La sombre lettre des évêques aux « habitants de France »

georges_pontierIdentités fragilisées, intégration en panne, laïcité sous tension, éducation en crise… Les évêques publient vendredi une longue et sombre lettre « aux habitants de France », qui appelle à un constat « lucide » sur l’état du pays à quelques mois de la présidentielle.

« Si nous parlons aujourd’hui, c’est parce que nous aimons notre pays et que nous sommes préoccupés par sa situation »: ainsi commence ce document rare, intitulé  » Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique « .

Si nous parlons aujourd’hui c’est parce que nous aimons notre pays et que nous sommes préoccupés par sa situation #SensduPolitique pic.twitter.com/YoMHwacVui— P.Laurent BERTHOUT (@DiocesedeBayeux) 13 octobre 2016″L’intention de ce message est de s’inscrire en faux contre la sinistrose ambiante », explique l’archevêque de Paris, le cardinal André Vingt-Trois dans Le Figaro de jeudi.

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Il est dressé par les dix membres du conseil permanent de la Conférence des évêques de France (CEF), émanation de l’assemblée générale de l’épiscopat catholique, qui regroupe les quelque 120 évêques français.

Il est intitulé : Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique (Bayard, Cerf, Mame, 94 pages, 4 euros) et, étant destiné non pas aux seuls catholiques, mais à l’ensemble de la population, il sera diffusé en librairie.

Lire les extraits :

« Le contrat social a besoin d’être redéfini »
« Absence de projet ou de vision à long terme »
Les premiers responsables de cette déliquescence seraient les gouvernants.

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“Si nous parlons aujourd’hui, c’est parce que nous aimons notre pays et que nous sommes préoccupés par sa situation”, c’est ainsi que débute ce document rare.

Dans ce document intitulé Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique, les évêques blâment les politiques et “l’attitude et l’image de quelques-uns qui jettent le discrédit sur l’ensemble de ceux qui vivent l’engagement politique comme un service de leur pays”.

Si il est rare que des évêques abordent la politique, ce n’est pas la première fois, la communauté avait déjà publié un communiqué en juin, en vue du scrutin de 2017.

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Dans une brochure intitulée Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique (Editions du Cerf, 4 €), ils critiquent sévèrement le monde politique actuel et pointent du doigt la nécessité de « redéfinir le contrat social » car « ce qui fonde la vie en société est remis en cause ».

Dans une interview au Monde, le président de la conférence des évêques, Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille, est plus ferme encore, notamment à propos des migrants, dans le droit fil des déclarations du pape François : « J’ai un peu honte pour notre pays, dit-il, quand je vois que la petite Jordanie accueille 1,5 million de réfugiés, le Liban autant, quand la Grèce et l’Italie font ce qu’elles peuvent, depuis des années.

Il reconnaît que « ce n’est pas évident de voir l’islam s’installer dans notre société », mais juge « indigne d’instrumentaliser les événements causés par le courant de Daech pour durcir les relations entre les Français musulmans et le reste de la population », jugeant qu’« il n’y a que deux solutions : ou nous arrivons à trouver le chemin du vivre ensemble, ou nous nous faisons la guerre ».

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C’est ce qu’observent les évêques de France, qui au contact de concitoyens le plus souvent déçus voire désabusés par la politique, veulent aider le pays à se ressaisir et à « retrouver le sens du politique » dans un livre rendu public jeudi 13 octobre (1), signé du Conseil permanent de la conférence épiscopale.

Refonder la politique exige, pour l’Église, que notre République sache développer une « laïcité ouverte », c’est-à-dire qui ne prive pas les croyants d’exprimer leur conviction au nom d’une « neutralisation religieuse de la société ».

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Sans attendre la sortie du livre, les évêques reçus avant-hier à Matignon autour de Manuel Valls, dans le cadre de l’instance nationale de dialogue, ont redit également « leur conviction qu’une société qui éliminerait les religions de la sphère publique se priverait d’indispensables régulateurs sociaux et sociétaux ».

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A l’image du pape François, Mgr Pontier, archevêque de Marseille et Président de la Conférence des évêques de France (CEF), appelle dans une interview au Monde à ne pas « instrumentaliser » les récents attentats contre les musulmans et à œuvrer davantage pour accueillir les réfugiés.

Interrogé sur le débat sur les signes religieux, le président de la Conférence des évêques de France s’est également déclaré inquiet.

Concernant les musulmans de France, « il est indigne d’instrumentaliser les événements causés par le courant de Daesh pour durcir les relations avec « le reste de la population ».

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Le conseil permanent de la Conférence des évêques de France y fait le constat d’une crise profonde du politique, appelle à sortir des logiques gestionnaires pour retrouver la question du sens et encourage les Français à s’engager.

Ils incitent aussi les chrétiens à ne pas rêver à un repli du monde : « Dans notre société profondément redevable à l’égard de son histoire chrétienne pour des éléments fondamentaux de son héritage, la foi chrétienne coexiste avec une grande diversité de religion et d’attitudes spirituelles, écrivent-ils.

Le danger serait d’oublier ce qui nous a construit, ou à l’inverse, de rêver à un retour à un page d’or imaginaire ou d’aspirer à une Eglise de purs et à une contre-culture située en dehors du monde, en position de surplomb et de juge.

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