— Par A3C —
« C’est la raison pour laquelle nous avons entrepris une démarche auprès de l’Etat, qui est de racheter les dettes sociales et fiscales pour leur permettre de rénover et d’investir. Ces dettes devant être remboursée sur le long terme. » Mme Marinette Torpille F.-A. 19 janvier 2017
Décidément, l’entrefilet de France-Antilles dans l’interview de Marinette Torpille de « An nou ba péyi a an chans », tellement petit qu’on aurait pu ne pas le voir, n’en finit pas de faire des remous.
Après le courrier de l’Association des Consommateurs et des Citoyens de la Caraïbe, paru notamment dans Politique Publique , MadininArt et sur le net, et l’interview de Max Orville président du Modem Martinique par Maurice Violton dans SawKadi du 8 février dernier , force est de constater que l’agitation a été forte au Gran Samblé puisque Marinette Torpille n’aurait pas décoléré -apprenons-nous- et que mission lui a été donnée d’obtenir un droit de réponse par Maurice Violton dans SawKadi du 10 février. Il faut dire aussi que Catherine Conconne a dans la même émission SawKadi abordé la même question.
La Conseillère exécutive de la Collectivité Territoriale de Martinique, présidente de Martinique Développement lors de cette interview proteste contre les allégations des uns et des autres sur la démarche, sur le vote de cette décision, et sur le choix du secteur hôtelier.
Il faut rendre à César ce qui appartient à César. L’Association des Consommateurs et des Citoyens de la Caraïbe a fait des recherches qui lui ont permis d’arriver à une situation éclaircie sans pour autant qu’une situation « éclaircie » soit acceptable.
Oui, en effet, le dispositif évoqué le 19 janvier 2017 a été accepté par une délibération 16-146-1 du 19 juillet et du 20 juillet 2016, portant « mise en place d’un dispositif exceptionnel en faveur de l’hôtellerie martiniquaise ». Il a donc fallu un peu plus de 6 mois pour découvrir un dispositif particulièrement discutable !
Outre le fait que l’Article 1 stipule un Accord de principe (sic !) pour la mise en place d’un dispositif exceptionnel d’intervention en garantie d’emprunt des établissements hôteliers dans le cadre de la restructuration de leurs dettes sociales et fiscales.
L’Article 2 indique que Mandat est donné au Président du Conseil Exécutif pour la réalisation de toutes les actions nécessaires liées à la présente délibération.
Autrement dit, voilà les questions qui viennent naturellement à l’esprit :
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Comment peut-on envisager qu’il y ait une délibération sur un engagement de garantie d’un prêt sans que le projet de développement économique exigé par la Loi – obligation de toute nouvelle collectivité élue dans l’année qui suit son élection – ait été élaboré et soumis à l’assemblée afin de mettre en évidence les priorités et les secteurs économiques à aider ?
En d’autres termes, pourquoi une telle précipitation sinon pour faire passer en douce une mesure de faveur à l’égard d’une catégorie d’entrepreneurs au détriment des autres ?
Comment peut-on mettre la charrue avant les bœufs ? La logique démocratique – surtout pour les parangons auto-déclarés de l’honnêteté et de la transparence – voudrait qu’on s’occupe d’abord d’élaborer puis de soumettre au vote de toute l’assemblée le projet de développement économique martiniquais. En corollaire de ce projet, on pourrait alors, et seulement alors proposer à l’assemblée une action de soutien de l’hôtellerie martiniquaise en difficulté…
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Comment peut-on faire voter un principe ? Autrement dit on fait voter une coquille vide qui témoigne du degré d’impréparation de notre assemblée ou de son désir de faire voter des décisions (sic ?) qui n’en sont pas puisque dans le même temps on donne au Président les pleins pouvoirs ! En d’autres termes, on renoue avec des affaires du genre Ti Sicrié mais en tentant de donner une couverture de légalité à la chose !
Du coup, nous découvrons à quel point :
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L’assemblée n’est qu’une assemblée croupion sans autre fonction que de saluer les décisions du Grand Chef et de les voter
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Dès lors, à quoi bon une assemblée que nous payons pour ne rien faire ? Encore un coup du TCSP !…
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La CTM est une machine à vapeur destinée à donner à un seul les pleins pouvoirs. Ou, pour le dire autrement, la Martinique est sur la pente d’un régime à la Papa Doc !
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Parallèlement, on donne un pouvoir total de principe mais sur quelles sommes ? A quelle hauteur l’engagement de la CTM ? Quel type de prêt ? Combien d’intérêts ? Quel échéancier ? Rien ! Chat-en-sak !
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Lorsque la CTM garantit le prêt consenti à des entrepreneurs, quelles garanties a-t-elle prises elle-même sur les biens de ces entrepreneurs ? Autrement dit si le débiteur est incapable d’honorer ses dettes, comment la CTM compte-t-elle s’y prendre pour se couvrir ?
A moins qu’il se s’agisse de dons déguisés ! On sait bien qu’il y a des spécialistes des dettes couvertes par des subventions…voire des dons !
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La question récurrente que tout le monde évidemment se pose est de savoir si Ba Péyi a an chance s’est vendu à Gran sanblé, et à quel prix ?
L’association des Consommateurs de la Martinique invite l’ensemble des Martiniquais à se souvenir au moment de voter prochainement, de ce genre de forfaiture et d’ici là elle demande à la population de la soutenir si elle devait déposer une plainte en justice afin de faire respecter l’honnêteté la plus scrupuleuse. Nous n’accepterons pas que l’épisode Fillon se renouvelle d’une autre manière en Martinique où déjà le contribuable Ti-Sonson a perdu son argent dans le TCSP, dans l’augmentation des taxes sur le carburant – qu’on s’apprête à alléger pour les transporteurs ! – , dans les prix exorbitant de l’alimentation, du téléphone, de la voiture, bref de la vie en Martinique sans que cela émeuve en quoi que ce soit nos élus !
Accessoirement, nous avons aussi appris de la bouche de Marinette Torpille que la construction de la CTM posait un problème de gouvernance, et que les élus travaillent puisque certains dossiers éclosent. Lesquels ? Tout ceci ne laisse pas de nous inquiéter fortement ! Il est grand temps de considérer que le citoyen martiniquais doit savoir comment est utilisé son argent ! Car il s’agit bien de l’argent public, celui des martiniquais !
Nous l’avons déjà dit, mais nous le redisons : qu’on ne croie pas que les Citoyens et les Consommateurs martiniquais accepteront de voir recommencer l’affaire Fillon en Martinique !