— Le n° 342 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —
Qu’il s’agisse de la Corse, de la Guyane, de la Martinique, le discours du pouvoir colonial connaît une inflexion variable suivant les pays, et le rapport de forces politiques. Cette inflexion va de pair avec le programme européen de pouvoirs régionaux accrus.
Bien entendu, il y a un monde entre ce cours nouveau européen, et nos aspirations d’émancipation nationale et sociale des dernières colonies. Faut–il pour autant défendre le statu–quo de l’archaïsme colonial actuel ? Bien sûr que non ! Les élu·e·s progressistes guyanais ont parfaitement compris qu’il faut faire un pas vers la décolonisation, en tenant compte de l’état d’esprit des masses.
En Martinique, la « question institutionnelle » est, si l’on peut dire, prise en otage des intérêts politiciens, c’est-à-dire du combat électoraliste entre les blocs anciens ou nouveaux. Le débat sur le contenu des changements à faire, n’est pas clairement mené devant les masses. Les uns s’en prennent aux méthodes des actuels dirigeants de la CTM, les autres prennent argument de tous les problèmes du quotidien martiniquais pour renvoyer aux calendes grecques le débat politique sur le statut.
Il en résulte un piétinement, un cantonnement du débat, aux échanges entre le pouvoir colonial et les autorités locales, même lorsque celles–ci agitent le spectre d’un congrès du peuple, dont on ne voit pas les prémices. L’atonie du mouvement de masse sur les questions politiques, son incapacité même à débattre sur le fond, ne facilitent rien.
En ce qui nous concerne, nous ne voyons pas dans le vieux clivage entre autonomistes et indépendantistes, un élément pratiquement opératoire. L’indépendantisme des Patriotes semble se réfugier dans les démarches solitaires vers le comité de décolonisation de L’ONU, ou dans les incantations sans prise sur le réel.
Dans une telle situation, le mouvement ouvrier et populaire doit opérer une réflexion stratégique. Son but inchangé ne peut être que le pouvoir total des masses laborieuses sur la politique, l’économique, le social. Cela ne peut se concevoir, ni se faire sans les masses. Celles–ci ne peuvent être reléguées au rang de spectatrices de conflits politiciens, en attendant des jours meilleurs où elles seraient enfin invitées à prendre part.
C’est dès maintenant, qu’elles doivent imprimer leur marque, peser pour que le débat institutionnel ne soit pas tranché par un « consensus » entre les élu·e·s d’aujourd’hui et le pouvoir colonial. L’idée de l’assemblée constituante est plus actuelle que jamais.
Mais, ce débat ne saurait se limiter à l’aspect institutionnel. Le mouvement ouvrier et populaire se doit d’aborder le contenu social, le contenu écologique, le contenu démocratique, le contenu féministe, le contenu internationaliste, de chaque pas en avant dans la démarche sur la question du statut.
C’est le meilleur moyen de préparer des garanties contre de nouvelles mystifications historiques.
« Affaire dite Pinto » : le combat continue
Par sa détermination depuis un quart de siècle, Hervé Pinto est devenu le révélateur et le symbole d’un combat contre les magouilles d’aigrefins sans scrupules qui ne reculent devant rien pour spolier ou bénéficier de spoliations de terres.
Petits arrangements avec notaires ou géomètres indélicats, exploitation de toutes les failles du hiatus entre le droit successoral français et certaines habitudes ancestrales en matière d’héritage, partis pris de gens bien placés pour les copains–coquins, faiblesse de l’investigation, laxisme de personnages convaincus de ne prendre aucun risque en laissant faire, tout concourt au non–respect des droits des héritiers de Félix Grat.
Le dernier épisode, l’arrestation de Pinto accusé d’avoir ignoré les interdictions du contrôle judiciaire, est du même acabit. On lui avait interdit de se rendre dans la cité du hameau. En réalité, il se trouvait hors de ce périmètre, sur une autre partie des terres de son ancêtre, lorsque, dans une scène digne d’un film de guerre, il est embarqué par une horde survolée par un hélicoptère.
À la cour d’appel, vendredi 22 mars, on examinait la demande de mise en liberté formulée par son avocat.
En pleine journée, près de 200 personnes se sont massées devant le tribunal, au son des tanbou, ti-bwa, konn lanbi, parol dèyè parol.
Dimanche 24 mars, une bonne centaine de militantes et militants se sont retrouvés autour du Kolektif jistis Matinik, pour faire le point, envisager la suite qui ne peut être qu’une suite de mobilisations, aussi bien sur cette affaire que sur les centaines d’autres qui ont des points communs avec le cas de Félix Grat.
La question posée concerne en fait la salubrité publique, le respect du peuple et du patrimoine martiniquais.
DERNIÈRE MINUTE : Le délibéré du mardi 24 mars maintient Hervé Pinto en prison, jusqu’à son procès au mois d’avril.
Stop au génocide en Palestine
Extension de la colonisation au sens propre, en Cisjordanie, poursuite implacable du génocide à Gaza. Biden et Macron demandent enfin à Netanyahu le cessez–le–feu. Mais à quoi servira un cessez–le–feu, si la population est anéantie par les bombes, la faim, l’impossibilité de se soigner ?
L’urgence est évidente : que l’envoi des armes aux génocidaires cesse, et que les sanctions soient infligées sans délai !
Rien, absolument rien ne justifie qu’on cesse de crier par tous les moyens possibles : Halte au massacre !