Disparu mercredi à l’âge de 90 ans, Dario Fo, écrivain et dramaturge italien, prix Nobel de littérature en 1997, était l’un des auteurs italiens les plus novateurs et un homme de théâtre anticonformiste que l’obtention des plus prestigieuses distinctions n’avait pas assagi.
Anticonformiste, à l’écoute de son époque, Dario Fo, né le 24 mars 1926 à Sangiano, près de Varèse, en Lombardie, était l’un des dramaturges italiens les plus joués dans le monde avec Carlo Goldoni (1707-1793).
Il avait gagné une notoriété internationale en 1969 avec « Le mystère Bouffe » (« Mistero buffo »), une épopée des opprimés inspirée de la culture médiévale dont le héros, un jongleur, enseigne la révolte par le rire.
En rebellion contre les puissants, les hypocrites, la morale cléricale
En France, outre « Le Mystère Bouffe », Dario Fo était connu pour les pièces « Faut pas payer » ou « Histoire du tigre et autres histoires ». Également auteur de « Mort accidentelle d’un anarchiste », « La marijuana de maman est la meilleure », « Couple libre » ou « Faut pas payer ! », Dario Fo, bateleur à la langue inventive, appelait à la rébellion contre les puissants et les hypocrites.
Également anticlérical, il est parti en guerre contre la morale imposée par le Vatican en Italie dans « Le pape et la sorcière ».
Un extrait de la pièce « Mort accidentelle d’un anarchiste » diffusé à la télévision française le 28 avril 1983 (présentation : Bernard Langlois)
Une pièce anti-berlusconi censurée
En 2003, sa farce « L’Anormal bicéphale » contre Silvio Berlusconi, alors chef du gouvernement, s’est jouée à guichets fermés mais a été censurée à la télévision à la suite d’une plainte de l’entourage du leader politique. Engagé politiquement à l’extrême-gauche, candidat à la mairie de Milan en 2001, Dario Fo a eu d’innombrables démêlés avec la justice de son pays et avec l’extrême-droite et a dû attendre 1977 pour que ses pièces passent à la télévision.
Connu pour ses fous rires, son physique enveloppé, ses dents de lapin et son mode de vie simple, Dario Fo était devenu en 1997 le sixième Nobel de littérature italien, rejoignant un autre grand auteur de théâtre, Luigi Pirandello (1934). Le jury de Stockholm l’avait distingué pour avoir « dans la tradition des bateleurs médiévaux, fustigé le pouvoir et restauré la dignité des humiliés ».
Ce choix hors des sentiers battus avait alors suscité une polémique mais pour l’écrivain italien Stefano Benni, il était « juste, parce que la littérature ce n’est pas seulement écrire des livres mais aussi communiquer par la parole »…
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