— Par Selim Lander —
Prière aux grincheux de s’abstenir ! Comme son nom l’indique, ce cirque qui n’en est pas vraiment un ne débarque pas du Canada, et contrairement à ce que l’accent des trois bonshommes qui s’agitent sur la scène pourrait laisser penser, mais d’une lointaine planète – peut-être de l’étoile alpha II du Centaure, va savoir ? – où la rigolade et la fantaisie sont les principales règles de la vie politique. Puristes de l’art circassien, abstenez-vous itou, car vous ne verrez aucun numéro époustouflant, rien qui puisse accélérer les battements de votre cœur. Nous sommes dans le domaine du « presque rien » dont au sujet duquel j’ai déjà eu à vous causer mais pas tout-à-fait du « n’importe quoi » et c’est ce « pas tout-à-fait » qui fait toute la différence ! Réussir un spectacle avec presque rien – ou si peu ! – c’est possible en effet tant que l’on ne fait pas « tout-à-fait » n’importe quoi ! La preuve avec ces Kouglistanais.
Il se trouve que le modeste signataire de ces lignes a eu l’occasion – dans le cadre de ses pérégrinations de critique au long cours – de tomber naguère sur un spectacle de la même eau, Circo Ripopolo, dans lequel (je vous renvoie ici à mon compte-rendu[1]) deux personnages improbables semblaient inventer un spectacle n’importe comment, sauf que ce n’était pas « tout-à-fait » le cas. Avec nos Kouglistanais, nous sommes en présence d’un spectacle de la même veine (avec néanmoins un zeste – un zeste, pas davantage – de technique en plus).
Donc (pourquoi « donc », au fait ?) trois acrobates-jongleurs de leur état sont tenus de tenir la scène pendant une heure alors que leurs compétences dans lesdits arts sont un peu limitées (de ce qu’il en est en réalité, nous ne saurons jamais et c’est là, of course, l’un des teasers du spectacle : font-ils exprès de se limiter ou ne peuvent-ils pas mieux faire, car on avouera – n’est-ce pas – que jongler avec trois balles est vraiment le degré zéro de la jonglerie – ou du jonglage puisque les deux se disent ?)
Le fait est qu’ils la tiennent, la scène. Le début est un peu déroutant : pourquoi qu’ils parlent comme ça, tout le temps, dans un micro au lieu de « cirquer » (ou « circassier » – les deux pourraient se dire) puisque c’est pour ça qu’on a payé ? Et puis on leur pardonne cette manie. Après tout, il y a des gens qui ont besoin de s’exprimer, et puis, là, ils sont sur une scène, l’occase à pas rater, non ? Mais quand même, on a envie que ça commence. Eh ben, ça commencera jamais vraiment puisque – voir plus haut – numéros époustouflants : peau de zeb (ou de zébi) ! Eh ben, malgré tout, l’esspectacle avance et même vivement (malgré les constants commentaires au micro – voir plus haut, again). Pourquoi que ça marche ? Mystère et boule de gomme ! Mais ça marche. Alors que dire de plus, sinon merci les Kouglistanais et continuez ?
Pour les petits et les grands. Un spectacle de Tropiques-Atrium, 4 et 5 février 2017.
PS : Et spécialement merci pour le morceau de Pink Floyd.
[1] http://www.madinin-art.net/ciam-2016-les-jours-et-nuits-du-cirque/