Le référendum historique en Australie sur les droits des Aborigènes a été un moment crucial pour le pays, marqué par une campagne acharnée qui a creusé les divisions raciales au sein du pays-continent. Ce référendum portait principalement sur deux points majeurs : la reconnaissance des Aborigènes en tant que premiers habitants de l’Australie dans la Constitution et la création d’un organe consultatif spécifique appelé « La Voix » au sein du Parlement et du gouvernement. Ce conseil consultatif aurait eu pour mission d’émettre des avis sur les lois et les politiques publiques affectant les populations autochtones, y compris les Aborigènes et les insulaires du détroit de Torres, qui représentent 3,8% de la population australienne, soit environ 984 000 personnes.
Le contexte de cette réforme était chargé d’émotion et de symbolisme. L’Australie, comme de nombreux autres pays colonisateurs, avait une longue histoire de traitement injuste envers ses populations autochtones. Les Aborigènes, qui ont une histoire vieille de 60 000 ans sur ces terres, ont été dépossédés de leurs terres, soumis à des discriminations systémiques et privés de droits fondamentaux pendant des générations.
Anthony Albanese, chef du parti de centre-gauche, a dirigé la campagne en faveur du « oui ». Il a plaidé en faveur de cette réforme en insistant sur l’importance du respect envers les peuples autochtones d’Australie. Selon lui, cela ne concernait pas seulement la manière dont les Australiens se percevaient en tant que nation, mais aussi comment le monde les percevait. Il a souligné que l’acceptation du « oui » signifierait la fin d’un fardeau historique pour tous les Australiens, en reconnaissant enfin la voix des Aborigènes, longtemps ignorée.
Cependant, le « non » a fini par l’emporter avec 57,35% contre 42,65% pour le « oui ». Cette victoire du « non » a été accueillie avec déception par de nombreux Australiens, en particulier par les partisans du « oui » qui avaient espéré un résultat différent. Plusieurs États, dont la Nouvelle-Galles du Sud, la Tasmanie, le Queensland et l’Australie-Méridionale, ont voté contre la modification de la constitution, ce qui était nécessaire pour que le référendum soit approuvé.
La défaite a été un coup dur pour les partisans du « oui », dont Thomas Mayo, un dirigeant autochtone. Ils considéraient cette réforme comme essentielle pour cicatriser les blessures historiques de la colonisation et des discriminations raciales. La campagne a été entachée par une multitude de commentaires racistes sur les médias en ligne, ce qui a mis en lumière les divisions persistantes au sein de la société australienne en ce qui concerne la question des droits des Aborigènes.
De plus, de fausses informations ont circulé, notamment des allégations selon lesquelles la réforme entraînerait la remise en cause des titres de propriété ou nécessiterait des réparations financières importantes. Ces fausses informations ont contribué à semer la confusion parmi les électeurs et à renforcer l’opposition à la réforme.
Initialement, le camp favorable à la réforme de la Constitution semblait en position de force, mais il a progressivement perdu du terrain au fil des mois, en grande partie en raison de la campagne menée par l’opposition conservatrice, dirigée par Peter Dutton, ancien ministre de la Défense. Les partisans du « non » considéraient la réforme comme un bricolage constitutionnel susceptible de créer des divisions au sein de la société en créant une distinction de citoyenneté.
Le résultat du référendum a été un rappel poignant des défis persistants auxquels l’Australie est confrontée en matière de réconciliation et de reconnaissance des droits des populations autochtones. Il a également mis en évidence les clivages idéologiques et culturels qui existent au sein de la nation australienne en ce qui concerne la question des droits des Aborigènes.
Les partisans du « oui » avaient l’espoir que cette réforme contribuerait à panser les plaies encore vives d’un passé de colonisation et de répression raciale. Plus de 200 ans après la colonisation britannique, les Australiens autochtones, dont les ancêtres vivent sur le continent depuis au moins 60 000 ans, ont les mêmes droits que les autres citoyens, mais ils souffrent toujours de fortes inégalités socio-économiques.
Le chef aborigène Thomas Mayo a exprimé sa colère contre ceux qui ont fait campagne en faveur du « non ». Il a déclaré que ces personnes avaient menti aux Australiens et que cette malhonnêteté ne devrait pas être oubliée par le peuple australien. Il a souligné la nécessité de conséquences pour de tels comportements dans une démocratie.
Le Premier ministre de centre-gauche, Anthony Albanese, qui s’était fortement impliqué dans la campagne en faveur du « oui », avait lancé un dernier appel ému aux électeurs, qui ne l’ont pas entendu. Il avait souligné que cette réforme était une occasion de faire preuve de bienveillance dans un monde marqué par la haine. Il avait insisté sur le respect envers les indigènes australiens, affirmant que cela ne concernait pas seulement la nation, mais aussi la perception de l’Australie à l’échelle mondiale.
En fin de compte, le vote était obligatoire pour les 17,5 millions d’électeurs australiens, et le résultat a marqué une étape importante de l’histoire de l’Australie, rappelant la nécessité de continuer à travailler vers la réconciliation et la reconnaissance des droits des populations autochtones. La défaite du « oui » a mis en lumière les défis persistants auxquels le pays est confronté dans son cheminement vers une société plus équitable et inclusive pour tous ses citoyens, quelle que soit leur origine.