Initialement conçue pour un récital, c´est la première fois que cette composition est interprétée par un groupe de musiciens, de chanteurs et de danseurs ; sa mise en scène a été à la charge du metteur en scène allemand Andréas Baesler et la direction musicale de la part du maestro Guido López Gavilán.
Les détails de cet événement artistique ont été offerts précédemment lors d’une conférence de presse, dans la salle Nicolas Guillén de l´Union des Écrivains et des Artistes de Cuba (UNEAC), dirigée par Miguel Barnet, Andréas Baesler et Guido López Gavilán, avec la présence de Mme Judith Mai Warm, attachée culturelle de l´Ambassade d´Allemagne à Cuba, les protagonistes de la mise en scène, les principaux instrumentistes, ainsi que d´autres membres du casting et du groupe de réalisation.
Guido López Gavilán a précisé que cette première est un événement très important pour la culture cubaine, pour la musique et l´art en général car l’oeuvre est basée sur le roman témoignage de Miguel Barnet. Hans Werner Henze, l’un des plus grands compositeurs du XXe siècle dans le monde, a conçu une œuvre en 1970 qui reflétait « l’essentiel de l´esprit, du message humain, social et historique de ce roman ».
Le maestro a souligné la maestria du percussionniste Luis Barrera, le point central de cette mise en scène particulière, ainsi que la performance de la flûtiste Zorimé Vega García qui joue quatre types de flûtes différentes, y compris une flûte basse qui est utilisée pour la première fois à Cuba. L´orchestre est composé, en outre, par le guitariste Eduardo Martín, rappelant que c’était le grand maestro Leo Brouwer qui jouait la guitare lors de la première mondiale de cette œuvre en 1970.
Le personnage du cimarrón dans la mise en scène d’Andréas Baesler se déroule dans quatre rôles, interprétés par les chanteurs Marcos Lima et Yunie Gainza, l’acteur Jorge Ryan et le danseur Carlos Luis Blanco qui, avec le corps de ballet de la compagnie Danza Contemporánea de Cuba, travaillent sur une chorégraphie du maître Isidro Rolando.
Andréas Baesler a commenté que l’idée lui est venue en 2005 et, avec le temps, elle s’est convertie en un rêve car c´est une œuvre cubano-allemande qui a été présentée en Europe, en Amérique, en Asie, mais jamais à Cuba. Il a également précisé que son intention est d´ouvrir les possibilités qu´offre la pièce pour le théâtre, que deux chanteurs permettent d´exprimer les différentes facettes du personnage principal et que le danseur peut représenter ce que l’on ne peut pas dire avec des mots.
Pour sa part, Miguel Barnet, président de l´UNEAC, a déclaré : « Pour moi, cette œuvre a une grande importance car Biografía de un cimarrón m´accompagne depuis 1966 comme un grand mystère, quand j´ai écrit ce texte et que je l’ai recréé littérairement, je ne soupçonnais qu´il aurai une telle importance et une telle transcendance internationale »
Biografía de un cimarrón a eu plus de 70 éditions littéraires dans de nombreuses universités du monde, car on lui attribut le mérite d´avoir rompu le canon de la littérature de fiction et de définir des nouvelles valeurs dans l´interprétation de l´histoire et, aussi, comme une nouvelle méthode de travail.
La première d’El Cimarrón d’Hans Werner Henze a eu lieu en 1970 à Rostock et l´année suivante dans le Festival d´Edimbourg où il a remporté le premier prix.
Miguel Barnet a exprimé son admiration pour Hans Werner Henze et il a commenté qu´il publiera bientôt un texte dans la Gaceta de Cuba sur ses relations avec le musicien et sur les relations de celui-ci avec Cuba et la musique cubaine. Ensuite il a dit : « c´est une œuvre d´avant-garde, difficile pour l´oreille occidentale conventionnelle, mais c´est une œuvre intéressante, plus je l´écoute plus elle m’intéresse. C’est une œuvre d’une grande profondeur comme une expérience d´avant-garde, elle a beaucoup de charme, beaucoup de beauté et, d’après la façon et le mode d’un artiste contemporain, elle reflète une vie pénible, pleine de vicissitudes et de mésaventures d´un homme qui a vécu l´esclavage, mais qui a toujours clamé pour la liberté ».