Culture Égalité et la lutte contre la vie chère en Martinique : un combat féministe et structurel
Depuis plusieurs semaines, la Martinique est le théâtre d’une mobilisation sociale intense contre la vie chère. L’association féministe Culture Égalité (CE) prend sa part de cette lutte et s’engage non seulement contre les inégalités économiques, mais aussi contre les structures patriarcales, coloniales et capitalistes qui les perpétuent. Car le combat pour une société plus juste ne saurait être séparé de celui pour l’égalité des sexes et l’émancipation.
Une société débarrassée du colonialisme, du capitalisme et du patriarcat : un défi à relever
Le combat contre la vie chère ne peut se dissocier de l’histoire coloniale et capitaliste de la Martinique. La « pwofitasyon » – exploitation économique systémique – a fait de notre pays un marché à exploiter, renforçant les inégalités sociales et économiques.
Pour Culture Égalité, dénoncer cet héritage ne suffit pas : il est impératif d’opérer une transformation structurelle en brisant les logiques d’exploitation et de domination.
Le rôle réservé aux femmes dans notre société
En Martinique, où les femmes occupent souvent des rôles centraux au sein des foyers, notamment dans la gestion du budget familial, elles sont particulièrement vulnérables face à la précarité.
Les hausses continues des prix des biens essentiels — alimentation, mais aussi santé, éducation, transports — rendent leur tâche de plus en plus ardue. Or, en plus, elles sont souvent tenues pour responsables quand elles n’arrivent pas à gérer précarité et pauvreté. Pourtant, sé yo ka tjenbé la tjé pwèl-la, sé yo ki sav siy cho !
Le rôle clé des femmes dans les luttes sociales
Cela explique que les femmes martiniquaises ont toujours été en première ligne des mouvements sociaux, comme lors de l’Insurrection du Sud (avec Lumina) ou lors des Marches de la faim ou encore lors des grandes mobilisations de 2009… Cependant, leur engagement s’accompagne de défis spécifiques, notamment les violences sexistes, y compris au sein des mouvements militants.
Elles subissent une triple peine : la répression de l’État, le sexisme de certains camarades de lutte, et des violences spécifiques en raison de leur genre, dirigées contre elles par des opposants au mouvement.
La voix des femmes face aux violences et à la censure
Les violences verbales s’en prenant au physique des femmes ou à leur vie privée et les renvoyant à leur « place naturelle » participent d’une stratégie visant à réduire leur présence dans l’espace public. Ces agressions ne sont pas anodines : elles cherchent à contrôler leur parole, à les discréditer, à les pousser à l’autocensure et finalement à les casser. Culture Égalité condamne fermement ces pratiques, quel que soit le bord politique de celles ou ceux qui s’y livrent et des femmes contre lesquelles elles s’exercent, car ces violences ont pour effet, et peut-être pour but, de renforcer l’exclusion des femmes du débat public et d’empêcher leur engagement social et politique.
Violences policières : une répression disproportionnée
La violence policière qui s’exerce en réponse à des revendications sociales n’est pas admissible. L’arrivée massive des CRS, historiquement chassés de notre territoire, a exacerbé les tensions, avec des violences souvent disproportionnées contre des manifestations pacifiques.
Les femmes, en tant que manifestantes, subissent ces répressions au même titre que leurs camarades masculins, mais aussi des violences spécifiques liées à leur genre. CE s’élève avec force contre l’usage de la répression contre les manifestantes et manifestants et particulièrement contre toute violence, brutalité spécifiques et acharnement particulier à l’encontre des manifestantES.
Pour une société véritablement égalitaire et décoloniale
La lutte contre la vie chère en Martinique dépasse les seules revendications économiques. Elle s’inscrit dans un combat plus large pour déconstruire les systèmes d’oppression patriarcale, coloniale et capitaliste. La voix des femmes est essentielle dans cette bataille, et il est impératif de l’écouter, de la respecter et de la valoriser.
Culture Égalité rappelle que construire une société débarrassée du colonialisme et non capitaliste exige notamment une transformation profonde des rapports entre femmes et hommes. Par conséquent l’émancipation de la société martiniquaise passe par une reconnaissance et une acceptation pleines et entières de la place des femmes dans les luttes sociales et politiques. Leur engagement est une force motrice incontournable pour bâtir une société plus juste et égalitaire.