— Par Anna Breteau —
L’écrivain et réalisateur, Yann Moix, a fustigé ce 7 juin sur BFMTV la naturalisation du héros Mamoudou Gassama par Emmanuel Macron, et ce en comparaison avec le traitement des autres migrants en France. « Distinguer d’un côté le héros (…) et de l’autre le détritus humain, je trouve cela absurde et abjecte », juge-t-il.
« C’est un acte pornographique. La France s’est humiliée en isolant Monsieur Mamoudou Gassama du reste des exilés ». Invité de BFMTV ce 7 juin à l’occasion de la sortie de son documentaire Re Calais, sur les migrants du nord de la France qui attendent de pouvoir rejoindre l’Angleterre, Yann Moix est revenu sur la naturalisation du héros sans-papiers Mamoudou Gassama.
Ce dernier, qui s’est rendu célèbre en escaladant un immeuble sur quatre étages afin de sauver un enfant suspendu dans le vide, bénéficie désormais de papiers français ainsi que de l’assurance de pouvoir travailler auprès des sapeurs-pompiers de Paris. Alors que l’Etat français, Emmanuel Macron en première loge, a décidé de le récompenser par cette naturalisation – une forme de « pornographie », donc, pour Yann Moix – certains élèvent la voix pour dénoncer en parallèle le traitement des migrants « lambda », tous ces invisibles qui ne se sont pas distingués par un acte d’héroïsme.
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« Ça s’appelle du post-colonialisme »
L’écrivain et réalisateur est d’abord revenu sur le parcours de ce Malien sans-papier, parcours selon lui beaucoup plus héroïque et dangereux que sa désormais célèbre escalade d’un immeuble : « L’héroïsme de Mamoudou Gassama n’est pas d’avoir sauvé un enfant d’un immeuble du 4ème étage, son héroïsme est d’avoir traversé le désert libyen, de s’être fait supplicié dans des geôles à ciel ouvert en Libye, d’avoir traversé la Méditerranée … ». Pour lui, Mamoudou Gassama mérite donc une naturalisation française autant que les autres exilés. S’il rappelle que « Mamoudou Gassama est un homme extraordinaire », il insiste sur le fait que « tous les autres le sont potentiellement ». Le chroniqueur de l’émission On n’est pas couché va plus loin, qualifiant la décision d’Emmanuel Macron de « post-colonialiste ». « C’est comme dans les colonies : quand le négrillon allait sauver un blanc, alors il était digne … ». Et de conclure : « Distinguer d’un côté le héros (…) et de l’autre le détritus humain, je trouve cela absurde et abject »…
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