— Par Jean-Marie Nol, économiste et chroniqueur —
D’aucuns parmi les hommes et femmes politiques de la Guadeloupe prônent une fusion du département et de la région. L’Assemblée départementale a-t-elle l’intention de se saborder ? Certains de ses membres semblent en effet penser que leur institution n’a pas assez de levier de décision et que c’est à la région que les choses véritables se passent vu la prédominance de l’économie sur le social. A notre sens c’est une grossière erreur de jugement. Ce ne serait pas gravissime s’ils avaient l’intention d’en rétrocéder une partie au peuple dont ils tirent leur légitimité, mais ce n’est pas le cas : ils estiment nécessaire, bien au contraire, d’en donner davantage aux institutions politiques Issues d’un régime d’autonomie.
Disons le tout net, ce ne serait pas tragique, toutefois, si l’abaissement auquel ils consentent ne concernait que les institutions politiques de la Guadeloupe. Il faut cependant constater qu’il va bien au-delà, puisqu’ils concernent essentiellement des problématiques d’ordre financières et économiques.
Le nouveau Premier ministre Gabriel Attal promet « de l’action » et « des résultats ». Il est d’ores et déjà très attendu sur les questions économiques et sociale en ce début d’année marqué par les négociations salariales et un nombre de faillites d’entreprises au plus haut depuis six ans. Difficile, difficile, difficile pour le gouvernement et Emmanuel Macron d’avoir la main sur la gestion de la crise ouverte par les agriculteurs qui en fait sous couvert de trop de normes veulent des gros sous. Mais où les prendre les sous sachant qu’il faudra trouver au bas mot près de 15 milliards d’économies sur le budget de l’État. Oui sans conteste, tout ce climat délétère en France depuis des années va bien finir par se terminer en alerte rouge de tempête économique et sociale pour Emmanuel Macron et son successeur…Quelles sont les raisons de la Colère des agriculteurs en France et dans les autres pays européens ? Se dirige-t-on vers une agrégation des colères ? Dans ce contexte, un débat est relancé : celui de la fiscalité des plus riches. Selon un rapport d’Oxfam publié ce lundi, les cinq hommes les plus riches du monde ont doublé leur fortune depuis 2020, alors qu’à l’inverse, la fortune cumulée de cinq milliards de Terriens a baissé. À l’échelle française, sur le même calcul, les quatre milliardaires français les plus riches et leurs familles ont vu leur fortune augmenter de 87 % depuis 2020, là où la richesse cumulée de 90 % des Français a baissé.À six mois des européennes, l’UE est face à une poussée de l’extrême droite. Quelles sont les motivations du vote populiste nationaliste dans beaucoup de pays du monde ?
Nul doute que nous sommes bien en présence d’une mutation de la société, alors il semble tout de même qu’avec le temps il arrive que les anciennes horloges se détraquent et que les rouages bien huilés se grippent, et pari est pris que personne ne pourra contrôler les évènements à venir… Tout sera une question de temps, et le sablier sera vraisemblablement déclenché en 2027, alors bon courage aux prétendants à la succession de Emmanuel Macron !
Et la plupart des économistes partagent le même diagnostic pessimiste : nous sommes bien entrain de vivre une crise structurelle et pour cause les véritables carburants d’une croissance durable sont en panne, ainsi la consommation est en décroissance et l’investissement demeurera notablement insuffisant dans les prochaines années. L’incertitude porte donc sur l’attitude à venir des entreprises déjà très endettées avec les PGE. Vont-elles pouvoir lâcher un peu de lest sur les salaires pour répondre à la crise inflationniste ? Vont-elles accélerer le mouvement d’embauche ou au contraire licencier massivement avec la digitalisation, la robotisation et l’intelligence artificielle ?
Il faudrait au moins une croissance de 4% pour relancer la machine à créer des richesses comme au moment des années dites des 30 glorieuses et diminuer le montant des déficits et surtout de la dette. Quant à enfin espérer parvenir au plein emploi, une promesse de Emmanuel Macron cela semble relever de la quadrature du cercle.
La bataille politique autour des classes moyennes semble relancée alors que cet électorat, marqué par des questions de baisse de pouvoir d’achat et de déclassement social, est de plus en plus tenté par l’abstention ou le vote populiste. Dernièrement, Gabriel Attal, disait vouloir « bâtir un plan Marshall pour les classes moyennes » pour leur permettre de « mieux vivre » de leur travail. Désormais à Matignon, quelle politique souhaite-t-il mener, alors que les caisses sont vides et que le pays vit à crédit ?
Les choses risquent d’être beaucoup plus compliquées que prévu pour le pouvoir central, car le monde est appelé à changer à une cadence soutenue ( la sociologie ) et à une vitesse folle (la géopolitique) ainsi qu’à un rythme sans précédent( le numérique, la robotisation et l’intelligence artificielle ) depuis le déploiement de la presse à imprimer il y a six siècles. La technologie de l’IA apporte des avantages majeurs dans de nombreux domaines, mais sans garde-fous éthiques, elle risque de précipiter les crises et de reproduire les préjugés et les discriminations du monde réel, d’alimenter les divisions de classe, d’exacerber la xénophobie, et de menacer le droit de propriété ainsi que les droits de l’homme et les libertés fondamentales. Pour la Guadeloupe » nou pwi adan on chiklet « , car dès l’origine, les intérêts économiques de la France ont toujours dominé la sphère politique en Guadeloupe et ont façonné la sociologie du pays à travers diverses strates de population au gré des changements de modèle.
En effet, depuis le début de la circulation des hommes dans les îles de la zone Caraïbes, ils ont toujours cherché à exploiter les richesses de la Guadeloupe. Ces ressources étaient respectivement la pêche aux coquillages, la chasse, et la culture du tabac et manioc par les Amérindiens, puis l’exploitation de salines, l’élevage de racoons pour la fourrure, la chasse aux lamantins et baleines par les vikings. Puis les premiers colons européens ( les espagnols, les anglais ) ont entrepris d’exploiter le bois précieux des forêts pour la fabrication de meubles de valeur pour les nobles et bourgeois en Europe. Plus tard, on trouve les français et néerlandais pour la culture de la canne, de l’indigo, du coton, du tabac, du café, du cacao, et la fabrication de sucre et de rhum. C’est la volonté de captation de ces richesses qui ont naguère provoqué les guerres intestines européenne et l’extermination des Amérindiens. Demain avec l’exploitation prévisible à la fin de la décennie des ressources minières prometteuses de nos fonds sous – marins cela risque d’être bis repetita…pa konet mové !!!
Ne nous y trompons pas les investissements de plusieurs centaines de millions d’euros réalisés dans les ports autonomes de Guadeloupe et Martinique n’ont nullement les objectifs avancés par les autorités mais cachent autre chose…motus et bouche cousue !
En foi de quoi, toute cette palinodie et ce faux semblant de nos hommes politiques ne doivent pas faire illusion sur les conséquences prévisibles de cette mutation de nature à cristalliser les colères, à savoir d’une part l’apparition de révoltes et jacqueries de plus en plus nombreuses à l’image des gilets jaunes et agriculteurs, et d’autre part l’émergence de régimes autoritaires, de poches conflictuelles autour de sujets de société comme l’immigration et la GPA, de fermants de guerre civile au sein de la société Française et Antillaise.