Mme N’Goné Fall : « Laissez-nous vous dire qui nous sommes »
Annoncée officiellement par le Président de la République lors de son voyage à Ouagadougou, en novembre 2017, la Saison Africa2020 a pour objectif de mieux nous faire connaître l’Afrique contemporaine. En France, elle était à l’origine prévue du 1er juin à mi-décembre 2020, sur tout le territoire, hexagone et territoires ultra-marins. L’Institut français, en accord avec le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et le Ministère de la Culture, a décidé de la reporter : après concertation avec tous les partenaires, il a été dit qu’elle se déroulerait de décembre 2020 à mi-juillet 2021.
Emmanuel Macron avait déclaré à l’université de Ouagadougou au Burkina Faso, le 28 novembre 2017 : « Je considère que l’Afrique est tout simplement le continent central, global, incontournable car c’est ici que se télescopent tous les défis contemporains. C’est en Afrique que se jouera une partie du basculement du monde. » Portée par l’Institut français, la Saison est coordonnée par un commissariat général, sous le pilotage de Mme N’Goné Fall. L’organisation en France d’événements marquants s’inscrit dans le cadre d’un partenariat renouvelé avec l’Afrique. Une opportunité de regarder et de comprendre le monde du point de vue de celle-ci. L’occasion d’écouter parler le continent africain. De faire rendre gorge aux idées préconçues.
Les objectifs de la saison, selon la commissaire Mme N’Goné Fall : une saison pour « explorer les champs de la création artistique, la recherche scientifique, les nouvelles technologies, l’économie, la gastronomie… Pour parler de la biodiversité, du développement durable, de l’agriculture… Mais aussi des arts de vivre – architecture, mode design, sports urbains… »
À distance, par téléphone, visioconférences et e-mails, toute l’équipe d »Africa2020 reste mobilisée et en contact permanent avec les opérateurs de cette Saison hors normes, qui concerne 54 pays du continent africain. (Sur la page Facebook SaisonAfrica2020, quelques exemples de réalisations)
Éduquer : Raconter l’Afrique d’aujourd’hui
La Saison Africa2020 est résolument tournée vers la jeunesse et sa formation. Le Ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports prend de ce fait pleinement part à l’organisation de cet événement majeur. Il souhaite faire comprendre aux élèves la place éminente du continent africain dans le monde aujourd’hui, et celle qu’il aura demain, par sa géographie, par son histoire et sa culture qui la lient étroitement à l’Europe et à la France.
En ce début de XXIe siècle, l’Afrique fait preuve d’un dynamisme certain. Elle est le lieu d’innovations remarquables. Il s’agit par ce projet de donner la parole aux Africains, qu’ils soient du continent ou de la diaspora, afin qu’ils nous racontent l’Afrique d’aujourd’hui, leur Afrique, loin des clichés persistants. À cette fin, plus de 200 événements sont prévus sur l’ensemble du territoire métropolitain et ultramarin. Projets artistiques, scientifiques, culturels ou pédagogiques… autant d’occasions de changer notre regard sur ce continent, et de découvrir les grands défis qu’il devra relever dans les prochaines décennies.
Africa2020 s’articule autour de quatre grands principes :
– une programmation panafricaine et pluridisciplinaire, axée sur la création contemporaine et destinée à tous les publics
– une programmation coproduite par des professionnels africains et des institutions françaises.
– des projets conçus comme des espaces de partage de savoirs et d’expériences.
– une plateforme d’apprentissage et de production participative des connaissances, portée par des projets structurants.
Que se passe-t-il aux Antilles ?
Guadeloupe, le 10 février 2021, d’après Évelyne Chaville sur Kariculture: Saison Africa2020 a comme objectif de tisser de nouveaux liens avec les 54 pays du continent africain. La culture – avec le spectacle vivant, l’art contemporain la littérature, le cinéma etc. – et l’innovation, entre autres, occuperont une place centrale dans ce projet d’envergure. Des musées, des centres d’art, des associations culturelles, des villes y participeront, en proposant des événements qui montrent un autre visage de l’Afrique, et de son milliard passé d’habitants, dont une majorité de jeunes.
En Guadeloupe, Mission Cinéma Caraïbe, présidée par Felly Sédécias, a décidé de recevoir l’Afrique à travers la diffusion d’oeuvres cinématographiques originaires du Burkina Faso, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, du Cameroun, du Congo, du Rwanda ou encore d’Éthiopie, de février à mai prochain. L’association a organisé l’ouverture de la Saison Africa2020, le samedi 6 février dernier à la salle Robert Loyson du Moule. L’invité d’honneur était l’acteur Bruno Henri.
À cette occasion, la Côte d’Ivoire a été mise à l’honneur lors de la projection du film Résolution, de Boris Oué et Marcel Sagne à la salle Robert Loyson. Le dimanche 7 février, l’invitée d’honneur a été l’Éthiopie suite à la projection dans cette même salle de Fatoumaya & Aya, de Francesco Sincich. Le dimanche 14 février prochain, le Mali sera sous les feux des projecteurs avec la diffusion également au Moule de la comédie musicale Laurent et Safi, d’Anton Vassil.
Le FEMI – Festival régional et international du cinéma de la Guadeloupe – avait déjà mis l’Afrique au premier plan, en présentant par exemple Résolution, et Desrances.
Plusieurs oeuvres cinématographiques, originaires de sept pays africains, seront encore au programme, de février à mai prochain.
Martinique : deux de ces films récents à découvrir, à Fort-de-France, au complexe Madiana
– Dernière séance ce jeudi 18 février à 21h30 pour le film ivoirien Résolution, déjà présenté en 2019 au Fespaco, Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, où il a reçu le prix de l’intégration CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) et le prix Félix Houphouët-Boigny.
Synopsis : Yenan, femme d’une trentaine d’années, paraît, aux yeux de la société, vivre un mariage heureux aux côtés de son époux, Marc Kassy, la quarantaine, qui exerce la profession de procureur. Ils font partie de la bonne société, sont beaux et brillants. Yenan, dynamique et compétente, dirige d’une main de fer une usine de cacao. Elle est la mère d’un fils de seize ans, Kevin, que Marc ne semblera pas avoir vraiment accepté. Tout pourrait cependant aller pour le mieux, si Yenan n’était pas victime des crises de violence de son mari. Jusqu’au drame… Après être restée longtemps dans le silence, Yenan finit par réaliser la gravité de sa situation et parvient, avec l’aide d’activistes, à porter plainte et à obtenir justice. Un film qui, en dépit de certaines maladresses, a le grand mérite d’alerter sur les maltraitances conjugales, en même temps qu’il lève le tabou sur l’inceste dont souffrent trop souvent les filles, au sein même de leurs familles.
Séances jeudi 18 et samedi 20 à 19h : Le film Desrances, opus de la réalisatrice du Burkina Faso, Apolline Traoré, peut se voir aussi sur nos écrans. Présenté au Fespaco en février 2019, il reçoit l’Étalon du meilleur décor, ainsi que les prix spéciaux de l’Assemblée nationale et de la ville de Ouagadougou.
Synopsis : Francis a quitté Haïti, suite au décès de ses parents massacrés par des soldats du régime dictatorial en place. Installé à Abidjan, avec sa femme ivoirienne, Aïssey, et sa fille Haïla âgée de douze ans, il attend avec impatience la naissance d’un héritier mâle. Alors qu’Aïssey est sur le point d’accoucher, une guerre civile éclate à Abidjan. Dans une quête désespérée, Francis, incarné avec force par Jimmy Jean-Louis, cherchera en vain son épouse et son fils, dans une ville à feu et à sang. Il découvrira alors le courage insoupçonné de sa fille, obstinée à le suivre dans son errance et sa folie, et seule à le protéger des autres et de lui-même, alors qu’il marquait déjà une préférence pour le fils à venir… Il comprendra qu’elle est la digne héritière de son illustre ancêtre, son grand-père haïtien tombé sous les coups du dictateur.