La sociologie du vote R.N. est  inhérente à une mutation de la société guadeloupéenne.

— Par Jean-Marie Nol, économiste —

La société guadeloupéenne a connu, au cours des dernières décennies, une mutation technologique rapide ainsi qu’une évolution sociétale profonde. Cette transformation a entraîné des bouleversements économiques et sociaux majeurs, exacerbant le sentiment de déclassement dans certaines régions, notamment rurales. Ce contexte a favorisé une montée en puissance du vote en faveur du Rassemblement National (RN) dans les circonscriptions électorales les plus rurales du département et est perçu par une partie de la population comme un vecteur de changement face à des élus et élites jugées déconnectées. La révolution numérique va radicalement transformé l’économie de la Guadeloupe. L’automatisation, l’intelligence artificielle et l’économie numérique ont créé de nouvelles opportunités tout en rendant obsolètes certaines industries traditionnelles comme la filière canne. Si les grandes connubartions comme celle de Cap excellance avec les zones de Jarry et Dothemare ont généralement su tirer parti de ces changements, en développant des pôles commerciaux et technologiques et en attirant des investissements, les zones rurales du Nord grande terre, du nord basse terre et de la riviera du levant à dominante agricole et touristique  ont été laissées pour compte. L’une des conséquences les plus marquantes de cette transformation est la désertification rurale. Avec la centralisation des services et la concentration des opportunités économiques dans les grands centres commerciaux et industriels, les petites communes se sont retrouvées privées du bon fonctionnement de nombreux services publics essentiels, tels que les hôpitaux, les écoles et les bureaux de poste. Ce phénomène a renforcé le sentiment de déclassement parmi les habitants de ces régions délaissées de la Guadeloupe, confrontés à un isolement croissant et à des difficultés accrues pour accéder aux services de base. Le déclassement perçu, alimenté par la perte d’emplois traditionnels dans l’agriculture et l’hôtellerie et la diminution des services publics, a contribué à un profond malaise socio-économique. Nombreux sont ceux qui se sentent abandonnés par un système qu’ils estiment être tourné uniquement vers les grandes connurbations et les élites urbaines. Ce sentiment de marginalisation est exacerbé par une perte de confiance envers les institutions politiques traditionnelles, accusées de ne pas répondre aux besoins et aux préoccupations des zones rurales. En conséquence, il est important de faire des investigations plus poussées pour connaître la sociologie du vote rassemblement national en Guadeloupe et il faut savoir prendre avec des pincettes cette étude sociologique d’un chercheur en anthropologie pour lequel ce sont incontestablement avant tout la communauté d’origine indienne et ensuite les blanc fwans ( métros) et puis les blancs pays ( békés) qui votent à l’extrême droite en Guadeloupe.  Bref, tout cela mérite tout de même une réflexion plus poussée dans une analyse plus fine. Mais quoiqu’il en soit, les élections législatives en Guadeloupe ont révélé une surprenante progression du Rassemblement National (RN), avec deux candidats se qualifiant pour le second tour dans des circonscriptions essentiellement rurales. Ce phénomène, reflet d’un contexte socio-économique particulier, mérite une attention particulière pour comprendre les dynamiques politiques et les enjeux locaux qui ont conduit à cette situation. Notre analyse examine les causes profondes de cette poussée du RN en Guadeloupe, en mettant l’accent sur le déclin agricole et les infrastructures touristiques vieillissantes en déclin dans les zones rurales. L’économie guadeloupéenne a longtemps reposé sur l’agriculture,  notamment la production de bananes et de canne à sucre, et aussi le tourisme. Cependant, ces dernières décennies ont vu un déclin significatif de ces secteurs, dû à plusieurs facteurs dont notamment la compétition Internationale. Les produits agricoles guadeloupéens font face à une concurrence accrue sur le marché international, rendant difficile la compétitivité des agriculteurs locaux. De plus, le secteur d’activité est maintenant quasi dépendant pour sa survie de l’immigration Haïtienne, une autre des causes du vote rassemblement national. Les cyclones et autres aléas climatiques ont régulièrement frappé l’île, causant des dommages importants aux plantations et aux infrastructures agricoles. La population agricole vieillit, avec peu de relève parmi les jeunes, qui préfèrent souvent émigrer vers la  » métropole  » ou se tourner vers d’autres secteurs économiques.Ce déclin a entraîné une perte de revenus pour de nombreuses familles rurales et a accentué le sentiment de marginalisation et d’abandon. Les zones rurales de Guadeloupe souffrent également d’infrastructures vieillissantes et inadéquates et c’est le cas dans beaucoup de communes. Les routes, les ponts, et les réseaux d’eau et d’assainissements sont souvent en mauvais état, rendant la vie quotidienne difficile pour les habitants. Cette situation est aggravée par le sous-investissement notamment dans les villes sur-endettées à l’instar de Pointe à Pitre. Le manque d’investissements publics dans les infrastructures rurales perpétue le sentiment d’isolement et de délaissement des populations locales. L’éloignement géographique des services publics essentiels, tels que les hôpitaux, les écoles et les administrations, renforce le sentiment de marginalisation.

La transition numérique peine à s’imposer dans ces régions, limitant l’accès à Internet et aux nouvelles technologies, essentielles pour le développement économique et social. Dans ce contexte de déclin économique et d’infrastructures défaillantes, le sentiment de déclassement est particulièrement prononcé. Les habitants des zones rurales notamment du nord grande- terre et Nord basse -terre ressentent une forte déconnexion avec les élites politiques et économiques, souvent perçues comme concentrées dans les grandes agglomérations urbaines de la région pointoise et peu attentives aux préoccupations des territoires ruraux.Le Rassemblement National a su capitaliser sur ce mécontentement en adoptant un discours populiste qui résonne avec les frustrations locales. Les promesses de protectionnisme économique, de renforcement des services publics locaux et de lutte contre l’immigration clandestine trouvent un écho particulier dans ces zones en difficulté. Le RN se positionne ainsi comme le défenseur des « oubliés » de la République, offrant une alternative politique à ceux qui se sentent délaissés par les partis traditionnels. Les candidats du RN au second tour des législatives en Guadeloupe représentent cette nouvelle dynamique. Ils ont su adapter leur discours aux réalités locales, en mettant l’accent sur les problèmes spécifiques des circonscriptions rurales, tels que la dénonciation de l’immigration Haïtienne et Dominiquaise, le soutien à l’agriculture, la rénovation des infrastructures et la revitalisation des services publics. Leur progression témoigne d’une stratégie efficace de mobilisation et de communication, souvent renforcée par une utilisation habile des réseaux sociaux pour toucher directement les électeurs. La montée du Rassemblement National en Guadeloupe s’inscrit donc dans un contexte socio-économique marqué par le déclin agricole et les infrastructures vieillissantes, ainsi que par l’inaptitude d’une partie de la population guadeloupéenne à s’adapter aux mutations technologiques et sociétales. Ce phénomène reflète un sentiment profond de déclassement et de marginalisation parmi les habitants des zones rurales. En se présentant comme une alternative politique crédible face aux partis traditionnels, le RN a su capter le vote protestataire et proposer des solutions perçues comme plus proches des préoccupations locales. Dans ce contexte de crise et de frustration, le Rassemblement National a su se positionner comme un acteur majeur, capable de capter le vote protestataire. Le discours du RN, axé sur la souveraineté nationale, la critique de la mondialisation et la défense des « oubliés » de la République, trouve globalement à présent un écho particulier dans nos régions d’outre-mer délaissées. Marine Le Pen et son parti dirigé par Jordan Bardella ont su exploiter ce sentiment de déclassement, en promettant une revitalisation du pays Guadeloupe, la protection des services publics locaux et une politique d’immigration stricte, perçue comme une réponse aux inquiétudes identitaires et économiques. Ironiquement, le RN a également su tirer parti des outils technologiques pour renforcer sa base électorale. Les réseaux sociaux en Guadeloupe, notamment, sont devenus des vecteurs essentiels de communication pour le parti, permettant de toucher directement les électeurs et de diffuser un message non filtré par les médias traditionnels, souvent critiqués pour leur biais perçu. Cette stratégie numérique a permis au RN de mobiliser efficacement ses partisans et de gagner en visibilité dans l’espace public avec des candidats totalement inconnus jusqu’alors. En somme, la mutation technologique a profondément transformé la société, accentuant les disparités entre les communautés vivant en Guadeloupe et renforçant le sentiment de déclassement dans les zones rurales. Ce contexte a favorisé l’ascension du Rassemblement National, qui a su se présenter comme un défenseur des « oubliés » de la modernisation. Alors que la technologie continue de remodeler le paysage socio-économique, il est crucial de repenser les politiques publiques avec la construction d’un nouveau modèle économique et social basé sur la production pour réintégrer ces territoires délaissés et répondre aux aspirations légitimes de leurs habitants. Sans une telle prise de conscience et des actions concrètes, le sentiment de marginalisation et le vote protestataire risquent de continuer à croître en Guadeloupe avec des implications profondes pour l’avenir politique et social des guadeloupéens.

Aforstan y alé an dlo, kalbas fin pa pété.  

Traduction littérale :À force d’aller à l’eau, la calebasse se casse.

Moralité : Avec le temps, tout s’use et finit par lâcher.