Depuis mardi soir, la rumba congolaise fait officiellement partie du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Une décision prise par l’Unesco, réunie cette semaine pour étudier une soixantaine de candidatures, dont celle de la rumba présentée conjointement par la République démocratique du Congo et le Congo-Brazzaville.
Aujourd’hui, c’est donc une nouvelle étape dans l’histoire déjà très riche de cette musique. Que ce soit à Kinshasa ou Brazzaville, les spécialistes situent les origines de ce style musical dans l’ancien royaume Kongo, sur la côte ouest de l’Afrique centrale. On y pratiquait il y a près de 500 ans déjà une danse appelée alors Nkumba ; une danse nombril contre nombril connue aujourd’hui sous le nom de « collé-serré ».
Plus tard, avec la traite négrière au XVe siècle, les Africains emmèneront dans les Amériques leur culture et leur musique. Ils fabriqueront leurs instruments, de plus en plus sophistiqués, et ce style reviendra ensuite en Afrique beaucoup plus tard.
C’est un moment historique quand on connaît l’histoire de cette musique, tout ce qu’elle porte. L’histoire à la fois de l’esclavage, du bassin du Congo jusqu’aux Amériques, jusqu’à Cuba. Et puis le retour de cette musique au XXe siècle et qui a accompagné toutes les luttes politiques, la mémoire, la dignité, mais aussi l’indépendance politique dans les années 60. Il y a tout un ensemble de valeurs, d’histoire, de mémoire, qui sont portés par cette musique. On est au-delà de l’esthétique, on est au-delà de l’émotion, et c’était important que la communauté internationale le reconnaisse.
Audrey Azoulay, directrice genérale de l’Unesco: «C’est un moment historique quand on connaît l’histoire de cette musique»
Edmond Sadaka
Une musique qui prend sa source dans la rumba cubaine
Dans sa version moderne, la rumba a un peu moins d’une centaine d’années. Elle est issue de la rumba cubaine des années 1930 et elle prend son véritable essor dans les années 1940.
Depuis, la rumba ne cesse d’évoluer, célébrée par de nombreux artistes, à commencer par Tabu Ley Rochereau, Papa Wemba, ou encore Grand Kallé.
Aujourd’hui, dans les deux capitales congolaises, on compte sur cette inscription au patrimoine mondial pour donner à la rumba une notoriété nouvelle, y compris auprès des Congolais eux-mêmes.
« La rumba m’est tombée dans les oreilles »
Sam Mangwana est l’une des légendes de la rumba congolaise. À 76 ans, bon pied bon œil, celui qui a fait ses classes auprès de Tabu Ley Rochereau et Franco Luambo est de retour en Europe avec un nouveau disque, Lubamba. C’est à l’occasion de la sortie de cet album il y a trois mois que RFI l’a rencontré et lui a demandé de raconter comment il avait découvert cette musique.
« J’étais un grand adepte de Joseph Kabasellé, qui est l’un des premiers précurseurs de la rumba moderne en Afrique centrale. Comme je suis issue de cette génération de la rumba, j’essaye de temps en temps de faire un clin d’œil afin de perpétuer le style de la rumba qu’ils avaient créé dans les années 1950. »
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Le musicien Sam Mangwana explique avoir commencé à écouter la rumba à l’âge de 8 ans à Kinshasa : « L’administration belge avait un système de lance-voix pour que les gens puissent s’informer et c’est comme cela qu’on a connu Tino Rossi, Charles Aznavour, le jazz, Duke Elligton ou encore Louis Armstrong ! »
C’est aussi comme cela, précise l’artiste, qu’il a commencé à découvrir la rumba, enfant sur le chemin de l’école : « C’est comme ça que la rumba m’est tombée dans les oreilles. »
La rumba, c’est une danse qui vous fait vivre l’émotion des anciens
Joie à Brazzaville après l’inscription de la rumba congolaise au patrimoine immatériel de l’humanité
Source : Rfi