Le mot « apartheid » évoque le système ségrégationniste de l’Afrique du Sud. C’était un système d’oppression et de domination d’un groupe racial sur un autre, en l’occurrence celle des noirs par les blancs. Aujourd’hui, nous pouvons aisément faire un parallèle avec la ségrégation politique que subissent les Antillais expatriés par leurs compatriotes vivant dans l’île.
La plupart du temps quand un Antillais de l’hexagone ou de l’étranger veut participer au débat politique aux Antilles, on lui rappelle qu’il ne vit pas sur place et qu’il est dans l’incapacité de saisir les problématiques des Antilles. Cette mise à l’écart politique est une réalité pour des milliers d’Antillais lors de leur séjour dans leur île d’origine. C’est ce que je qualifie par le terme « apartheid antillais ».
Certains insulaires sont les premiers à dire que les Antillais sont victimes de discrimination et de racisme dans l’hexagone, ou encore qu’ils subissent la colonisation. Paradoxalement à ce qu’ils pensent, ces mêmes Antillais sont les premiers à pratiquer la discrimination politique de leurs frères aux pays.
On peut comprendre, aisément, qu’il est difficile d’être victime de ségrégation antillaise de la part de sa communauté. Certains insulaires pratiquent l’apartheid antillais, allant parfois jusqu’au rejet de l’individu qui souhaiterait s’impliquer ou s’exprimer. Et pourtant, il est à noter que l’on peut habiter dans l’hexagone ou à l’étranger et vivre pleinement sa culture antillaise. On naît et on demeure antillais dans la tête… En effet, la distance renforce les liens avec ses racines.
Bien souvent d’ailleurs, les revendications des insulaires sont relayées par les Antillais de l’hexagone et de l’étranger. Ces expatriés, antillais, partagent les joies mais aussi les souffrances des leurs.
Aux Antilles, certains ont tendance à oublier que ces expatriés sont leurs premiers ambassadeurs. Le rayonnement des Antilles porte davantage quand il est représenté par des Antillais où qu’ils soient. Avec ce terme d’apartheid antillais, c’est le paradoxe même du rêve antillais qui prend tout son sens… Certains insulaires veulent s’expatrier pour de multiple raisons, alors que certains expatriés se donnent les moyens d’un retour au bercail.
Force est de constater, que nous avons aussi bon nombre d’expatrié santillais qui méprisent leurs frères insulaires, avec ou sans raison valable. Ce sont des anti-antillais ! Ce monde n’est pas facile à vivre et il faut de tout pour faire le monde antillais.
Aujourd’hui, nous avons un devoir de dénoncer l’apartheid antillais tout comme l’anti-antillais. Ce sont des états d’esprit de séparation qui dépossèdent les expatriés de leur identité par la chose politique. Il n’y a aucun intérêt à se diviser bien au contraire ! On a enfin compris qu’il était indispensable que les Antillais expatriés reviennent dans leur pays natal. Un retour, certes mais à quel prix ? Le monde du travail aux Antilles a ses exigences…
Mettre à part des Antillais parce qu’ils ne vivent plus aux Antilles
En matière de développement économique, de finance et de culture, la communauté antillaise à un formidable réservoir de matière grise au pays, mais aussi, dans l’hexagone et à l’étranger.
Les expatriés sont donc une chance pour les Antilles : ils partent découvrir, se former, s’enrichir, se renforcer pour ramener le meilleur au pays. Et pour cause les voyages ouvrent l’esprit… Toutefois, ce serait une erreur de croire que les esprits sont étriqués quand on reste dans l’île, bien au contraire. C’est la complémentarité des deux forces d’esprits qui révèle être une chance pour les Antilles, cela permettrait de prendre part et de trouver sa place dans cette mondialisation sans foi ni loi.
Dans cet apartheid antillais, on condamne à tort les expatriés antillais à n’être que des sujets de visite dans leur patrie. Avec une mentalité de ce type, le retour aux Antilles diminue, voire même, n’est plus envisageable. Ce qui pourrait expliquer l’anti-antillais de certains. Ces expatriés se transforment en générations sacrifiées dans l’exil et c’est un peu la faute de la politique. Cela ne s’avère-t-il pas être le symptôme d’un pays malade de ses enfants expatriés ? Chacun se fera son avis sur le sujet.
Si la mise à l’écart des expatriés en matière politique est accentuée par l’éloignement, elle n’est pas justifiée dans une pensée insulaire, assurément on a aussi besoin des apports extérieurs pour se développer. Les expatriés participent d’une manière ou d’une autre à la vie active de la communauté.
Le retour des expatriés devient une nécessité vitale quand on sait que les Antilles sont dans une phase de vieillissement aussi massif que rapide.
Selon des prévisions, 40% de la population aurait plus de 60 ans à l’horizon 2040. Une situation lourde de conséquences pour la société antillaise. L’expatriation et la baisse de la démographie sont à l’origine de la faillite de la société antillaise.
Les expatriés deviennent donc, non seulement une chance mais surtout une nécessité vitale pour les Antilles.
Pour donner plus de chance à leur retour aux Antilles, il faut que les expatriés participent à la vie politique de tout temps de la chose politique. Être antillais, c’est aussi une expérience, une réalité. La pratique de l’apartheid antillais de certains insulaires est une faiblesse de la société antillaise. Dans l’apartheid antillais, l’expatrié ne disparait pas, il se transforme. Dans ce phénomène d’apartheid, l’antillais expatrié n’a plus que deux solutions : se renforcer ou se détruire lui-même à travers l’anti-antillais.
Dans cet article, j’ai volontairement utilisé des termes pour marquer les esprits tels que : apartheid, expatrié et ségrégation. Mais ces mots et expressions ne reflètent pas la situation sociale des Antillais.
Ce sont des expressions fabriquées de toute pièce pour l’occasion en se questionnant :
Qu’est-ce qu’un expatrié antillais ? C’est un Antillais exerçant son activité professionnelle ou qui est parti se former dans l’hexagone ou dans un pays étranger.
La ségrégation antillaise, c’est l’action de mettre à part des Antillais parce qu’ils ne vivent plus aux Antilles.
L’Antillais ne se reconnaît plus comme tel, quand il souffre des discriminations portées par ses frères. Certains Antillais sont inconscients de leur valeur tant qu’ils ne seront pas conscients de la fracture que peut provoquer l’apartheid antillais.