— Par Jean Abaul, Alain Limery, Robert Saé —
A l’approche des échéances électorales, chacun de nous doit être conscient de la responsabilité personnelle qui lui échoit. Est-il imaginable que nous puissions par notre vote, continuer à avaliser des orientations politiques et des candidatures qui, se cachant derrière des considérations budgétaires fallacieuses et brandissant l’étendard de l’austérité, pour accroitre les profits des banques, des multinationales et des spéculateurs, piétinent les acquis sociaux des travailleurs, bafouent leur simple droit à la vie ? Toute « prospérité » économique qui sème sciemment misère et détresse au sein des populations est éthiquement inacceptable et relève du crime contre l’humanité.
Allons-nous cautionner la folie du productivisme, du consumérisme et de la compétitivité ou, au contraire, conscients des menaces et des dangers qu’ils entrainent, rallierons-nous le camp des peuples qui luttent contre ces fléaux ? Allons-nous alimenter les virus de la xénophobie et du « chacun pour soi » ou serons-nous de la famille des humains qui, communiant avec les exploités, les opprimés, les discriminés, s’engagent dans la construction d’un monde d’équité et de partage ?
Nous sommes à l’heure d’un affrontement global et décisif entre deux systèmes, entre deux civilisations, entre deux mondes. Cela nous commande d’aller au-delà des analyses superficielles et de dissiper tous les brouillards qui obscurcissent notre avenir.
Il s’agit bien de combattre l’illusion que notre développement puisse dépendre du rattachement à un « grand ensemble » impérialiste et libéral. Donald TRUMP, en s’attaquant aux immigrés – même en situation régulière et installés depuis plusieurs générations -, en balayant d’un revers de main des accords internationaux signés après des dizaines d’années de négociation, a définitivement fait la preuve que les « aventuristes » sont ceux qui nous appellent à rester ancrés dans la dépendance. Plus que jamais, nous devons nous ancrer dans nos convictions anticolonialistes et anti-libérales. Signer des « contrats de gestion » avec les mordus du libéralisme et proclamer des moratoires sur la question institutionnelle, cela relève de l’opportunisme ou de l’aveuglement.
Il s’agit aussi de démystifier l’argument selon lequel « avoir des amis là-bas » ou « faire partie d’une formation politique nationale (Française) » serait une garantie pour que les demandes des Martiniquais soient entendues. Comme si nos « conseilleurs » étaient pris en compte dans les tractations entre les dirigeants politiques français et pesaient face à la défense des intérêts de la métropole coloniale. Comme s’ils ne savaient pas que ce sont les lobbies au service des banques et des multinationales ainsi que les intégristes néolibéraux dirigeant les institutions Européennes qui imposent leur loi. Comme si un seul des « papas » de l’autre bord, qui se sont relayés, acras à la bouche, « ti punch » à la main, pour nous assurer de leur « amour » et à qui les relais locaux nous ont sans cesse conseillé de confier nos destinées, a jamais porté l’amorce d’un début de solution à nos problèmes fondamentaux.
En vérité, la balle est dans notre camp et il appartient à chacun et à chacune d’entre nous de choisir entre deux orientations :
La première appelle à remettre son destin entre les mains de messies politiques, à se cantonner à la sempiternelle bataille pour l’alternance de la « gouvernance » au sein des institutions contrôlées par le système dominant. C’est en son nom qu’on attise les divisions au sein du peuple en diabolisant outrancièrement tous ceux qui font obstacle à la réalisation des ambitions électoralistes.
La seconde, au contraire, nous demande d’exprimer notre volonté de changer le système en profondeur, d’appuyer ceux qui sont explicitement porteurs de l’alternative sur les plans théorique, politique et pratique. C’est l’orientation qui nous invite à nous engager personnellement dans l’action citoyenne, à consolider entre nous l’union et les solidarités, à construire des alternatives politiques populaires. C’est, en tout cas, ce choix qu’ont fait les militants et les militantes du CNCP. C’est celui qui, de notre point de vue, permettra que nous portions notre contribution, en tant que peuple, à la survie de la planète et de l’humanité.
Jean ABAUL, Alain LIMERY, Robert SAE