— Par Yves-Léopold Monthieux —
Il est salutaire que la presse relève la défaillance incontestable qui a conduit à l’abandon d’archives scolaires dans les locaux à détruire du Lycée Schoelcher. Mais il n’est pas normal qu’elle laisse dire ou suggérer que la Collectivité territoriale de Martinique puisse en porter la responsabilité. En effet, il est impossible à tout esprit averti d’ignorer que les auteurs d’une telle faute ne peuvent être recherchés qu’au sein de l’administration du lycée. Même si la Martinique était indépendante c’est cette administration qui serait responsable.
En revanche, la RLDM est la radio d’un parti politique, laquelle porte donc une parole militante. Il n’est pas normal que ce vecteur partisan soit considéré comme le journal officiel de la Martinique qui, chaque samedi, porterait la parole de la collectivité. Le président de la CTM s’honorerait en prenant congé de la radio de son parti durant sa mandature, sauf en période électorale. D’ailleurs, une décision de ce genre aurait de la gueule. De même, les alliés du MIM, du Gran Sanblé et de Ba péyi-a an chans, que la parole et le comportement du président engagent, feraient preuve de responsabilité et de non-complicité en invitant ce dernier de se remettre sur les rails de la démocratie au nom de laquelle ils ont été élus.
Les mises au point relatives aux affaires de ce genre devraient faire l’objet de communiqués officiels sans caractère polémique, à la télévision. Il n’est pas besoin de viser un fonctionnaire, en particulier, et encore moins s’il s’agit d’un adversaire politique, comme moyen de défense. C’est la parole de la collectivité qui se trouve ainsi démonétisée aux yeux de la population. Ce mélange des genres attise la polémique, dévalue la parole et l’action publiques et met la Martinique dans une étrange et inquiétante situation au regard de la démocratie. Qu’en pensent les politologues ? On est en Martinique.
D’après une source autorisée de la CTM, le président du Conseil exécutif serait dans l’incapacité de s’exprimer dans la presse « officielle » et obligé de ne compter que sur ses propres moyens (Radio APAL et RLDM) pour communiquer avec les Martiniquais. Il s’agit d’un argument déconcertant au nom de celui qui promettait naguère de mettre la « presse au diapason ». Pour le premier élu martiniquais, qui avait su remuer ciel et terre pour obtenir un nouveau statut politique pour la Martinique, ce divorce avec la presse présenté sous des airs de fatalité est peu glorieux et presque pitoyable.
Oui, c’est la fin d’une époque* qui se confirme.
Yves-Léopold Monthieux
(*) Alfred Marie-Jeanne, la Fin d’une époque Yves-Léopold Monthieux – 2015