Le 11 juillet à 20h au Théâtre Aimé Césaire ( T.A.C.). À voir absolument !
Avec Marie-Paule Bonnemason, Antonin Chedigny, Brigitte Mounier et Sarah Nouveau
Présentation :
Incroyablement baroque, aussi improbable qu’amusant voici le bricolage le plus délirant de l’Évolution. Une heure et demie pour parcourir l’inouïe diversité des comportements sexuels et modes de reproduction, et s’étonner de l’étroitesse de notre imaginaire.
Voyant le monde à travers le filtre de sa propre convenance culturelle, l’Homme a longtemps considéré l’hétérosexualité comme étant la norme et tout autre combinaison lui semblait contre nature.
Contre nature ? Vraiment ? Alors voyons de plus près ce que nous dit la nature à ce sujet.
Une heure et demie pour découvrir le monde animal dans lequel nous vivons, dont nous sommes part entière. Une heure et demie pour fêter ce qui est en train de disparaitre.
« On se demande comment Noé s’est débrouillé en embarquant tout ce monde dans son bateau.»
Note d’intention
Suite à Eve contre Lucy, l’autre cauchemar de Darwin, (battle scientifique opposant les darwinistes aux créationnistes) que la Compagnie a créé en 2008, la Compagnie enfonce le clou et promène sa curiosité sur la biodiversité, l’infinie variété du monde animal et ses pratiques sexuelles.
Nous y parlerons de la fabuleuse et inouïe diversité des comportements sexuels et modes de reproduction dans le règne animal qui nous invite à dépasser la théorie main stream, à bousculer l’hétérosexualité et la légende familiale obligatoire.
Car si notre culture nous enseigne que le sexe est une activité qui a pour fonction la perpétuation de l’espèce et que pour cela le mâle et la femelle coopèrent gentiment, la nature, elle, nous montre l’étroitesse de notre imaginaire.
On verra et entendra sur le plateau, 1 chanteuse, 2 danseurs, 1 comédienne, qui visiteront joyeusement l’ensemble des comportements amoureux des espèces vivantes qui peuplent la Terre, pour nous permettre non seulement de mieux comprendre la nature mais aussi de désamorcer les idées fausses sur la procréation que la culture nous a instillé.
Les raisons qui ont motivé ce spectacle ne datent pas d’aujourd’hui, même si elles résonnent encore et à nouveau dans l’actualité politique de ce début de siècle.
La Sextape de Darwin est une réponse, (impuissante certes, mais le théâtre est le seul moyen dont je dispose et il a au moins la force de laisser parfois quelques traces dans l’esprit de quelques spectateurs), une réponse à la résurgence des courants homophobes qui s’expriment violemment dans de nombreux pays du monde, mais aussi dans notre Europe libérale. Au point que certains gouvernements, a à peine 2 heures d’avion de chez nous, ont demandé récemment aux familles de tuer leurs enfants homosexuels pour ne pas déshonorer la nation.
D’autre part, dans bon nombre de pays, mais aussi dans notre bonne vieille Europe, le corps, et particulièrement celui des filles, est encore un sujet de préoccupation, d’interdits, de tabous. Et la population féminine est toujours le sujet de violences, de discriminations et l’objet de domination en raison de son sexe. Comme si avoir un corps était un délit. Comme si la séparation des sexes qui date d’au moins 1 bon milliard d’années était une faute de l’évolution, comme si avoir des seins et un vagin était une honte, et pourquoi pas, allons-y, un péché.
Comment se fait-il, alors que nous sommes bientôt 8 milliards d’individus sur la planète, que voir un corps nu, utiliser les mots vagin, pénis ou copulation créent un malaise, une situation embarrassante ? 1 milliard d’année n’a pas suffit à l’humanité pour accepter que notre espèce soit le fruit de gamètes mâles et de gamètes femelle, qu’un corps sexué est une chose NORMALE, qu’on devrait ouvoir se promener tout nu sans honte ni crainte, sans même qu’on le remarque et y prête la moindre attention.
Alors, ce spectacle a juste la modeste ambition de replacer les espèces à leur juste place, parmi les Eucaryotes, et de rappeler à travers quelques joyeux exemples dansés et chantés, l’inouïe diversité des pratiques sexuelles, des modes de séductions et méthodes de reproductions, qui font
toutes partie de La Nature. Ce spectacle est accessible à tous, dès que la reproduction et/ ou l’Évolution ont été abordées au collège ou en famille.
Notes de la metteuse en scène
D’un point de vue évolutif, le sexe est une machine à faire des différences. Cette machine à faire des différences, est elle-même éminemment diversifiée : il y a mille manières de pratiquer la sexualité.
« Dans toutes les espèces, des protistes à l’homme, il apparaît clairement que la plupart des activités fondamentales d’un être vivant sinon toutes, concourent en définitive à un même but : trouver un ou plusieurs partenaires pour se reproduire ».
Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, le sexe n’est pas nécessairement un caractère fixé pour toute l’existence. Chez certains animaux, on observe un changement de sexe avec le temps. C’est un phénomène assez largement répandu dans le règne animal. Certains animaux sont mâles dans leur jeunesse et deviennent femelles en vieillissant, mais parfois la transformation se fait dans l’autre sens : les jeunes sont femelles puis évoluent en mâles en prenant de l’âge.
« L’Homosexualité est dans la nature. L’homosexualité est observée chez les 2 sexes. Chez des sujets qui présentent par ailleurs des hormones normales. Les homosexuels peuvent former des couples stables ».(1) «
Certains individus du même sexe copuleront ensemble ponctuellement, et garderont en parallèle un accès à la reproduction par leur bisexualité.
D’autres ne chercheront à copuler qu’avec des individus du même sexe. Ils demeurent sans descendance encore que les cas d’adoption ont été constatés. »
L’argument
Il existe aussi des espèces dites à sexes inversés, chez qui le comportement des individus est à l’opposé de celui qu’on « attendrait » selon leur sexe. : les femelles font des parades, les mâles s’occupent des petits, etc. Mais l’inouïe diversité des comportements va encore plus loin : Saviez-vous qu’il arrive au dauphin d’avoir des relations charnelles avec la tortue ? Et que certaines espèces de lézards se reproduisent sans l’intervention des mâles ?
À noter que concernant les animaux, aucune étude n’emploie le mot genre au sens ou l’entendent les sciences humaines. En sciences humaines, le mot genre recouvre les différences de comportements entre les hommes et les femmes. Ces différences proviennent-elles de la différence biologique (les deux sexes) ou de différences construites socialement au fil des siècles permettant d’assigner à chacun, homme ou femme, un rôle dans la société ? Le genre n’est-il pas tout simplement dans l’oeil de celui qui observe ? Le genre ne serait-il pas une construction historique, sociale et culturelle ? Du point de vue de l’Évolution, c’est la diversité qui rend les espèces viables. « Chacun, dans chaque espèce, a la liberté de retenir la réponse la mieux adaptée à son tempérament, à ses besoins, aux circonstances. Voire de faire une synthèse des réponses offertes pour ne retenir dans chacune d’elle que ce qui est le meilleur ou le plus efficace. Aussi, la société viable au niveau humain est-elle une société ouverte, pluraliste, qui accueille et laisse libre de créer. Il ne servirait à rien de remplacer la tyrannie du programme génétique par un programme idéologique imposé de l’extérieur, selon un modèle unique. Quelle que soit son origine, politique, philosophique ou religieuse, toute dictature est appauvrissante.
Une révolution qui s’empêtre dans le totalitarisme constitue un recul.
Seule la liberté est révolutionnaire, car elle permet l’innovation ».
(1) Le sexe et la mort / Jacques Ruffié / Odile Jacob, 1986
(2) Trouble dans le Genre / Judith Butler / La découverte, 2006