La soprano a vingt ans et du talent…

 — Par Gérald Rossi —

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Avec « A contre-voix » Elisabeth Bouchaud fait se rencontrer sur la scène de la Reine Blanche deux femmes de conviction et de passion dans l’entre deux guerres.

Un piano noir, un vaste miroir au cadre doré, un divan rouge… Ce pourrait être l’ordinaire d’un cabinet de musique. Ou plutôt l’alcôve d’une petite école de chant, quelque part dans la province française, entre les deux guerres mondiales. Une époque dans laquelle les hommes doutaient de leur avenir, et les femmes de leur devenir. Leurs droits encore à conquérir. Sur le chemin d’une égalité, aujourd’hui loin d’être parfaite, on le sait.

Là, dans le petit salon, avec une mise en scène intelligente de Nathalie Martinez, qui en 2006 a créé avec Nicolas Herviais ce petit théâtre de la Reine Blanche, niché dans le nord de la capitale, se croisent Marguerite de Vence et Rose Berg. La première n’a que vingt ans, et une belle voix de soprano. La seconde avec quinze années de plus a déjà choisi de ne pas donner à la musique plus de place que sa vie ne peut en contenir. Une amitié se noue, et ses fils tiendront ce que peuvent les sentiments. Rose aurait peut être pu entrevoir il y a des années, l’avenir qui se dessine pour Marguerite, laquelle parvient à faire reconnaitre son talent…

Et du talent il n’en manque pas ici, tant du coté d’Elisabeth Bouchaud (Rose) qui non seulement est l’auteure de ce texte, déjà monté à Avignon en 1994 et 2000 dans d’autres distributions, mais qui est aussi, et ce n’est pas banal dans cet univers, docteur en physique, membre du Commissariat à l’énergie atomique. Tout en tenant la barre depuis 2014 de la Reine blanche.

Quant à Clara Schmidt, elle fait partie de cette jeune génération de chanteurs lyriques bons comédiens. La jeune soprano, qui a entre autre travaillé avec le Choeur de Paris alors dirigé par Laurence Equilbey s’est déjà frottée au baroque comme au contemporain. Et ici Marguerite, renvoie évidemment à l’opéra dit classique et à l’héroïne de la Traviata de Verdi. On s’en doutait. Ce n’est pas un hasard. Et c’est bien ainsi.

A contre-voix, jusqu’au 20 mars au théâtre La reine Blanche, passage Ruelle à Paris 18e , téléphone: 01 40 05 06 96

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