Les dessous d’une obscure fraude académique à l’Université Laval (Québec, Canada)
— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —
Lettre ouvert à : ( voir les destinataires en bas de page)
OBJET : Parution de l’article « La « soup joumou » dotée du statut chimérique de « soupe de l’Indépendance » ou l’histoire d’une frauduleuse affabulation dénuée de fondements historiques »
Montréal, le 18 novembre 2024.
Madame/Monsieur,
J’ai à cœur de vous informer de la parution, le 17 novembre 2024, de l’article « La « soup joumou » dotée du statut chimérique de « soupe de l’Indépendance » ou l’histoire d’une frauduleuse affabulation dénuée de fondements historiques ». Diffusé en Haïti auprès de nombreux enseignants-chercheurs et auprès d’un grand nombre de destinataires, cet article est paru sur divers sites aux États-Unis, en France et en Martinique.
La rédaction de cet article a été précédée d’une ample recherche documentaire et de la consultation de plusieurs collègues sociologues, historiens et anthropologues enseignants-chercheurs à l’Université d’État d’Haïti. Ils sont sous unanimes : aucune revue scientifique, aucune équipe pluridisciplinaire de chercheurs en Haïti ou ailleurs n’a à ce jour publié le moindre article scientifique dans lequel il est attesté que la « soup joumou », sur les plans scientifique et historique, a été de manière crédible consacrée « soupe de l’Indépendance » au lendemain de la guerre de l’Indépendance d’Haïti en 1804. Comme je l’ai démontré dans mon article, ce fallacieux et frauduleux étiquetage a plutôt surgi ces cinquante dernières années en dehors de travaux de recherche scientifiques attestant la véracité d’une telle affabulation/mythologisation identitaire.
Permettez-moi de soumettre à votre attention que mon article institue une rigoureuse interpellation de la scabreuse caution académique accordée par l’Association canadienne d’ethnologie et de folklore ainsi que par le Centre de recherche Cultures – Arts – Sociétés (CÉLAT) de la Faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université Laval aux affabulations, à l’imposture et à la fraude intellectuelle repérables dans l’information relative à la « soup joumou » et mise en ligne par le « Projet d’Inventaire du patrimoine immatériel d’Haïti » (référence : site INVENTAIRE DU PATRIMOINE IMMATÉRIEL D’HAÏTI).
Dans cet article je fais la démonstration –à propos de la « soup joumou », frauduleusement dotée du statut chimérique de « soupe de l’Indépendance » d’Haïti–, que la fabrication de la « fable mythologisée » en dehors de travaux de recherche scientifiques attestant la véracité d’une telle affabulation/mythologisation identitaire, a bénéficié de « la caution universitaire aveugle, fallacieuse, frauduleuse et démagogique de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine ethnologique et de l’Institut du patrimoine culturel de l’Université Laval…
J’attire également votre attention sur le fait avéré que la caution académique aveugle de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine ethnologique et de l’Institut du patrimoine culturel de l’Université Laval a servi —en dehors du moindre travail de recherche scientifique ciblant spécifiquement la « soup joumou » pseudo « soupe de l’Indépendance » d’haïti–-, à l’instrumentalisation politique d’une frauduleuse demande auprès de l’UNESCO. La caution académique aveugle d’institutions universitaires canadiennes pourtant réputées, jusqu’ici, pour la rigueur de leurs travaux scientifiques et leur rectitude éthique a ainsi servi à l’inscription de la « soup joumou » pseudo « soupe de l’Indépendance » d’Haïti sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité pour Haïti.
L’inscription de la « soup joumou » pseudo « soupe de l’Indépendance » d’Haïti sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO a été politiquement instrumentalisée sous la direction de Mme Dominique Dupuy, ex-ambassadrice d’Haïti auprès de l’UNESCO et ex-ministre des Affaires étrangères d’Haïti. Nommée par le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste qui a été au pouvoir en Haïti ces douze dernières années, Mme Dominique Dupuy a instrumentalisé la caution académique aveugle d’institutions universitaires canadiennes dans le contexte où Haïti fait face à sa plus cauchemardesque crise sécuritaire et politique alimentée par les gangs criminels réputés proches du PHTK néo-duvaliériste.
Il serait illusoire de croire que la mise en scène identitariste de la « soup joumou », pseudo « soupe de l’Indépendance », est un fait divers anodin circonscrit au périmètre étroit de l’absence de perspective historique et culturelle d’une « Diva funambule BCBG », Dominique Dupuy, ayant sans états d’âme mis ses rachitiques « compétences » au service du cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste…
Il serait naïf de croire que la « Diva funambule BCBG », Dominique Dupuy, aurait aluni au miséricordieux Jardin des « bandits légaux » sur un coup de dés, « comme par hasard » ou selon une vertueuse volonté de « servir son pays »… Les universitaires haïtiens interrogés ces dernières semaines sont unanimes : DOMINIQUE DUPUY EST AU CŒUR MÊME DU DISPOSITIF IDÉOLOGIQUE DU « CONSENTEMENT POLITIQUE » ÉCHAFAUDÉ PAR LE PHTK NÉO-MACOUTE. Elle y joue le trémolo de la partition musicale qui lui a été dictée par les « caïds idéologues » du PHTK néo-duvaliériste avec une apparente candeur qui peut séduire bien des cœurs sensibles… La récente envolée lyrique, le délirant « cocorico identitaire », sorte de mantra identitariste, de la « Diva funambule BCBG » à propos de la « soup joumou » en est l’évidente illustration (voir Le Nouvelliste du 17 décembre 2021). En voici un extrait : « « L’UNESCO a fait entrer dans le patrimoine culturel immatériel de l’humanité, le jeudi 16 décembre 2021, lors de la 16e session intergouvernementale, la soupe joumou. Une bonne nouvelle pour tous les fils et filles d’Haïti, quel que soit l’endroit où ils se trouvent. Par cette grande décision [sic] au niveau de la plus haute sphère des Nations unies, notre soupe joumou, une fierté nationale [sic] jouit désormais d’une reconnaissance mondiale [sic] ». L’objectif stratégique de l’« opération soup joumou » est amplement repérable dans la séquence suivante : « Cette inscription de la soup joumou, à ce sombre moment de notre parcours de peuple, à la clôture d’une année des plus éprouvantes, est un nouveau flambeau [sic] qui saura raviver nos élans solidaires, et notre foi dans des lendemains meilleurs »… L’on observe en Haïti que l’« opération soup joumou » est destinée à installer à l’échelle internationale un regard consensuel préfabriqué et affabulatoire sur une Haïti dirigée par des « bandits légaux » au cœur même de la criminalisation/gangstérisation du pouvoir d’État, une Haïti où les néo-macoutes du PHTK ont « démantibulé » les institutions régaliennes de l’État, une Haïti livrée à la fureur des gangs armés réputés liés au cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste… Mais tout cela Dominique Dupuy, la « Diva funambule BCBG », le savait avant d’occuper les postes de représentante d’Haïti auprès de l’UNESCO et celui de ministre des Affaires étrangères d’Haïti sur recommandation insistante de deux poids lourds du PHTK néo-macoute, les « caïds à cravate » Laurent Lamothe et Claude Joseph…
Au moment où Mme Dominique Dupuy, ex-ambassadrice d’Haïti auprès de l’UNESCO et ex-ministre des Affaires étrangères d’Haïti, entonne un surréaliste et démagogique « cocorico identitaire » à propos de la « soup joumou » frauduleusement qualifiée de « soupe de l’Indépendance » d’Haïti –la « soup joumou » est un nouveau flambeau [sic] qui saura raviver nos élans solidaires et notre foi dans des lendemains meilleurs »–, la presse en Haïti expose une situation tout à fait différente.
Ainsi, en Haïti, le site en ligne AlterPresse, connu pour le professionnalisme de ses journalistes, informe que « La dégradation du climat sécuritaire en Haïti, notamment dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, a provoqué la fermeture brutale de plus d’un millier d’établissements publics et privés, alerte la Coalition de la jeunesse haïtienne pour l’intégration (Cojhit), dans une enquête dont les données ont été transmises à l’agence en ligne AlterPresse » (source : « Crise / Fermeture de plus d’un millier d’écoles en Haïti, à cause de la terreur des gangs, alerte la Cojhit », AlterPresse, 1er février 2024).
Pour sa part, le site ONUinfo informe que « La recrudescence de la violence armée en Haïti a déclenché une profonde crise humanitaire et, dans son sillage, une hausse du nombre d’enfants déplacés à l’intérieur du pays, qui s’élève désormais à 170 000, a averti le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en début de semaine. En Haïti, les enfants et les familles subissent des vagues incessantes d’extrême violence, chaque jour apportant son lot d’horreurs telles que la perte d’êtres chers ou l’incendie de leur maison. La peur est omniprésente », a déclaré Bruno Maes, Représentant de l’UNICEF en Haïti, qui a visité trois sites d’accueil pour personnes déplacées dans le centre de Port-au-Prince.
« Les derniers chiffres de l’ONU, qui s’appuient sur une étude conjointe de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et de la Direction générale de la Protection civile (DGPC) haïtienne, datant de janvier 2024, révèlent que près de 314 000 personnes ont été contraintes de fuir leur domicile pour se réfugier ailleurs dans le pays, principalement à Port-au-Prince et dans le département de l’Artibonite » (source : ONUinfo , « Haïti : au moins 310.000 déplacés par la violence des gangs, plus de la moitié sont des enfants », 31 janvier 2024).
Il est hautement souhaitable que la Chaire de recherche du Canada en patrimoine ethnologique ainsi que l’Institut du patrimoine culturel de l’Université Laval mènent une sérieuse enquête dans le dossier de fraude académique relative à la « soup joumou » frauduleusement qualifiée de « soupe de l’Indépendance » d’Haïti.
Il est hautement souhaitable que, suite à cette enquête, la Chaire de recherche du Canada en patrimoine ethnologique ainsi que l’Institut du patrimoine culturel de l’Université Laval se démarquent publiquement de tout soutien à l’inscription de la « soup joumou » pseudo « soupe de l’Indépendance » d’Haïti sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité pour Haïti.
Il est hautement souhaitable que, suite à cette enquête, la Chaire de recherche du Canada en patrimoine ethnologique ainsi que l’Institut du patrimoine culturel de l’Université Laval se démarquent publiquement de toute accointance avec le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste qui a été au pouvoir en Haïti ces douze dernières années.
Veuillez agréer, Madame/Monsieur, l’assurance de ma haute considération.
Robert Berrouët-Oriol
Linguiste-terminologue
Repères biobibliographiques du linguiste-terminologue Robert Berrouët-Oriol
Linguiste-terminologue canadien originaire d’Haïti, spécialiste de l’aménagement linguistique, Robert Berrouët-Oriol a longtemps travaillé à l’Office québécois de la langue française où il a contribué à l’analyse, au stockage, à la mise à jour et à la diffusion des vocabulaires scientifiques et techniques de la Banque de terminologie du Québec (aujourd’hui dénommée Grand dictionnaire terminologique). À l’Office québécois de la langue française, Robert Berrouët-Oriol a également été responsable du programme de coopération terminolinguistique avec les Départements et Écoles de traduction du Québec et du Canada. Par la suite il a enseigné la linguistique et la terminologie à la Faculté de linguistique appliquée de l’Université d’État d’Haïti. Depuis avril 2021, il est membre du Comité international de suivi du Dictionnaire des francophones, le DDF. Auteur depuis plusieurs années d’articles de vulgarisation linguistique parus en Haïti dans le journal Le National, il a publié en 2011 le livre collectif de référence « L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions » (Éditions de l’Université d’État d’Haïti et Éditions du Cidihca ; ouvrage réédité en France, en 2023, par l’antenne du Cidihca-France). En 2014 il a publié le livre « Plaidoyer pour une éthique et une culture des droits linguistiques en Haïti / Pledwaye pou yon etik ak yon kilti ki tabli respè dwa lengwistik ann Ayiti » (Centre œcuménique des droits humains (Port-au-Prince) et Cidihca (Montréal). Par la suite, en 2017, il a publié, en tandem avec Hugues Saint-Fort, le livre « La question linguistique haïtienne / Textes choisis » (Éditions Zémès et Éditions du Cidihca). Il a fait paraître en 2018 le livre « Plaidoyer pour les droits linguistiques en Haïti / Pledwaye pou dwa lenguistik ann Ayiti » (Éditions Zémès et Éditions du Cidihca). Également, il a coordonné et co-écrit le livre collectif de référence, « La didactisation du créole au cœur de l’aménagement linguistique en Haïti » (Éditions Zémès et Éditions du Cidihca, 2021). Son livre-bilan « Haïti – L’œil de la parole. Chroniques linguistiques 2011 – 2022 » est paru en juillet 2024 en Haïti (aux Éditions Zémès) et au Canada (aux Éditions du Cidihca). Le « Plaidoyer pour une lexicographie créole de haute qualité scientifique » de Robert Berrouët-Oriol, qui comprend une « Préface » du linguiste-lexicographe Albert Valdman, paraîtra sous peu chez les mêmes éditeurs.
Poète et critique littéraire, Robert Berrouët-Oriol est l’auteur de la première étude théorique portant sur les « écritures migrantes » au Québec, et, en 2010, il a obtenu à Ouessant, en France, le grand Prix de poésie du Livre insulaire pour « Poème du décours » (Éditions Triptyque). Parue en 2021, sa huitième œuvre poétique a pour titre « Simoun » (Éditions Triptyque).
Participation à des événements internationaux
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Foire internationale du livre de Barcelone (2008)
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Salon du livre de Paris (2011, 2012, 2013)
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Festival international de poésie de Granada (Nicaragua, 2012)
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Salon du livre de Washington (2012)
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Semaine de la Francophonie, Rome et Naples (2013)
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Festival international de la poésie de Trois-Rivières (Canada, 2011, 2013)
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Journée internationale de la langue maternelle 2020 (Organisation internationale de la Francophonie / UNESCO, Paris)
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Journée sur le bilinguisme français-créole, Collectif Haïti de France, Paris, 2022.
LETTRE OUVERTE À :
L’Association canadienne d’ethnologie et de folklore
La Revue Ethnologies
Centre de recherche Cultures – Arts – Sociétés (CÉLAT)
Faculté des lettres et des sciences humaines
Université Laval
Copie conforme :
Kesler Bien-Aimé, Ph.D. Socio-ethnologue des sciences du patrimoine, Université Laval, Faculté des lettres et des sciences humaines, enseignant-chercheur | HPM-UEH, membre de l’Association canadienne d’ethnologie et de folklore (ACEF/FSAC), membre du LADIREP et spécialiste de programme Culture / CNHC-UNESCO
Laurier Turgeon
Directeur du LEEM et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine ethnologique
DirecteurInstitut du patrimoine culturel de l’Université Laval
Louis Marie M. Saintil Ambassadeur a.i. d’Haïti auprès de l’UNESCO
Commission nationale haïtienne de coopération avec l’UNESCO
Tatiana Villegas Ambassadrice, cheffe du Bureau de l’Unesco en Haïti
Leslie Voltaire, Président, Conseil présidentiel de transition d’Haïti
Dominique Dupuy, Ex-ambassadrice d’Haïti auprès de l’UNESCO, Ex-ministre des Affaires étrangères d’Haïti
Augustin Antoine, Ministre de l’éducation nationale d’Haïti
Patrick Delatour, Ministre de la culture d’Haïti
Fritz Deshommes, Recteur, Université d’État d’Haïti
Jacky Lamarque, Recteur, Université Quisqueya, Haïti
Jean-Mary Louis, Recteur, Université Notre Dame d’Haïti
Michèle Pierre-Louis,Directrice de la FOKAL en Haïti