La renaissance du cinéma Atlas : un nouveau souffle pour le patrimoine culturel des Anses-d’Arlet

Depuis sa fermeture en 2013, le cinéma Atlas des Anses-d’Arlet est resté en sommeil, victime de la vétusté de son bâtiment et des bouleversements du passage au numérique. Cependant, ce lieu emblématique, qui a marqué l’histoire du cinéma dans le sud de la Martinique, est sur le point de renaître. La mairie s’est engagée dans un ambitieux projet de réhabilitation, visant à redonner vie à cet espace tout en préservant son cachet d’origine.

Un bâtiment chargé d’histoire

Construit en 1903 pour accueillir la mutuelle Le Peuple, ce bâtiment n’a cessé d’évoluer avec le temps, devenant un cinéma en 1905, à l’aube de l’ère du cinéma muet. La salle a gagné en notoriété grâce à Athanase Durival, un homme dévoué qui a porté le projet pendant plus de 70 ans, cumulant les rôles de projectionniste, directeur et gestionnaire. Pendant des décennies, l’Atlas a été un pilier de la culture cinématographique dans le sud de l’île, offrant aux cinéphiles des projections régulières, avant de fermer ses portes en raison de l’usure du bâtiment et des avancées technologiques.

Aujourd’hui, les toitures du bâtiment sont largement endommagées, les infiltrations d’eau ont détérioré les planchers, et certaines zones sont au bord de l’effondrement. Malgré ces ravages du temps, les murs maçonnés de la partie la plus ancienne tiennent encore bon, laissant entrevoir la possibilité d’une restauration réussie. Le projet de réhabilitation vise à conserver ces vestiges du passé tout en ajoutant une extension moderne à l’arrière pour une nouvelle salle de cinéma de 120 places.

Un projet de revitalisation culturelle

Le retour du cinéma Atlas s’inscrit dans une stratégie plus large de revitalisation du centre-bourg des Anses-d’Arlet. Outre la restauration du bâtiment, le projet comprend la création de nouveaux espaces culturels et sociaux. La partie ancienne du cinéma sera transformée en hall d’accueil et en salle des machines, tandis que la nouvelle salle proposera des projections contemporaines. Mais l’Atlas ne sera pas qu’une salle de cinéma : il accueillera également des festivals, des rencontres avec des artistes, et des ateliers de formation aux métiers du cinéma, renforçant ainsi le lien social et l’animation culturelle de la ville.

Une ambition architecturale et sociale

Le projet a pour ambition de conserver l’identité architecturale du lieu tout en intégrant des espaces modernes adaptés aux besoins d’aujourd’hui. Des aménagements urbains aux alentours du cinéma sont également prévus, avec la création d’espaces de convivialité pour encourager les échanges entre les habitants, les bénévoles et les visiteurs. La municipalité souhaite en faire un lieu central, non seulement pour le cinéma, mais aussi pour la vie culturelle et sociale de la commune.

Eugène Larcher, maire des Anses-d’Arlet, résume cette ambition : « Le cinéma Atlas fait partie intégrante de notre patrimoine et de notre histoire. Sa réouverture est essentielle pour redynamiser notre centre-bourg et offrir un lieu de rencontre et de partage autour de la culture. »

Un financement solide et des partenaires engagés

Le budget total de la réhabilitation du cinéma Atlas est estimé à 3 657 000 €, comprenant les travaux et les études préalables nécessaires. Grâce à l’appui de l’Agence française de développement (AFD) et du Loto du Patrimoine, porté par la Mission Stéphane Bern, la mairie a pu réunir une partie des fonds pour lancer les études de faisabilité et préparer la phase de travaux.

Un concours d’architecture sera prochainement lancé pour sélectionner le projet final. L’objectif est que les travaux débutent fin 2025, afin que l’Atlas puisse rouvrir ses portes et accueillir à nouveau les cinéphiles dans un cadre moderne tout en respectant son histoire.

Une gestion externalisée et une programmation enrichie

Pour assurer la pérennité de cette renaissance, la gestion du cinéma sera confiée à un opérateur privé, sélectionné à travers un appel d’offres. Ce dernier devra respecter un cahier des charges exigeant, mettant l’accent sur la conservation du cachet architectural du bâtiment, une programmation éclectique (cinéma caribéen, cinéma d’art et d’essai, cinéma africain, etc.) et un volet éducatif important, notamment à travers des ateliers destinés aux jeunes.

Ce projet ne se limite donc pas à la restauration d’un bâtiment, mais vise à faire de l’Atlas un véritable pôle culturel et social, au cœur de la vie des Anses-d’Arlet, en attirant à la fois les habitants et les visiteurs venus découvrir l’un des rares témoins de l’histoire cinématographique de la Martinique.