Marcelin Nadeau, maire du prêcheur, accorde une interview à Hervé Brival à lire dans France-Antilles du 10 août 2020, dont on trouvera ci-après les premières lignes. Il réaffirme sa volonté de dialogue avec » un mouvement spontané et non encarté »
Entretien mené par Hervé Brival
Ces dernières semaines il y a eu des destructions de plaques de rue et des déboulonnages de statues au nom de la décolonisation de notre espace. Marcelin Nadeau, co-président de Péyi-A et maire du prêcheur, livre sa vision sur ces événements.
Marcelin Nadeau, le devoir de mémoire doit-il passer par ces destructions ?
Comme Péyi-A a eu l’occasion de le préciser dans un communiqué, les méthodes d’expression ou de résolutions des questions politiques ont toujours opposé les militants de générations différentes. Celle utilisé dans le cadre de la destruction des statues n’est pas la nôtre, mais ce désaccord sur la forme ne peut occulter le fond, c’est-à-dire les légitimes questions sur les clés de lecture des événements passés, les aménagements mémoriels et le modèle économique à construire. Il faut indiquer également que si nous assistons depuis quelques mois à une recrudescence d’actes militants paraissant violents à certains, c’est parce que la dernière génération d’élus a été particulièrement négligente par rapport à notre devoir de mémoire laissant perdurer cette trop flagrante surreprésentation des symboles coloniaux dans l’espace public martiniquais. C’est vrai qu’Aimé Césaire a beaucoup oeuvré afin de changer cette réalité, de même que l’assemblée municipale populaire de Rivière-Pilote et Alfred Marie-Jeanne ou encore Garcin Malsa à Sainte-Anne. Mais généralement, ces dernières années, hormis quelques initiatives isolées, les actions en relation avec notre devoir de mémoire sont demeurées limitées.
La suppression de ces symboles contestés ne devrait-elle pas être le fait de représentant élu du peuple et non de quelques militants ? »
Non, je reste persuadé, au contraire, qu’il ne faut jamais opposer actions militantes et actions des élus. D’ailleurs, on le voit bien quelques fois lorsque l’action des élus s’avère impuissante, une action citoyenne convergeant avec celles de élus peut aider à obtenir un certain nombre d’avancées. Je suis un élu qui croit beaucoup à cette nécessaire synergie entre actions citoyennes et actions des élus, surtout dans une configuration institutionnelle où le pouvoir des élu-e-s martiniquais-e-s est limité. La rue ou la société civile peut jouer son rôle de contrepouvoir pour catalyser l’action politique. Le temps de l’échange doit anticiper et respecter le temps de la décision politique, pour ne pas mettre en péril le modèle démocratique…
Lire la suite sur France-Antilles du 10/08/20