— Par Victor Lina —
Introduction à la psychanalyse version française du livre Vorlesungen sur Einführung in die Psychoanalyse est la transcription d’une série de conférences que donne Freud entre 1915 et 1917.
Il y a donc un siècle que Freud exposait par petites touches les éléments liminaires à une présentation de la psychanalyse.
Dans son introduction qui est présentée non sans malice sous le titre d’acte manqué, Freud avertit le lecteur voire le dissuade de le suivre. Il met en exergue les inconvénients à vouloir s’intéresser à la psychanalyse. Le premier inconvénient qu’il présente est de risquer de mettre en péril un projet de carrière universitaire pour ceux qui l’envisageraient. Un siècle plus tard cet avertissement n’est-il pas toujours valable ?
Freud souligne l’importance des mots et des paroles comme véhicule primordial pour la pratique psychanalytique : « Le patient parle, raconte les évènements de sa vie passée et ses impressions présentes, se plaint, confesse ses désirs et ses émotions.1 »
Cette prévalence accordée à la parole n’est pas un détail mineur, mais bien que galvaudée au fil du temps demeure l’une des marques distinctives de la psychanalyse.
Freud précise les exigences du dispositif psychanalytique. La psychanalyse ne se pratique pas à l’adresse d’un groupe, mais individuellement un psychanalyste reçoit un patient. Sa tenue et son maintien dans le temps est conditionnée par ce que l’auteur appelle « une affinité particulière » et qui est autrement nommée transfert.
La légitimité de la psychanalyse, la réponse qu’elle peut donner à une exigence de garantie, ne repose pas, sur une expérience extérieure, ce que l’on désigne par le terme expérimentation, ou sur une localisation anatomique, non plus sur une description de différents états à laquelle les aliénistes se sont appliqués pour constituer un corpus nosographique ; mais elle s’appuie sur une expérience sur soi qui va plus loin que l’auto-analyse, faisant usage de la parole dans un cadre guidé par un psychanalyste.
Enfin Freud expose les deux fondements irréductibles de la théorie psychanalytique, l’origine et la base sexuelle de nos motivations, la répression qui l’accompagne et le caractère inconscient de ce qui gouverne la plupart de nos choix.
Peut-on conclure en disant qu’en prenant le parti de nous dissuader de porter quelque intérêt à la psychanalyse Freud a réussi son acte manqué ?
Victor Lina
1 Freud S., Introduction à la psychanalyse, Paris : Payot, 1961