— Par Sylvie Chokron —
L’appréciation de la beauté est-elle subjective ou dépend-elle de proportions parfaites suivant par exemple les lois du nombre d’or ? La neuro-esthétique nous en apprend sur la réaction de notre cerveau face à l’objet de notre admiration, explique la chercheuse en psychologie Sylvie Chokron dans sa Carte blanche au « Monde ».
Nous tombons parfois en arrêt devant la beauté d’un reflet sur un lac, d’un visage ou encore d’un tableau. Que se passe-t-il au niveau cérébral à ce moment précis ? Une nouvelle discipline, la neuro-esthétique, s’intéresse de près au sujet de la beauté. Une grande question subsiste encore dans ce domaine. L’appréciation de la beauté dépend-elle de paramètres objectifs présents dans l’objet de notre contemplation ou est-elle déterminée par des jugements purement subjectifs ?
Platon, défenseur de la première hypothèse, a proposé que la beauté dépend des propriétés intrinsèques d’un objet qui procurent une expérience agréable à la personne qui l’observe. Les êtres humains seraient donc équipés de processus au niveau cérébral leur permettant d’entrer en résonance avec certains paramètres physiques présents dans l’objet de leur admiration. A l’inverse, la seconde proposition suggère que l’évaluation d’un spectateur est totalement subjective et n’est déterminée que par ses expériences passées et son jugement de valeur personnel. Si tel était le cas, n’importe quelle œuvre d’art, en théorie, pourrait susciter le même plaisir.
Or, lorsqu’il est question de jugement esthétique, il est un nombre magique qui a beaucoup fait parler de lui, il s’agit du nombre d’or. Notée le plus souvent φ, cette valeur approximative de 1,618 correspondrait à un ratio (environ 3/2), considéré comme parfait, entre la longueur et la hauteur d’une forme qui mettrait notre cerveau en émoi…
Sylvie Chokron est directrice de recherches au CNRS, Laboratoire de psychologie de la perception, université Paris-Descartes et Fondation ophtalmologique Rothschild
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