— Par Raoul Oliny —
Des décisions des autorités supérieures mal perçues par la population à cause de leur manque de cohérence contextuelle, certaines postures de nos représentants qui n’ont pas nécessairement servi l’unité et la responsabilité politique, un contexte social tendu depuis bien longtemps du fait d’un sentiment d’oppression. Les ingrédients étaient donc réunis pour un carnaval 2021 exceptionnel qui a vu notamment beaucoup d’amateurs de défoulements « san manman san papa » prendre le maquis.
Le 15 décembre 2020, le conseil d’administration du Collectif des Opérateurs de Rue de Martinique (COR) se rassemblait les Présidents des associations adhérentes. Et c’est collégialement que nous avons décidé de ne pas participer, de ne pas organiser les grosses manifestions que des dizaines de milliers de martiniquais ont l’habitude de fréquenter avec grand bonheur chaque année.
Cette décision responsable a été dictée par la volonté de protéger nos membres (2400 acteurs), de protéger nos familles, de protéger le pays… par notre l’expérience du dernier confinement qui a tellement impacté négativement la vie sociale et économique de notre pays.
Certaines de nos associations ont profité de ce temps calme pour s’inscrire dans une démarche d’éducation et de transmission culturelle ; démarche indispensable pour la survie de ce pan de notre patrimoine qui ne se limite pas simplement à une vision de défoulement.
Si le contexte sanitaire le permet, pendant les grandes vacances nous participerons activement à l’animation du territoire. Pour autant, beaucoup de Martiniquais ont avoué leur doute et leur perte de confiance dans les informations qui viennent des canaux officiels. Ils ont l’impression d’être les bwa bwa au carnaval des autres.
L’avenir nous commande plus de solidarité
En y regardant bien, on peut traduire certaines transgressions des arrêtés pris par une volonté de délivrer certains messages… A chaque destinataire de bien recevoir son message… Et de rectifier pour l’avenir en gardant à l’esprit que chaque action provoque des réactions positives ou négatives.
Je veux compter sur la raison de chacun pour que désormais nous nous renforçions dans les rangs de la positivité. Quitte à me répéter : « An nou arété séré dèyè mouton pou palé ba bèwjé »… La Martinique est un pays à vivre. L’avenir nous commande plus de solidarité, plus de responsabilité individuelle et collective. L’avenir refusera certaines postures ou jeux de rôles. Demain nous exigera plus de confiance en soi, plus de confiance en nous. Il tournera le dos à certaines pratiques qui ne servent pas une vision constructive de l’héritage de liberté que nous ont laissé nos ancêtres ; et que nous devrons transmettre à notre tour. S’il est vrai que la vérité ne doit jamais se construire en fonction des nécessités circonstancielles, il est selon moi, plus qu’évident que nos populations ont besoin de guides charismatiques qui puissent leur donner une parole ferme en chaque circonstance, tout en leur montrant le chemin et les étapes à franchir.
Sauf me tromper, la majorité des Martiniquais a bien compris les enjeux, malgré les controverse. Les clameurs se sont tues. Comme beaucoup, je souhaite ardemment que ces petits moments festifs que se sont octroyés certains faisant fi des règles sanitaires n’entament pas la vie dans le pays.
2021 devra être l’année de tous les défis où chaque Martiniquais (e) devra affirmer, en conscience, son appartenance à ce territoire ; et devra s’investir, de manière effective, pour son respect d’abord en tant que citoyen chez lui, puis appartenant au tout monde.
La tâche ne sera pas facile pour que collectivement nous puissions mettre l’esprit avant la matière. Il faudra une implication beaucoup plus forte des acteurs conscients. Car il faudra conscientiser. Car Il faudra changer le modèle actuel, qui montre régulièrement ses faiblesses.
Il faudra éduquer, dès le plus jeune âge, sur chemin à prendre collectivement.
Raoul Oliny