Le journal « Révolution socialiste », du G.R.S., nous parvient aussi en version texte maintenant. Voici le n° 209 du 12 juillet 2021
Nous avons montré en quoi le système électoral inique de la CTM est source d’abstention. On pourrait faire la même démonstration concernant la France. Une bonne partie du corps électoral qui ne se reconnaît pas dans le duel mortifère Macron-Le Pen est exclue de la représentation parlementaire (vu l’absence de la proportionnelle pour l’Assemblée Nationale et le fameux suffrage indirect au Sénat) et n’a pas droit au chapitre dans l’élection présidentielle. D’ailleurs, le principe même est contesté par les adeptes d’un changement de République. Le raisonnement est le même que pour les élections à la CTM qui ne font que porter le vice à son paroxysme.
Mais beaucoup de gens ne s’occupent même pas du système électoral. Leur abstention s’appuie sur un constat brut et sommaire : on réclame des choses, on a des exigences logiques et incontestées, on les exprime parfois avec force et on ne voit rien venir. Tout reste pareil. Alors à quoi bon ! Les politiques sont globalement considérés comme responsables de cette situation car la très grande majorité d’entre eux expliquent à longueur de campagne électorale, qu’une fois élu-e-s, elles et ils vont résoudre ces problèmes.
Il y en a qui pousse la coquetterie jusqu’à éviter de promettre tout en s’ingéniant à lister méticuleusement les dits problèmes pour laisser supposer que leur arrivée aux affaires signifiera la fin des problèmes !
Dans notre campagne nous nous sommes appliqués à indiquer les mesures à prendre pour attaquer les problèmes et à souligner que ces mesures ne pourraient être prises que si la mobilisation populaire entrait dans la danse. Cette argumentation va évidemment à l’encontre d’une tradition fortement entretenue par les Politiques à pignon sur rue. De ce côté là, on définit depuis des siècles la politique comme le lieu où on fait pour vous. Votez pour moi et je vais faire pour vous. Cette pensée néfaste est si ancrée dans les mentalités que beaucoup, dans le peuple, ont un argument-massue pour discréditer un-e candidat-e : ki sa X ou Y, ké fè ba-w ? Et bien entendu le faire «pour vous » est facilement entendu comme «faire pour toi », en tant que personne, connaissance, parents, ami-e ou allié-e. La boucle du clientelisme, du filon, du népotisme est ainsi vite bouclée.
Quand on pense que l’essentiel de celles et ceux qui versent des larmes de crocodile sur l’abstention, baignent dans de telles pratiques qui nourrissent l’abstention, on a envie de donner raison aux abstentionnistes en oubliant que l’abstention n’est finalement qu’une non réponse à un vrai problème.
(à suivre)
Chlordécone : Relançons la mobilisation !
L’État se hâte avec lenteur et ne renonce pas à sa logique de miettes et d’ambiguïté. Chacun pourra faire analyser son sang pour connaître son taux de chlordécone mais dans le meilleur des cas recevra des conseils pour s’alimenter sans risques… dans un environnement où chlordécone et pesticides persistent. Un taux de dangerosité est défini qui rappelle le principe des LMR (limite maximale de résidus). En-dessous du chiffre défini sur la base des publications scientifiques existantes les risques pour la santé seraient faibles. Le CHU nous dit-on sera à même de procéder aux analyses «avant la fin de l’année » sans passer par Limoges.
On s’oriente enfin vers l’inscription du cancer de la prostate dans le tableau des maladies professionnelles mais on laisse de côté pour ce tableau, toutes les autres pathologies.
Aucun changement dans les sommes allouées au «plan 4 ». En conséquence, on est loin des véritables réparations sans parler de la justice qui suit le cours que l’on sait.
L’élément nouveau est ailleurs. Il est dans la possibilité de passer à une vitesse supérieure de la mobilisation. Aujourd’hui à la CTM, les partis opposés à la médiocrité du plan 4 sont majoritaires dans leur diversité. Le Président de l’exécutif se déclare prêt à engager la CTM dans le combat « non pas pour vivre avec le chlordécone mais pour sortir du chlordécone ». Rien ne devrait donc s’opposer à la constitution d’un front actif intégrant le mouvement social et l’institution concernée.
Le mouvement social doit se donner les moyens de peser pour transformer cette idée en réalité. Ce moyen est triple : conserver son indépendance, construire son unité, prendre l’initiative. Une chose saute aux yeux : les forces et personnes agissant chacune à leurs manières sont nombreuses mais la coordination fait défaut même quand nombreux sont celles et ceux qui n’ont à la bouche que le mot «co-construction »!
C’est le mérite de Lyannaj Pou Dépolyé Matinik (LPDM) de ne l’avoir jamais oublié. Le moment semble propice pour faire un pas en ce sens.
Il fut secrétaire général de l’OJAM : L’avocat et militant Hervé Florent est décédé.
Il y a deux semaines, Hervé Florent s’est éteint dans une grande discrétion, attitude qu’il a toujours su garder durant toute sa vie militante, familiale et spirituelle et dans ses rencontres avec les autres. Sa mort rappelle encore une fois, ce combat d’il y a une soixantaine d’années (émeutes de décembre 59, répression massive dont l’ignoble ordonnance du 15 octobre 60, assassinats de mars 61 au Lamentin, et procès de l’O.J.A.M, pour atteinte à la sureté de l’État. Cette O.J.A.M était la réponse unitaire de militantes et militants tant autonomistes qu’indépendantistes pour fortifier la résistance politique de notre peuple. C’était le moment où toute la Caraïbe (dont Cuba en pleine victoire révolutionnaire) et l’Amérique centrale et aussi le Vénézuéla et la Colombie se soulevaient. Hommage à Hervé Florent, qui fut militant communiste dont on ne doit jamais oublier cette contribution à la vie militante de notre pays.