La vérité nue de Corinne Masiero fait des émules

Les occupants et occupantes du Centre dramatique national du Limousin réagissent aux attaques contre la comédienne qui s’est dénudée durant les César. « Où est l’indécence ? Du côté du corps nu de Corinne Masiero ? Ou du côté de l’inaction du gouvernement face aux 2 millions de travailleurs et travailleuses empêché.e.s et d’étudiant.e.s précarisé.e.s qui demandent à être soutenu.e.s ? » écrivent-ils dans une lettre que nous publions. 

Madame la défenseuse des droits,

Monsieur le Procureur de la République,

Nous avons l’honneur, par la présente, de porter à votre connaissance notre réaction quant à l’attaque portée à l’encontre de madame Corinne Masiero pour avoir eu l’indécence de dénoncer nue la détresse des personnes précarisées qui subissent les restrictions actuelles. Nous vous prions, madame, monsieur, de recevoir notre appel.

Nous : précaires, travailleurs.ses discontinu.e.s du spectacle, de l’hôtellerie, du tourisme, chômeurs.ses par intermittence, travailleurs.ses-étudiant.e.s voyons nos secteurs d’activité empêchés depuis un an.

Les uns après les autres, nous perdons peu à peu nos moyens de subsistance.

Pour commencer : la fermeture des théâtres, café-concert, restauration, événementiel… qui n’ont pas pu nous embaucher cette année. Ce qui nous prive d’emploi.

Le fait d’être privé.e d’emploi, cumule la baisse de nos revenus et la perte de nos indemnités chômage qui ne peuvent plus se renouveler par manque de cotisations.

Ce mécanisme touche aussi ceux qui parmi nous, par malheur, tombent malade et celles qui s’apprêtent à accueillir un enfant et qui n’ont droit à aucune indemnité de la part de la sécurité sociale.
 

Dans cette situation déjà insupportable et alors que nous constatons chaque jour l’aggravation de notre situation sans perspectives d’amélioration, nous apprenons l’arrivée de la seconde partie de la reforme d’assurance chômage qui va faire baisser drastiquement les indemnités de ceux qui par chance, ont réussis à maintenir leurs droits.

Nous sommes fatigué.e.s. Fatigué.e.s de subir et de nous sacrifier. Aujourd’hui en France, il n’y a pas que la Covid qui tue. La précarité, elle aussi, fait des morts. Silencieuses celles-là.

Alors oui, à l’image de Corinne, nous sommes un peu plus nu.e.s chaque jour, à chaque contrat que nous ne signons pas, à chaque droit que nous perdons, à chaque protection que l’on nous refuse.
 

Nous vous le demandons donc publiquement : Où est l’indécence ? Du côté du corps nu de Corinne Masiero ? Ou du côté de l’inaction du gouvernement face aux 2 millions de travailleurs et travailleuses empêché.e.s et d’étudiant.e.s précarisé.e.s qui demandent à être soutenu.e.s ?

Parce que nous aussi, nous pensons que les droits doivent être défendus, nous vous prions d’agréer madame, monsieur, l’expression de nos sentiments les plus sincères,

Les Occupant.e.S du Théâtre de l’Union.

 

Source : L’Humanité.fr