Ce spectacle est le troisième solo de clown politique de Rafaële Arditti après Sarkophonie, dissection dyslexique du discours réactionnaire, Madame Laculture, spectacle qui reprend le jargon culturel pour en démonter la fatuité et l’élitisme. Rafaële Arditti continue de s’intéresser à ce qui sonne faux, ce qui marche de travers dans notre société, et surtout ce qui la met en colère ! Par exemple, à chaque fois qu’elle
allume la télévision… Et pour sortir de cette morosité du petit écran soit-disant brillant, la clowne partage avec nous la revanche qu’elle a mijotée : elle dézingue les vrais textes de la télé et nous venge en montrant que sous couvert de nous divertir, certaines émissions propagent des idées bien nauséabondes… Au point de nous influencer dans l’isoloir ?
Rafaële Arditti, dans une pièce loufoque, s’attaque sans complexe à
ce médium en en grossissant les traits : « Nous, ça va, mais avec ce qu’on voit à la télé »… Jusqu’au 15 février au Local, 18, rue
de l’Orillon, Paris 11e.
Nez rouge et allure délurée, Rafaële Arditti sait jouer avec le visuel. Mais derrière l’apparence légère, se cache un « solo » de clown politique devenu la marque de fabrique de cette comédienne. Dans une précédente pièce, elle reprenait un discours de Nicolas Sarkozy pour en révéler la face cachée. Ici, même devise, même principe, où elle entremêle des phrases entendues au hasard d’émissions de divertissement ou d’information. Avec ses faux airs de Coluche, Rafaële Arditti ridiculise, grâce à des mimiques savamment dosées et à un jeu d’acteur extrapolé, hommes politiques mais aussi journalistes ou envoyés très, très spéciaux brassant du vent lors de la couverture du second tour de la présidentielle de 2012. Un parfait dosage entre rire et gravité de ce que ces moments révèlent de notre petit écran.
Pour Rafaële Arditti, tout est parti de l’analyse de Pierre Bourdieu, celle-là même où il juge que plus la télévision «montre» plus elle « cache ». « Quand je la regardais, je m’énervais mais je ne saisissais pas d’où ça venait. En étudiant sa sociologie des médias, j’ai compris », explique-t-elle.
Sur scène, tous ces travers s’affichent de manière flagrante. Et sans pour autant inviter les spectateurs à éteindre leur petit écran, Rafaële Arditti espère qu’ils sauront « prendre de la distance par rapport à la télévision ». Après sa prestation au Local, on pourra la retrouver en mai et juin au théâtre des Déchargeurs, toujours à Paris. Toujours aussi décidée à faire rire en faisant un sort à la télévision.
Nous, ça va, mais avec ce qu’on voit à la télé… Jusqu’au 15 février au Local, 18, rue
de l’Orillon, Paris 11e. Informations
sur www.le-local.net ou 0146361189.
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