La radio de service public, soutien concret de la filière musicale et culturelle

— Par Sibyle Veil, présidente-directrice générale de Radio France —
Face aux nouvelles plateformes d’écoutes, la puissance prescriptrice de Radio France n’est pas en reste. Avec ses 15 millions d’auditeurs par jour, le groupe public amplifie cette saison son implication auprès du secteur musical.

Tribune. Depuis ma nomination à la tête du premier groupe radiophonique du pays il y a un peu plus de deux ans, on me pose régulièrement la question de l’avenir de la radio. Sommes-nous encore en phase avec les pratiques du temps ? Les nouvelles plateformes d’écoutes vont-elles nous remplacer, purement et simplement ?

La musique nous donne une éclatante preuve du contraire. Avant l’été, une jeune artiste de la scène française – Cléa Vincent – déclarait dans Libération qu’«un seul passage sur France Inter rapporte autant qu’un million de clics sur Spotify en droits d’auteur». Plus récemment, la société d’artistes-interprètes Adami publiait une analyse comparative montrant que 14 passages à la radio produisaient pour un artiste l’équivalent du revenu qu’il pouvait toucher pour 1 million d’écoutes en streaming gratuit et 250 000 écoutes en streaming payant.

Quand les autres sources de revenus – concerts, festivals, vente de disques – se tarissent, la radio reste un soutien solide et concret de la filière musicale. Chaque année, Radio France verse près de 40 millions d’euros de droits, qui vont à la rémunération des auteurs et interprètes. Quand, au cœur de la crise, nous avons décidé d’augmenter de 25% le volume de musique sur nos antennes, d’y faire vivre plus de 20 festivals musicaux ou culturels comme celui de spectacle vivant d’Avignon, nous l’avons fait avec la volonté d’assumer pleinement notre responsabilité à l’égard de la filière musicale et culturelle.

Plus de 20 tranches dédiées à la musique

Mais nous savons que la route est encore longue pour ce secteur qui est notre secteur de cœur, si utile à la société. C’est pourquoi, nous avons décidé d’inscrire dans la durée l’amplification de notre soutien au secteur musical : dans les grilles 2020-2021 que nous venons de présenter, nous comptons plus de 20 tranches pleinement dédiées à la musique, dont cinq nouveaux rendez-vous spécialement conçus pour cette rentrée, et cela sans compter nos trois chaînes musicales qui la diffusent et la promeuvent toute la journée – France Musique, FIP et Mouv’ – et nos 24 webradios très éclectiques, dont deux nouvelles cette saison.

Nous savons la puissance prescriptrice qui est la nôtre auprès des 15 millions d’auditeurs qui écoutent chaque jour nos antennes, et la responsabilité qu’elle nous confère par conséquent. Nous la mettons au service de tous les genres musicaux et d’une large variété d’artistes, avec une attention particulière pour ceux qui se lancent.

Ce soir, nous organisons la 2e édition de notre concert Nouvelle Scène, qui est un manifeste de l’engagement de toutes les équipes de Radio France pour l’émergence de nouveaux artistes. C’est un choix très clair de service public que nous avons fait bien avant la crise : c’est l’une des vocations de FIP qui, de manière unique au monde, expose, promeut et soutient au quotidien une immense diversité de titres, plus de 2 400 chaque semaine. Cette action, nous l’avons amplifiée depuis le début de la crise et nous la prolongerons au-delà.
Du spectacle vivant au cinéma indépendant

Ce rôle de prescription est tout aussi vrai dans les autres domaines culturels. Cela va du spectacle vivant au cinéma indépendant, des livres aux jeux vidéo. Elle est bien sûr d’une singulière puissance sur France Inter, première chaîne de France : on voit les ventes d’un livre cité un matin par Nicolas Demorand bondir dans les heures qui suivent, on voit la résonance des cartes blanches des invités d’Augustin Trapenard, on sait l’impact sur les entrées en salles de nos choix de films Inter. C’est aussi le cas sur France Culture, qui est la seule chaîne au monde 100% culturelle, où l’on parle de la culture jour comme nuit. Chaque année, les révélations du ou de la lauréate du prix du livre Inter et du prix du roman étudiant de France Culture et Télérama sont de très forts accélérateurs de leurs ventes : trois fois plus de ventes en un mois pour le prix Inter 2019, +60% en moyenne dans le mois qui suit le prix France Culture. Et les exemples sont nombreux.

Ce mercredi soir, pour le concert Nouvelle Scène et cette année de turbulences plus que jamais, vive la musique et la culture, le service public est durablement à vos côtés.
Sibyle Veil présidente-directrice générale de Radio France

Source : Liberation.fr