— Par Théophile Marcel Héraclide, Président de l’UTAC-M (Union Territoriale des Anciens Combattants de la Martinique) —
Le 11 novembre célèbre à la fois l’Armistice du 11 novembre 1918, la Commémoration de la victoire et de la Paix et l’Hommage à tous les morts pour la France.
En effet, c’est donc la reconnaissance du pays tout entier à l’égard de l’ensemble des Morts tombés pendant et depuis la Grande Guerre qui s’exprime aujourd’hui, avec une attention particulière pour les derniers d’entre eux, morts notamment en opérations extérieures.
Nous avons un devoir de mémoire pour tous ceux qui ont subi la première guerre mondiale : les soldats, les hommes et les femmes de tous les pays qui ont participé d’un côté comme de l’autre. Cette lutte a été un traumatisme humain, social, aux niveaux national et international.
Ces quatre années de sacrifices, de souffrances, mais aussi de courage et de détermination se soldent par un bilan inimaginable.
Des deux côtés on déplore des millions de morts, des millions de blessés dans leur corps et dans leur âme.
Des centaines de milliers de veuves et d’orphelins.
Nous sommes tous, les descendants de ces hommes et ces femmes qui ont combattu, souvent au péril de leur vie, pour sauver notre pays.
Nous leur devons une éternelle reconnaissance pour nous avoir offert ce monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. Ils se sont battus pour notre liberté et toutes les libertés.
Ils se sont battus pour un idéal de paix, de liberté et de fraternité. Ils sont morts pour la France.
Donc, je disais que cette journée est celle de l’hommage au courage et aux sacrifices de tous.
Les monuments aux Morts érigés dans chaque ville, dans chaque commune, dans chaque village de France rappellent le souvenir de nos valeureux aînés tombés au Champ d’Honneur.
L’ARMISTICE, cette décision issues de négociations politiques, fut signé le 11 novembre 1918 et mit un terme à la Première Guerre mondiale.
Malgré l’étendue des destructions, le soulagement fut immense et la joie s’empara de chaque commune de France.
Des dates comme celle d’aujourd’hui sont des ponts qui relient le passé, à l’avenir, pour montrer à nos jeunes les vraies valeurs, de courage, d’humanité, de liberté. Mais, l’horizon s’est obscurcit, le tumulte de la violence et de la barbarie dicte sa loi à un monde angoissé.
Du coup, la tâche apparaît aussi vaste aujourd’hui qu’hier. A certains égards, elle semble même plus ardue.
Au lendemain des conflits qui ensanglantèrent le XXe siècle, nos jeunes crurent pouvoir enfin devenir des citoyens du monde.
Ils espéraient faire de la planète un grand village, mais cette planète semble, en réalité, se transformer peu à peu en chaos.
A l’heure ou le génie de l’esprit humain permet d’envisager la conquête de la planète Mars, comment ne pas être saisi d’effroi devant le fait qu’une barbarie d’un autre âge continue de frapper à nos portes ?
Un climat de concorde
A un moment où le terrorisme instrumentalise la religion, rien ne serait pire que de céder à la tentation de l’amalgame, de désigner des boucs émissaires et de prendre la partie pour le tout.
En revanche, il est temps, dans le climat d’affrontement sur lequel de tels actes peuvent déboucher, de rappeler que l’organisation laïque de notre société est la seule qui soit susceptible de porter un climat de concorde dont la République a besoin pour terrasser le terrorisme, d’où qu’il vienne.
Nos soldats oeuvrent pour la préservation de ces valeurs et je voudrais également que nous leur rendions hommage, car nous ne pouvons passer sous silence le courage des soldats d’aujourd’hui. Ils se battent pour la France, ils se battent comme nos aînés se sont battus pour les mêmes valeurs. Comme ceux d’hier, ils risquent leur vie, au nom de la liberté, au nom de la démocratie dans le monde et sur notre territoire.
Des centaines de soldats sont actifs ou prêts à l’être pour notre sécurité. Certains perdent la vie, cette année encore, nous avons déploré des morts parmi eux sur différents théâtres d’opération (Afghanistan, Tchad, Mali, Centre Afrique, Liban, Cote d’Ivoire, Syrie, Libye, etc, etc) et je voudrais associer ces familles endeuillées à cet hommage. Pensons aussi fortement à eux.
A tous ceux dont le nom figure sur une stèle et à qui la famille ne peut plus parler que devant ces lettres d’or, nous rendons hommage pour leur bravoure, leur sacrifice au nom de la France et de l’humanité toute entière.
Notre action doit être permanente, car comme l’a dit John Fitzgerald Kennedy
« Ne nous reposons pas sur nos acquis, mais efforçons-nous de construire la paix, de vouloir que la paix soit dans le coeur et dans l’esprit de chacun. »
La connaissance du passé est nécessaire à la construction de notre avenir. Il nous faut toujours, rester vigilant pour traquer les idées, les propos, les signes avantcoureurs de la résurgence de la bête qui peut sommeiller en chacun de nous.
Pour que ce voeu ait toutes les chances de s’accomplir, c’est désormais à cette génération montante de reprendre le flambeau, d’entretenir cette mémoire et de se battre pour construire un monde plus fraternel, plus humain.
Rappelons-nous sans cesse que l’ouverture à l’autre et à sa différence est une source de richesse et non de haine et de conflit.
Il s’agit de montrer que la civilisation des droits de l’homme et des libertés, par la dimension émancipatrice qui la fonde, par la démultiplication des droits qu’elle promeut, est en mesure de vaincre ses ennemis à condition toutefois de renoncer au syndrome de la haine de l’autre.
En ce jour du 11 novembre, rendons hommage à l’ensemble des morts pour la France. A ceux tombés lors de la Grande Guerre, à notre compatriote Ducosais Valentin Lindor, dernier poilu Martiniquais de la Seconde Guerre mondiale, à ceux tombés lors des guerres de décolonisation, à ceux tombés hier et aujourd’hui, lors de nos opérations extérieures partout dans le monde.
Soyons vigilants
Pensons, à nos soldats des tranchées en 14/18, et aussi à ceux de la bataille de France en 1940, à ceux de la reconquête de notre pays occupé en 44/45 et n’oublions pas les résistants qui ont luttés contre la barbarie nazie.
Rendons également hommage à Marcel Pinte dit Quinquin mort pour la France le 19 août 1944 à Aix-sur Vienne (Haute Vienne), à l’âge de 6 ans 4 mois et 6 jours considéré comme le plus jeune résistant de France. Après des années d’oubli, l’histoire vient de le réhabiliter. En effet, le 16 octobre 2018, l’Office national des Anciens Combattants de Caen reconnaît enfin, de manière officielle que Marcel Pinte, appartenant à la Résistance intérieure Française est bien « mort pour la France ».
Pensons aussi à nos frères d’armes en Indochine et en Algérie, à nos soldats en OPEX (NDLR : opérations militaires extérieures de la France) et nos militaires des forces spéciales qui n’hésitent pas à se sacrifier pour sauver des otages.
Ayons une pensée pour le lieutenant-colonel de Gendarmerie Arnaud Beltrame qui fit don de sa vie pour en sauver une autre. Ayons une pensée pour Samuel Paty enseignant d’histoiregéographie qui le 16 octobre 2020 dans les rues de Conflans-SainteHonorine a été décapité, massacré de la plus barbare, de la plus archaïque façon pour avoir illustré un cours sur la liberté d’expression en s’employant à exalter la force de la pensée.
Cette année 2020 est aussi celle des commémorations consacrées à Charles de Gaulle.
Personne ne peut être insensible à l’œuvre du « Général ». On peut évidemment avoir des avis différents à son sujet, surtout après son retour au pouvoir en 1958, mais il est incontestable que son rôle pendant la Deuxième Guerre mondiale a été déterminant pour la France.
En juin dernier on fêtait les 80 ans de son appel, et en ce mois de novembre son anniversaire de naissance en 1890, et le cinquantenaire de son décès en 1970. Soyons vigilants, Mesdames et Messieurs, le sentiment prévaut que la déraison peut à nouveau l’emporter sur le dialogue raisonnable.
Aujourd’hui, la nation reconnaissante rend hommage et perpétue l’indispensable Mémoire.
Théophile Marcel HERACLIDE Président de l’UTAC-M (Union Territoriale des Anciens Combattants de la Martinique)