— par Nico Hirtt —
« Approche par compétences », « évaluation par compétences », « compétences de base », «compétences transversales », «socles de compétences », « compétences terminales »… Le concept de «compétences» est devenu incontournable dans les écrits sur l’enseignement. Son succès est planétaire. Après les États-Unis, le Québec, la Suisse, la France, la Communauté française de Belgique et les Pays-Bas, « l’obsession des compétences » [Boutin et Julien, 2000], cette nouvelle «pensée pédagogique unique» [Tilmant 2005], est désormais en train de conquérir la Flandre. Mais sous le couvert d’un discours parfois généreux et moderniste pourrait bien se cacher une opération de mise au pas de l’enseignement : sa soumission aux besoins d’une économie capitaliste en crise.
Dans le monde francophone, le mouvement de réforme pédagogique baptisé «approche par compétences» a commencé par se développer au Québec et en Suisse romande, avant de s’étendre à la Belgique, à Madagascar et, plus timidement, en France. En Communauté française de Belgique, c’est le «décret missions» de juillet 1997 qui a donné le coup d’envoi de la réforme. Il y était question d’ « amener tous les élèves à s’approprier des savoirs et à acquérir des compétences qui les rendent aptes à apprendre à apprendre toute leur vie et à prendre une place dans la vie économique, sociale et
culturelle». Ainsi se trouvaient associées officiellement, et pour la première fois, deux idées : celle de viser le développement de «compétences» (même si en 1996 on les place encore sur le même pied que les «savoirs») et celle d’utiliser plus efficacement l’enseignement obligatoire au service de la «vie économique». En mai 1999, le parlement de la Communauté française adoptait les «socles de compétences» de l’enseignement primaire et du premier cycle secondaire et, un an plus tard, il votait les «compétences terminales» à atteindre en fin d’enseignement secondaire. Les années 2001 et suivantes virent l’arrivée progressive, dans tous les niveaux et réseaux d’enseignement, de nouveaux programmes basés sur l’approche par compétences.
Une approche ni récente ni originale
Ces réformes ont eu lieu au moment où, parallèlement, le Parlement européen et le Conseil des ministres européens approuvaient (de 2000 à 2006) un cadre de référence pour les «compétences-clé» nécessaires «à l’apprentissage tout au long de la vie, au développement personnel, à la citoyenneté active, à la cohésion sociale et à l’employabilité» [Parlement européen, 2006]. Ce programme européen faisait suite à des initiatives semblables au niveau de l’OCDE et de la Banque mondiale qui, elles aussi, proposèrent leurs listes de «compétences de base pour entrer dans l’économie de la connaissance».
http://www.skolo.org/spip.php?article1099
Cet dossier a initialement été publié dans L’école démocratique, n°39, du mois de septembre 2009.
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