— Par Plerre-Yves PANOR —
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Laurence AURRY est originaire de Saint MALO. Elle réside depuis 20 ans à la Martinique et y enseigne les lettres.
Quand on lui demande de parler de son rapport à la Littérature Antillaise, elle répond sans sourciller qu’en sa qualité de professeur de français en lycée, il est important pour elle de promouvoir la culture et la Littérature Antillaise. Que chaque année, elle propose à ses élèves, l’étude d’une œuvre ou de textes antillais et ou caribéen. D’ailleurs ajoute-t-elle: « En ce moment nous étudions en lère « Bicentenaire » de Lyonel TROUILLOT afin de découvrir la littérature haïtienne. L’année dernière, nous avons étudié une œuvre de Maryse Condé et des poèmes de Césaire. L’année précédente, Patrick CHAMOISEAU, Ernest PEPIN et Raphael CONFIANT.
Du point de vue culturel, elle considère que la Martinique regorge de talents et de créativité mais que les moyens font défauts.
Vous l’aurez compris Laurence est une passionnée ouverte et curieuse des cultures. Passion et curiosité qui certainement ont quelque chose à voir dans la publication de son premier roman intitulé « La nuit du secret », une palpitante expérience qu’elle nous raconte avec délectation :
Vos nombreuses lectures et votre connaissance de la culture antillaise vous ont-elles aidées ou inspirées pour la rédaction de votre roman.
Je me nourris de toutes mes lectures. Rousseau, Rimbaud, Julien Gracq, Saint-John Perse, Robbe-Grillet, Chamoiseau, Césaire … ont servi de terreau à l’élaboration de cette œuvre. Je ne me nourris pas seulement de l’histoire ou du contexte ; le style, le rythme, l’âpreté ou la couleur des mots sont aussi essentiels.
Votre formation, votre métier et votre expérience, laissent penser que vous auriez pu écrire plus tôt, pourquoi ne l’avez-vous pas fait ?
J’ai commencé à écrire cette histoire, il y a plus de 10 ans déjà. J’avais produit une première version que j’avais envo e à plusieurs éditeurs qui m’avaient gentiment remerciée. Alors je l’avais laissée dans le fond d’un tiroir. J’avais peu de temps à moi avec mon métier et mes deux filles. Et puis, je suis revenue à l’écriture grâce à ATC (Écritures Théâtrales Contemporaines de la Caraïbe) qui organise, sous la présidence de Bernard Lagier, des ateliers d’écriture de pièces de théâtre en accueillant des auteurs de tous les horizons (Jean-Yves Picq, Gustave Akakpo, Louis-Dominique Lavigne … ). En 2009, j’ai participé au concours organisé par ATC et ma pièce, Variation pour trois Antigone, a été retenue parmi les dix meilleures. Ce qui m’a encouragée à reprendre l’écriture. J’ai retravaillé intégralement ma première version de La nuit du secret et je l’ai envoyée à L’Harmattan qui l’a acceptée aussitôt.
Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire « la nuit du secret » ?
Le désir d’approfondir la réflexion sur l’homme, sur son identité. Où se trouve la vérité humaine ? Dans notre apparence, nos actes, notre conscience ou dans notre rapport au monde ? C’est un roman qui doit questionner et déranger, c’est du moins ce que j’ai essayé de faire.
Combien de temps a duré la rédaction ?
Plusieurs années et de longues heures de réécriture.
Avez-vous connu ces douloureuses pannes d’inspiration ?
Oui bien sûr! Surtout dans ma première version, je ne trouvais pas de fin acceptable.
Avez-vous fait lire votre manuscrit par des proches avant de le soumettre à la maison d’édition ?
Oui, j’ai écouté les conseils avisés de ma soeur, qui elle-même est férue de littérature, et d’un ami, critique et courageux initiateur du site culturel, Madinin’art.
Avez-vous angoissé dans l’attente du verdict ?
Non, je ne m’attendais pas vraiment à une réponse positive, même si j’étais satisfaite de mon travail. Les éditeurs reçoivent tellement de manuscrits. On m’avaît dit que si je n’étais pas pistonnée je n’avais quasiment aucune chance. J’avais toutefois suivi les conseils d’une amie, Widad Amra, qui a déjà publié chez l’Harmattan.
Quelle a été votre réaction quand vous avez appris que votre manuscrit avait été retenu ?
Surprise, joie et satisfaction, comme la naissance d’un bébé.
Les émotions passées, trouvez- vous fastidieux la publication d’un roman ?
Oui, c’est le parcours du combattant. Mais, le plaisir de tenir dans ses mains sa propre création fait oublier toutes ces difficultés. C’est une très belle expérience.
Quel conseil donneriez-vous à un néophyte qui souhaite être publié ?
Ne pas se décourager mais accepter aussi de se remettre en question, de retravailler son texte, l’améliorer. L’écriture est une école de l’humilité.
Vous dites que la Martinique regorge de talents culturels et littéraires mais que les moyens manquent de quels moyens faites-vous allusions ?
Les aides pour les artistes et la diffusion de leurs œuvres en Martinique mais aussi dans l’Hexagone. La Martinique est petite, si un artiste veut vivre de son art, c’est très difficile. Par exemple, dans le domaine du théâtre et du cinéma, beaucoup de comédiens ne trouvent pas la reconnaissance qu’ils méritent. L’insularité protège mais aussi isole.
Mise à part la promotion de votre roman « La nuit du secret », pouvez-vous nous dire deux mots de vos projets à venir ?
J’envisage la publication de ma pièce, Variation pour trois Antigone, après modification de la fin, dont je ne suis pas encore satisfaite. L’une de mes trois Antigone est une antillaise, une jeune descendante d’une famille riche de colons blancs qui se heurte à son oncle Créon qui ne voulait pas admettre dans sa famille les deux demi-frères noirs d’Antigone.
Plerre-Yves PANOR
dans Plumes d’ici Le Magazine littéraire des Antilles
L’Harmattan :
ISBN : 978-2-296-55268-5 • septembre 2011 • 266 pages Prix éditeur : 22,80 €
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