21 février – 13 mai 2018 au Centre Pompidou
Le Centre Pompidou consacre, pour la première fois en France, une rétrospective de grande ampleur au photographe sud-africain David Goldblatt.
L’exposition offre une traversée de l’ensemble de la production du photographe (né en 1930) et présente plus de deux cents photographies, une centaine de documents inédits – issus des
archives de l’artiste -, des essais de jeunesse (comme les premières photographies qu’il prend dans les mines de Randfontein), jusqu’aux images les plus récentes.
Sept films, spécialement produits par le Centre Pompidou pour l’événement, sont diffusés au fil des sections du parcours de l’exposition. David Goldblatt y commente ses photographies et invite les visiteurs à plonger dans son oeuvre fascinant, qui apprend à regarder avec un oeil conscient et analytique.
Depuis les années 1960, David Goldblatt parcourt son pays natal, l’Afrique du Sud. à travers ses photographies, il raconte son histoire, sa géographie, et ses habitants. Ses images examinent
scrupuleusement l’histoire complexe de ce pays où il fut témoin de la mise en place de l’Apartheid, de son développement, puis de sa chute.
Lauréat du Hasselblad Award (2006) et du prix Henri Cartier-Bresson (2011), David Goldblatt est aujourd’hui considéré comme un des photographes majeurs du 20e siècle. L’artiste limite chaque travail personnel à un lieu particulier, dont il a une très bonne connaissance. Cette parfaite maîtrise du terrain lui permet de trouver la forme la plus juste pour exprimer toute sa complexité.
Si son approche documentaire le rapproche de maîtres tels Dorothea Lange, Walker Evans, August Sander ou encore Eugène Atget, Goldblatt n’a jamais voulu adopter des protocoles photographiques existants qu’il juge trop réducteurs.
La singularité de l’art de Goldblatt réside, plus largement, dans son histoire personnelle et sa vision de la vie. Né dans une famille d’immigrés juifs lituaniens fuyant les persécutions, il est élevé dans un esprit d’égalité et de tolérance vis-à-vis des personnes d’autres cultures et d’autres religions. En témoignent ses premières photographies faites à l’âge de 14 à 18 ans – dockers, pêcheurs, ouvriers miniers. à ce respect, s’ajoutent sa curiosité et sa volonté de comprendre. C’est ce qui l’a poussé, après l’avènement de l’Apartheid, à poser son regard sur les petits agriculteurs afrikaners qu’il croisait dans la boutique de vêtements de son père. Le désaccord avec la politique raciale de l’Apartheid et les abus du gouvernement actuel sont à la source d’une longue série d’images entreprise il y a presque quarante ans, intitulée Structures. Les photographies des bâtiments et des paysages, accompagnées de légendes informatives détaillées, encouragent une réflexion sur le rapport que les formes de ces environnements entretiennent avec les valeurs sociales et politiques des individus ou des groupes sociaux qui les construisent et les habitent.
David Goldblatt répète souvent que, pour lui, la photographie n’est pas une arme et qu’il ne veut la rapprocher d’aucune propagande, même dans un but louable. Le langage photographique qu’il a privilégié est, dans la lignée de cet esprit, à la fois simple et intense.
Figure-clé de la scène photographique sud-africaine et photographe emblématique du documentaire engagé, David Goldblatt donne un espace à la personne ou au lieu photographié, exprimant ainsi leurs idées et leurs valeurs. Il entretient depuis 40 ans cette tension singulière entre les sujets, le territoire, le politique et la représentation.
l’exposition Commissaire : Karolina Ziebinska-Lewandowska
Conservatrice, Cabinet de la photographie, musée national d’art moderne
Liliana Dragasev Corinne Marchand
Chargée de production Architecte-scénographe