WARNING: unbalanced footnote start tag short code found.
If this warning is irrelevant, please disable the syntax validation feature in the dashboard under General settings > Footnote start and end short codes > Check for balanced shortcodes.
Unbalanced start tag short code found before:
“Brenda Blethyn), vit dans une maison perdue au milieu de rien en plein cagnard, assommée de soleil brûlant 360 jours par an. Elle passe ses soirées à siroter de la bière en écoutant Barbara ! La camera de Rachid Bouchareb souligne admirablement l’adéquation métaphorique du vide paysa…”
Rachid Bouchareb signe un film intelligent et sensible. A Madiana à 19h en V.O.
— Par Roland Sabra —
Converti à l’islam au cours des 18 années passées en prison un prisonnier en liberté conditionnelle, Forest Whitaker dans le rôle de William Garnett, essaie de se refaire une vie en tirant définitivement un trait sur son passé. Le Shérif du Comté, Bill Agati ( Harvey Keitel) et son ancien complice, Terence (Luz Guzman) pour des raisons opposées ne l’entendent pas ainsi. Ils vont le harceler sans cesse malgré l’attitude bienveillante d’Emily Smith la contrôleuse judiciaire (Brenda Blethyn) . Le premier pour lui faire payer la mort de son adjoint, le second pour le faire replonger dans la délinquance. Alliance objective de deux contraires pour la ruine d’une rémittence.
Le film est inspiré d’un classique du cinéma français , «Deux hommes dans la ville» de José Giovanni, tourné en 1973 avec Jean Gabin, Alain Delon et Michel Bouquet et qui à partir de la ré-intégration d’un ancien taulard, était un manifeste contre la peine de mort. « La voie de l’ennemi », recentre la thématique sur la réinsertion en y adjoignant celle de l’immigration et celle de la conversion à l’Islam. Pari ambitieux, casse-gueule, mais réussi.
Forest Whiteker, l’américain amoureux du cinéma européen, et Rachid Bouchareb, le réalisateur franco-algérien fasciné par les États-Unis, se connaissent et s’apprécient depuis longtemps. Ils voulaient travailler ensemble.C’est fait et c’est un joli travail.
La transposition de l’histoire de la ville au désert du Nouveau-Mexique en dédouble une autre qui est celle de la multitude urbaine à la solitude extrême des personnages isolés dans l’aridité et le vide des espaces géographiques et affectifs qui les emprisonnent. La rencontre, peu crédible par ailleurs, entre William Garnett et Teresa Flores (Dolores Heredia) sera celle de deux éloignements. Il est des cellules d’isolement sans barreau, hors des prisons. Emily Smith ((Brenda Blethyn), vit dans une maison perdue au milieu de rien en plein cagnard, assommée de soleil brûlant 360 jours par an. Elle passe ses soirées à siroter de la bière en écoutant Barbara ! La camera de Rachid Bouchareb souligne admirablement l’adéquation métaphorique du vide paysagé avec le vide existentiel et relationnel des personnages. Dans le rôle de Bill Agati, Harvey Keitel suggère un personnage ambigu, sensible à en verser des larmes devant l’épopée des travailleurs mexicains, anciens cultivateurs ruinés par le maïs étasunien largement subventionné, qui cherchent pour survivre à se faire embaucher dans les usines à viande de l’autre côté de la frontière et qui doivent échapper non seulement à la police , mais aussi aux « chasseurs-citoyen »s, armés et équipés de pied en cape, à la recherche d’un gibier d’un nouveau genre : les immigrés clandestins. Et c’est le même Bill Agati, moult fois ré-élu à son poste, affable avec ses concitoyens qui, animé d’une haine féroce, inextinguible, va harceler et persécuter le repenti. Forest Whiteker incarne un homme déchiré entre nature et culture. Le refuge dans la religion apparaît bien précaire face à l’impulsivité toujours prête à déborder qui l’habite depuis sa venue au monde. Sa socialisation qu’elle ait été primaire ou secondaire ne semble n’avoir été être qu’une acculturation inachevée pour ne pas dire ratée. La force pulsionnelle chez lui se révèle inéducable. Elle le porte et l’emporte.
Le film est soutenu avec brio par un trio d’acteurs qui certes, font montre d’une grande rudesse dans leurs affrontements, mais sans pour autant être dépourvus d’une sensibilité et d’une épaisseur psychologique qui donnent crédibilité à leurs personnages. La photographie offre des paysages magnifiques qui tirent le film vers le western, façon Sergio Léone ou John Ford.
Rachid Bouchareb de «Baton Rouge» à «Little Sénégal», en passant par «Indigènes», sans oublier «Hors-la-loi» et quelques autres, non seulement réalise des films originaux et de qualité mais est en passe de construire une œuvre. Car enfin qui sont-ils les cinéastes français à avoir réussi un film aux États-Unis ? Jean Renoir, Jacques Deray, Bruno Dumont… Excusez du peu !