— Par Jean-Marie Nol, économiste —
Lors des récentes élections européennes en Guadeloupe, le verdict des urnes a de fortes chances de révéler une montée significative du populisme d’extrême droite, mettant en lumière une division de plus en plus profonde au sein de la société guadeloupéenne. Cette tendance inquiétante soulève des questions cruciales sur les causes de cette poussée et sur la réaction nécessaire pour y faire face.
D’un côté de l’orientation prévisible des votes , nous observons une Guadeloupe représentant une certaine élite connectée à la diversité mondiale, à l’ouverture sur le monde et aux valeurs de tolérance et d’inclusion,de l’autre, une Guadeloupe en souffrance, voire en colère marquée par la mutation sociétale et tentée par les idéaux propagés par les populistes de droite et de gauche . Cette division, exacerbée par la montée de la vie chère et de la persistance du chômage , constitue un défi majeur pour le vivre ensemble .La notion de « fracture sociale » résonne depuis des années en France, et même au delà en outre-mer reflétant les répercussions de la mondialisation et les menaces de la quatrième révolution industrielle de l’automatisation et de l’intelligence artificielle . Malgré une augmentation significative des dépenses sociales, la pauvreté persiste et les inégalités se creusent. Cette réalité trouve écho en Guadeloupe , où les solutions traditionnelles ont échoué à régler les problèmes sociétaux et sociaux croissants.
La déconnexion entre les élites politiques et la société civile alimente cette fracture, laissant la braise de l’inquiétude brûler sous la surface.
Le monde se trouve à un carrefour critique, et la Guadeloupe n’échappe pas à un risque de chaos économique et financier. Le véritable enjeu est le fort risque de l’assèchement de la trésorerie des finances publiques.
Les menaces d’une troisième guerre mondiale, du changement climatique , de l’intelligence artificielle et de la crise financière de la problématique de la dette sont réelles et doivent être prises au sérieux. Chacune de ces menaces nécessite une approche concertée et proactive pour éviter des conséquences désastreuses. Avec l’évolution rapide de la technologie et de l’intelligence artificielle, de nouvelles questions se posent quant à l’impact sur la société, le travail et l’économie dans les îles de Guadeloupe . Les politiques locaux peinent à maîtriser la règle du jeu, conduisant à une décrédibilisation de la politique locale .
Dans ce contexte, le vote protestataire, en faveur de l’extrême droite ou de la gauche radicale, gagne du terrain, reflétant les difficultés sociales persistantes. En Guadeloupe , le chômage élevé , l’inflation galopante et l’insécurité alimentent le mécontentement, propulsant le thème de l’identité et la question migratoire au premier plan. Cependant, en parallèle, émerge un mouvement populiste d’extrême droite qui semble gagner du terrain élections après élections , attirant un soutien croissant parmi une partie de la population guadeloupéenne. Cette montée du populisme d’extrême droite souligne une fracture sociale et politique de plus en plus profonde au sein de la société guadeloupéenne. Les partisans de ce mouvement expriment souvent des préoccupations concernant l’immigration, l’identité culturelle, l’économie ainsi que le besoin au retour à l’ordre et de la sécurité, des thèmes exploités pour susciter la peur, la méfiance et le ressentiment.
Face à cette montée en puissance inquiétante, il est crucial de ne pas rester indifférent aux causes sous-jacentes de ce phénomène. Il est impératif d’analyser en profondeur les facteurs socio-économiques, culturels et politiques qui alimentent ce populisme d’extrême droite en Guadeloupe, afin de mieux comprendre les dynamiques en jeu et de proposer des solutions efficaces pour faire face à cette montée en puissance . Il est donc crucial de comprendre les valeurs sous-jacentes à l’idéologie de l’extrême droite, et de proposer des solutions qui répondent aux défis contemporains tout en préservant les acquis sociaux et en favorisant l’inclusion sociale. En somme , la montée de l’extrême droite en Guadeloupe est le résultat de facteurs multiples, allant de la mort des idéologies de gauche à la crise économique et sociale, de l’insécurité grandissante et puis à la crise identitaire en passant par les flux migratoires en provenance de la région de la grande Caraïbe . Pour contrer efficacement cette tendance, il est nécessaire de s’engager dans une lutte idéologique et politique avec une nouvelle vision de long terme de la départementalisation revisitée à l’aune de la mutation sociétale , tout en promouvant un nouveau modèle économique et social qui réponde aux besoins et aux aspirations de la population guadeloupéenne. En effet, c’est le socle de la cohésion sociale de la Guadeloupe qui est directement menacé de désintégration. Le début du XXIe siècle a vu émerger des menaces globales qui pourraient redéfinir le destin de l’humanité. Parmi ces menaces, la possibilité d’une troisième guerre mondiale, le changement climatique , l’essor de l’intelligence artificielle (IA) sont souvent évoqués. Et il convient d’y ajouter la crise de la dette que nous avons déjà largement abordé dans nos différentes tribunes, aussi nous n’y reviendrons pas dans l’immédiat de notre réflexion approfondie. Chacune de ces menaces présente des défis uniques et redoutables. En réalité, la décennie actuelle sera sous haute tension, d’où notre appel réitéré à la plus grande prudence quand à la manière de procéder concernant le changement de nos institutions, quitte à ne pas prendre le risque inconsidéré que la Guadeloupe ,tout au moins dans un proche avenir, sorte du droit commun de l’article 73 de la constitution. Plongeons dans l’analyse de ces dangers potentiels qui pourraient façonner négativement notre décennie.
1)La Menace d’une Troisième Guerre Mondiale
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le monde a connu des périodes de tension, mais aucune n’a atteint le seuil d’un conflit mondial majeur. Cependant, les récentes rivalités géopolitiques entre grandes puissances, notamment les États-Unis, la Chine et la Russie, ont ravivé les craintes d’un affrontement global. La montée en puissance de la Chine et la réassertion de la Russie sur la scène internationale avec le conflit avec l’Ukraine ont créé un environnement de compétition féroce entre l’occident et le Sud global. Les conflits territoriaux en mer de Chine méridionale, la crise ukrainienne et les tensions croissantes sur la péninsule coréenne sont autant de points chauds pouvant déclencher une escalade militaire. En outre, la prolifération nucléaire et le développement d’armes hypersoniques ajoutent une dimension inquiétante à ces tensions.Les conséquences d’une troisième guerre mondiale seraient catastrophiques, tant sur le plan humain qu’environnemental. L’usage d’armes de destruction massive pourrait entraîner des pertes humaines massives et des destructions sans précédent, mettant en péril l’existence même de notre civilisation.
2) Le Changement Climatique : Une menace à moyen-long Terme
Le changement climatique est une réalité indéniable qui affecte déjà notre planète. Les émissions de gaz à effet de serre, principalement dues à l’activité humaine, ont entraîné une augmentation des températures mondiales, provoquant des dérèglements climatiques aux conséquences dévastatrices.Les événements météorologiques extrêmes, tels que les ouragans, les sécheresses et les inondations, deviennent de plus en plus fréquents et intenses. La fonte des glaciers et la montée des niveaux des mers menacent des millions de personnes vivant dans des zones côtières. Les écosystèmes sont également en danger, avec des espèces animales et végétales risquant l’extinction.Le changement climatique pose également des défis socio-économiques. Les pénuries d’eau, la diminution des rendements agricoles et les déplacements de populations exacerbent les tensions et peuvent conduire à des flux migratoires très importants et des conflits pour les ressources. La transition vers une économie durable est nécessaire, mais elle nécessite des efforts coordonnés à l’échelle mondiale, ce qui est souvent difficile à réaliser.
3) L’Intelligence Artificielle : Une épée à double tranchant
L’essor de l’intelligence artificielle (IA) est l’une des avancées technologiques les plus significatives de notre époque. Cependant, elle suscite aussi des inquiétudes majeures. L’IA a le potentiel de transformer radicalement nos sociétés, mais elle peut également représenter une menace existentielle si elle n’est pas correctement maîtrisée.Les avantages de l’IA sont nombreux : amélioration des diagnostics médicaux, optimisation des chaînes logistiques, développement de véhicules autonomes, et bien plus. Cependant, l’IA pose des questions éthiques et sécuritaires complexes. L’automatisation massive pourrait entraîner des pertes d’emplois considérables, exacerbant les inégalités sociales. De plus, l’utilisation de l’IA dans les armes autonomes pourrait transformer la nature de la guerre, rendant les conflits plus rapides et plus destructeurs.L’une des préoccupations majeures est la possibilité que des IA superintelligentes échappent au contrôle humain. Des experts comme le chef d’entreprise milliardaire Elon Musk et le scientifique Stephen Hawking ont mis en garde contre les dangers potentiels de l’IA, suggérant qu’elle pourrait devenir une menace pour l’humanité si elle n’est pas développée de manière sécurisée et éthique.
L’intelligence artificielle (IA) va bouleverser les fondements économiques et sociaux de la Guadeloupe, menaçant directement le modèle de départementalisation instauré depuis 1946. Cette transformation technologique, bien que porteuse de promesses de productivité et d’innovation, soulève de profondes inquiétudes quant à l’avenir des emplois et des mécanismes de financement du modèle social guadeloupéen. Pourtant, ce débat crucial reste largement sous-estimé et peu discuté dans l’espace public.La pénétration de l’IA sera beaucoup plus rapide qu’on ne le croit en Guadeloupe. En effet, L’IA s’impose déjà rapidement en France hexagonale, modifiant en profondeur l’organisation du travail dans de nombreux secteurs. Les activités répétitives sont déjà prises en charge par des robots et des logiciels d’IA, affectant ainsi l’industrie et le commerce. Le secteur tertiaire, particulièrement développé depuis la départementalisation, n’échappe pas à cette vague d’automatisation. Les services bancaires, l’assurance, la comptabilité et les professions juridiques , le secteur de la santé voient leurs tâches traditionnelles de plus en plus déléguées à des machines intelligentes.Cette évolution technologique, bien que bénéfique en termes de productivité, entraîne une précarisation de l’emploi.
Face à cette réalité de changement potentiellement destructrice , la participation citoyenne à l’élaboration d’un nouveau modèle économique et social devient essentielle pour assurer le bon fonctionnement de la société Guadeloupéenne . La construction d’une vision commune, inclusive et adaptée aux défis du XXIe siècle, est nécessaire pour surmonter les divisions et bâtir un avenir meilleur pour tous. Mais cela nécessitera vision, courage , sacrifices et engagement de la part de tous les acteurs impliqués dans la vie économique compte tenu des interactions entre politique et économie.
Les défis posés par la montée du populisme d’extrême droite en Guadeloupe nécessitent une réponse collective et engagée de la part des autorités, des médias, de la société civile et de la population dans son ensemble. Il est essentiel de promouvoir le dialogue, la compréhension mutuelle, le respect des droits de l’homme et la défense des valeurs démocratiques afin de contrer efficacement cette menace pour la cohésion sociale et la stabilité politique de la Guadeloupe.
En somme , la montée du populisme d’extrême droite en Guadeloupe met en évidence l’urgence de s’attaquer aux racines de ce phénomène et de promouvoir un discours inclusif sur le changement des institutions , respectueux de la diversité et fondé sur des valeurs de solidarité et de tolérance. Il est temps d’agir collectivement pour préserver l’unité et la paix au sein de la société guadeloupéenne face à cette montée du radicalisme politique.
Jean-Marie Nol économiste