— Par Roberson Alphonse —
Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken affirme que l’administration Biden « s’oppose » au référendum constitutionnel du président Jovenel Moïse et indique qu’il y a une possibilité et une opportunité, si les étapes appropriées sont respectées, d’avoir des élections, lors d’une audition sur le budget 2022 du Département d’État devant la commission Affaires étrangères du Congrès, le 7 juin 2021.
« Notre politique -laquelle doit se refléter dans ce que l’on dit ou fait – est de s’opposer au référendum pour les raisons que vous dites », a répondu le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, interrogé par le congressman du Michigan, Andy Levin, sur ce que fait l’administration Biden pour que ce « référendum illégal n’ait pas lieu ».
« Notre position, en effet, est qu’il ne doit pas avoir lieu. C’est la position de notre gouvernement. Nous la faisons savoir », a insisté M. Blinken, qui a également répondu aux considérations d’Andy Levin, estimant que les Etats-Unis, au lieu de presser pour faire des élections à tout prix, même si des élections avec le régime de facto du président Moïse ne seront pas libres ou équitables, devraient de préférence s’attaquer à la corruption, à la violence et à l’impunité et aux éléments qui alimentent cette crise. « Nous supportons d’autres activités préélectorales. Nous pensons encore qu’il y a une possibilité et une opportunité, si les étapes appropriées sont respectées, d’avoir des élections », a indiqué Antony Blinken.
« Entre-temps, nous donnons une assistance à la police pour qu’elle fasse son travail avec plus d’efficience en faisant face à l’insécurité profondément préoccupante qu’il y a en Haïti », a-t-il fait savoir devant cette commission dirigée par Gregory Meeks, l’un des plus virulents détracteurs de Jovenel Moïse au Congrès des États-Unis.
Les éléments de langage du secrétaire d’Etat américain Antony Blinken à cette audition sur le budget 2022 du Département d’Etat et les grands chantiers de la diplomatie américaine montrent une évolution par rapport à ceux de Julie Chung, le 18 mai dernier, à une réunion sur Haïti avec des membres de la diaspora haïtienne. « Les besoins du peuple haïtien sont beaucoup trop pressants pour que les élections soient encore retardées. Vous n’organisez pas d’élections quand cela vous convient, vous les organisez quand le moment est arrivé », avait-elle indiqué, soulignant qu’aux « États-Unis, même pendant les moments les plus conflictuels et les plus controversés de notre histoire – ralentissement économique, manifestation, catastrophe naturelle, guerre civile sanglante – des élections ont régulièrement été organisées pour que notre République puisse continuer à progresser ».
La diplomate américaine, dans son plaidoyer pro-élections, quelles que soient les circonstances, avait énuméré d’autres exemples. « Des pays du monde entier et d’Amérique latine et des Caraïbes – pays confrontés à des problèmes de sécurité et d’infrastructure – réussissent régulièrement à le faire (élections, ndlr) malgré les problèmes auxquels ils sont confrontés. Des pays avec de graves divergences politiques surmontent leurs différends pour le faire – et Haïti peut le faire aussi », avait estimé Julie Chung, qui avait souligné à l’encre forte que « la démocratie électorale constitue le fondement d’un État stable et prospère ».
Avant cette position non équivoque prise par le secrétaire d’Etat Blinken, l’administration Biden a été critiquée pour son ambiguïté sur le référendum. Sur les élections à tout prix, le Miami Herald, dans un éditorial du board, avait indiqué que vu la situation actuelle en Haïti, les élections ne feront que l’aggraver.
Lundi dernier, le Conseil électoral provisoire (CEP) a annoncé l’ajournement du référendum prévu le 27 juin. « Le Conseil électoral provisoire, suite au renouvellement de l’état d’urgence sanitaire par l’exécutif le 31 mai 2021, tenant compte des différentes rencontres avec la cellule scientifique et le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP), se voit dans l’obligation d’ajourner le scrutin référendaire du 27 juin 2021 », pouvait-on lire dans le communiqué # 11 du CEP, signé par Guylande Mésadieu, présidente du Conseil.
«Cette décision, selon ledit communiqué, est motivée par les difficultés pour le Conseil de rassembler et de former l’ensemble du personnel vacataire pour la réalisation du scrutin ». « Par conséquent, un nouveau calendrier d’activités référendaires et d’élections sera adopté et publié par le Conseil après les recommandations des autorités sanitaires et les avis techniques des cadres de l’institution électorale », avait indiqué ce communiqué de ce CEP décrié dont les membres n’ont toujours pas prêté serment devant la Cour de cassation.
Roberson Alphonse
Publié le 2021-06-09 | lenouvelliste.com