferts pourrait entraîner un ralentissement des projets d’investissement, ce qui pourrait affecter la compétitivité économique et le développement à long terme de la Guadeloupe et de la Martinique.
En résumé, une diminution des transferts publics et sociaux de l’État français aurait des conséquences importantes pour la Guadeloupe et la Martinique, affectant l’économie locale, l’accès aux services sociaux, l’emploi, et le niveau de vie des habitants. Il serait crucial pour les autorités locales de mettre en œuvre des mesures d’adaptation et demander une habilitation générale pour privilégier la diversification économique dans le cadre d’un nouveau modèle économique et social de manière à atténuer les impacts négatifs potentiels de telles réductions de financement.
Aussi bien, il est crucial d’évaluer attentivement les implications économiques, sociales et politiques d’une telle décision de s’orienter vers un régime d’autonomie pour la Guadeloupe. Une habilitation générale,cela pourrait permettre aux départements d’outre-mer de mieux répondre à leurs besoins spécifiques et de développer des politiques adaptées à leur réalité locale. Cela pourrait également favoriser une plus grande responsabilisation des autorités locales et encourager l’innovation dans la gestion des affaires publiques. Mais, d’autre part, être conscient que l’autonomie pourrait entraîner des inégalités entre les départements d’outre-mer et la France métropolitaine en termes de financement et de services publics. De plus, cela pourrait poser des défis en termes de coordination et de cohérence des politiques publiques, en particulier dans des domaines tels que la sécurité sociale et l’éducation.En résumé, l’autonomie accrue des départements d’outre-mer présente à la fois des opportunités et des risques voire des défis à l’avenir. En fait de quoi, il est important que toute décision en la matière soit prise après une analyse approfondie des conséquences à moyen – long terme sur l’ensemble des pays Guadeloupe et Martinique et de leurs politiques publiques qui pourraient souffrir d’une absence de moyens financiers accentuant par là même le mal développement et la paupérisation accélérée de la classe moyenne.
En somme, la France est confrontée à un défi économique majeur, avec une dette et un déficit publics qui menacent la stabilité économique et sociale du pays Guadeloupe. Les prochaines semaines et mois seront cruciales pour déterminer les mesures à prendre par les élus locaux afin d’éviter une crise financière majeure en Guadeloupe et Martinique.
« Lé konséyè pa lé péyè. «
– traduction littérale : les conseillers ne sont pas les payeurs
– moralité : faire attention aux conseils des gens de l’État et élus locaux de Guadeloupe et Martinique qui poussent à la responsabilité locale mais qui n’auront pas à faire face aux conséquences !
– traduction littérale : les conseillers ne sont pas les payeurs
– moralité : faire attention aux conseils des gens de l’État et élus locaux de Guadeloupe et Martinique qui poussent à la responsabilité locale mais qui n’auront pas à faire face aux conséquences !
Jean-Marie Nol, économiste